Il y a deux ans de cela, je couvre en direct les annonces de PlayStation ayant lieu dans le cadre d'un événement non retransmis dédié aux jeux vidéo indépendants. Parmi eux figurent un titre qui sort du lot par son univers mais aussi par les mots employés par son créateur pour le décrire. Aujourd'hui, j'ai pu le tester lors d'une première aventure. Et le ressenti que j'ai n'a plus rien à voir avec celui que j'ai pu avoir la première fois.
Même son développeur n'arrive pas à le définir
Animal Well a été présenté pour la première fois en février 2022. C’est à l’occasion d’un événement organisé par Sony et PlayStation concernant les jeux indépendants à venir sur leur système que l’on a pu découvrir ce metroidvania en pixel-art à l’univers pittoresque. Un titre qui a été développé par les mains d’un seul homme : Billy Basso. Dans la foulée de cette présentation, le papa du jeu est revenu plus en profondeur sur sa production. À l’époque, lui-même déclarait qu’il était difficile de décrire Animal Well
Ce jeu procure les effets visuels d’un survival-horror, mais ce n’est pas un jeu d’épouvante. Il contient des casse-têtes et de la plateforme, sans pour autant être un jeu de plateforme et de réflexion.
Cela étant dit, il était déjà certain de proposer un challenge de taille à ceux qui le souhaitait avec un jeu structuré en quatre couches de difficulté distinctes. Les deux premières s’adressent alors aux joueurs “classiques”, composés entre les amateurs de 100% et ceux voulant juste voir les crédits de fin. En ce qui concerne les deux autres, c’est tout autre chose : Billy Basso lui-même met alors au défi la communauté de trouver des secrets que lui seul connaît.
La direction artistique particulière, l’impossibilité de décrire le jeu pour son créateur ou encore la multitude de secrets à découvrir contribuent à l’aura mystérieuse d’Animal Well. En tant qu’amateur de metroidvania, c’est donc avec une certaine appréhension que j’ai mis les mains dedans.
Un gameplay connu revisité !
Pour autant, Animal Well reprend les mécaniques classiques des jeux de plateformes du genre. Il s’agit d’explorer un univers prédéfini, découpé en zones elles-mêmes interconnectées. Certains endroits demandent néanmoins des capacités spéciales pour être explorées, ces capacités spéciales étant débloquées au fil de l’aventure. C’est de cette manière que le jeu s’ouvre au fil des heures, avec la sensation (recherchée par les développeurs) de surprise une fois un nouveau passage découvert.
En ce sens, Animal Well souffle le chaud et le froid. Lors de mon aventure principale (un peu moins de huit heures), le level design ne m’a pas particulièrement marqué. Il y a quelques raccourcis à déclencher qui permettent de faciliter l’exploration, mais on reste loin d’une carte interconnectée. Les quatre zones à parcourir sont séparées : impossible de tomber sur la zone de l’hippocampe par un passage détourné de celle du caméléon par exemple. Pour autant, tout n’est pas à jeter comme vous vous en doutez. Ce que j’ai aimé, c’est la manière dont notre personnage (une espèce de poux que l’on appellera Géraldine dans cet article) utilise les outils à disposition pour parcourir le monde qui l’entoure. À la différence de metroidvania aux mécaniques plus classiques (ruée, double saut, s’accrocher, saut mural…) Animal Well utilise des objets de tous les jours pour la résolution d’énigmes. Les cinq objets à récupérer ont chacun plusieurs utilités. Les découvrir pas à pas permet de rendre l’aventure passionnante ! Le pistolet à bulles permet de grimper sur les bulles, pour pouvoir atteindre des endroits en hauteur. À l’inverse, rester sur une bulle provoque sa chute à cause du poids de Geraldine : idéal pour atteindre des destinations en contrebas.
C’est à travers ces énigmes qu’Animal Well constitue une véritable pépite. Il y a un total de 64 œufs à récupérer dans le jeu, tous disséminés derrière des casse-tête. J’en ai trouvé seulement 30% malgré mes efforts non dissimulés d’explorer chaque recoin. Il faut dire que certaines séquences de plateformes sont ardues et irritent par moment. Mention spéciale à celle de la poursuite, exigeante mais à l’atmosphère unique.
Un jeu spécial, à coup sûr
Animal Well est un jeu vidéo qui sort du commun. Il reprend les fondations du jeu d’exploration et de plateformes en deux dimensions pour mieux s’en éloigner avec un gameplay qui force à utiliser ses méninges. Une recette qui marche d’autant qu’elle est assaisonnée d’un univers prenant. On tombe vite dans un puits à animaux (traduction littérale du titre) à l’atmosphère unique, mêlant à la fois l’enchanteur et l’effrayant. Celui-ci, par son côté mystérieux, m’a poussé à réfléchir, à prendre des chemins détournés de réflexion. Quelque chose que je n’aurais peut-être jamais fait si le monde utilisé était trop convenu.
En tout état de cause, c’est un jeu à part qui fait irruption parmi les metroidvania. Une manière détournée pour moi de dire que, de mon côté non plus, je n’ai toujours pas vraiment saisi comment le définir après l’avoir terminé une première fois. Mes huit heures dedans ont-elles pour autant été futiles ? Pas le moins du monde, au contraire. C’est justement parce que mon expérience a été si spéciale que j’en garderai un souvenir impérissable. C’est d’autant plus parce que j’ai été sceptique qu’Animal Well m’a convaincu. Pour les curieux, il est disponible dès aujourd’hui sur PC, Nintendo Switch et sur PS4/PS5, offert à tous les abonnés (extra et premium) au PlayStation Plus.