Qu’importe le métier qu’on exerce, avoir le conseil de ses pairs, c’est souvent utile. Alors les auteurs de mangas ont sans doute lu attentivement le Weekly Shonen Jump de juillet 2018. C’est à l’époque un numéro spécial qui célèbre les cinquante ans de la revue. Pour l’occasion, deux maîtres de la BD japonaise sont interviewés. Takehiko Inoue, connu pour Slam Dunk, et le “papa du manga moderne”, Akira Toriyama. Bien que le créateur de Dragon Ball nous ait quitté plus tôt cette année, ses paroles - à l’image de son œuvre - résonneront encore longtemps. Et voilà ce qu’il dit aux nouveaux auteurs.

De la fierté et de l'originalité

À la fin de l’entretien, le journaliste du “Shonen Jump” propose aux deux créateurs de dire quelques mots à la nouvelle génération… Le papa de Dragon Ball ne prend pas de pincettes : “c’est agréable de voir des gens influencés par leurs auteurs favoris - mais j’aimerais qu’ils fassent preuve de fierté et d’une originalité dont eux seuls ont le secret”. Ce à quoi Takehiko Inoue répond “oui, assurément”. Le reste du discours d’Akira Toriyama est du même acabit :

J’ai le sentiment qu’alors que la qualité du travail lui-même augmente, l’individualité et la fierté diminuent, et j’aimerais tomber sur un manga qui me fasse penser : « cet auteur doit être fou ! » - Akira Toryama, Weekley Shonen Jump (Juillet 2018)

Takehiko Inoue et Akira Toriyama, à l'occasion des 50 ans du Weekly Shonen Jump

Ce n'est pas une fin en soi

De son côté, l’auteur de Slam Dunk alerte les créateurs qui voient une parution dans Shonen Jump comme une fin en soi… “Il faut voir (cette revue, ndlr) comme un endroit pour présenter son travail”, explique-t-il, dans le même entretien. Trois ans plus tard, en 2021, le duo s’est retrouvé en tant que juge pour le prix Tezuka, récompense prestigieuse réservée aux nouveaux artistes. Pour l’occasion, Inoue a recommandé aux dessinateurs en herbe “d’imaginer un personnage unique en son genre” - et un univers avec un “certain niveau de réalisme”.