Lancé en 2014 et suivi par deux autres titres dont le très bien reçu Motorfest, The Crew n'est plus. Développé par Ivory Tower, le titre avait su dépasser une réception critique tiède pour le jeu favori d'une communauté très solide. Seulement voilà, cette communauté est désormais en colère.
Tre Crew injouable, même en solo
C'est en décembre dernier que le studio lyonnais Ivory Tower a annoncé que The Crew allait être retiré de la vente, mais qu'il resterait jouable jusqu'au 31 mars 2024. Cette date correspond à la fermeture des serveurs, rendant le jeu de conduite arcade inaccessible sur l'ensemble des supports. Extrêmement ambitieux, The Crew offrait près de 10 000 km de route représentant les Etats-Unis d'Amérique à l'échelle 1/40eme. Les joueurs pouvaient donc rouler pendant des heures sans jamais passer par le même chemin, en croiser d'autres, s'affronter et découvrir tous les secrets. Lancé dans un état technique discutable et avec assez peu de contenu, The Crew n'avait pas été très bien reçu. Mais le studio, soutenu par son éditeur, avait su redresser la barre pour aboutir à titre vendu dès 2015 à plus de deux millions d'unités et doté de deux extensions. Le nombre de joueurs est ensuite devenu limité, mais The Crew a su forger autour de lui une très solide communauté.
Ces derniers, encore assez récemment, se retrouvaient pour se donner des nouveaux défis à réaliser. D'après les observations réalisées par Kyujilo pour le compte de Gamekult, The Crew n'attirait plus, au mieux, que quelques dizaines de joueurs ces derniers mois. Cela permet à Ubisoft de justifier la fermeture des serveurs, trop coûteux pour être maintenu avec si peu de joueurs. Le problème est que The Crew est un jeu nécessitant une connexion permanente pour être lancé. Il n'est pas seulement devenu injouable en multijoueur, il est devenu injouable tout court. Le jeu en solo n'est donc plus possible, et cela même si vous disposez d'une copie physique. Certaines sources indiquent même que le titre aurait été retiré du compte Ubisoft Connect des acheteurs.
Le retour de la question de la préservation des jeux
Une démarche qui interroge grandement sur la possibilité de conserver les jeux, et qui provoque l'intérêt de certains spécialistes du droit ainsi que de certains élus de l'Union Européenne. C'est notamment le cas de Patrick Beyer, élu allemand du Parti Pirate :
Les joueurs luttent contre la mort du jeu "The Crew 1" par le fabricant. (...). En effet, une telle fermeture à court terme devrait être illégale en vertu du droit de l’UE. En tant que membre #Pirate du Parlement européen, j'ai maintenant demandé une évaluation officielle de la Commission européenne. Nous, #Pirates, plaidons généralement pour un droit de la communauté à reprendre les logiciels abandonnés. Les logiciels largement utilisés sont plus qu’un simple produit en rayon : nous devons le faire comprendre aux fabricants !
🇬🇧Gamers are fighting the killing of the computer game "The Crew 1" by the manufacturer. https://t.co/DI4eAlvk7i @accursedfarms
— Patrick Breyer #JoinMastodon (@echo_pbreyer) April 6, 2024
Indeed, such a short-term shutdown should be illegal under EU law. As a #Pirate Member of the EU Parliament, I have now requested an official assessment…
Publiée sur le subreddit dédié à The Crew, cette affaire de révocation des licences a été le théâtre de commentaires très virulents, témoins de la colère des joueurs face à l'impossibilité de profiter d'un jeu qu'ils ont payé et pour lequel ils ont acheté des DLC. La tension a été telle que la publication a été verrouillée avant d'être tout bonnement supprimée par la modération. Pour rappel, les Condition Générales d'Utilisation mentionnent toujours que les services et le contenu sont fournis sous licence et ne sont pas directement vendus.
Autrement dit, et même s'il est envisageable de remettre cela en cause, on n'achète pas un jeu, mais un droit, révocable, de l'utiliser. Des dispositions valables pour le physique et le dématérialisé, même si les versions physiques (ou dématérialisées sur GOG notamment) offre plus d'options. Il serait cependant injuste de n'évoquer qu'Ubisoft, Nintendo ayant provoqué la disparition de très nombreux jeux en fermant les boutiques en ligne de ses anciennes consoles.