Ces dernières années, le monde de l'animation japonaise et plus précisément des adaptations d'œuvres déjà existantes s'est popularisé en France. On peut prendre pour exemple les films Demon Slayer, Jujutsu Kaisen 0 et les immortels One Piece, Détective Conan et Dragon Ball. Tous affichent un cadre similaire où l'on voit des adolescents porte-parole du dépassement de soi lors de rixes monstrueuses. Mais les mangas, ce n'est pas que ça. La preuve avec cette excellente adaptation sur le point d'arriver chez nous.
Spy x Family : un nouveau genre au cinéma
Depuis quelques années, les adaptations de mangas s’exportent dans les cinémas français avec un certain succès. On a pu le voir ces dernières années avec Demon Slayer : le Train de l’Infini (ainsi que les autres qui ont suivi, même si moins impressionnants) ou encore Jujutsu Kaisen 0 qui viennent rejoindre les éternels One Piece et Détective Conan. Dans un registre différent des nommés, Slam Dunk est à souligner pour son succès l’été dernier. Mais l’animation japonaise, ce n’est pas que de l’adrénaline en barre avec des héros adolescents. Quelque chose que vient rappeler Spy x Family : Code White avec quelque chose de différent qui ne se résume pas à de la bagarre.
Spy x Family, c’est probablement l’anime japonaise parfait pour ceux à la recherche d’une série confort. On entend par là qu’elle est loin des productions célèbres comme One Piece, Naruto, Demon Slayer ou l’Attaque des Titans. Spy x Family, c’est avant tout un manga grand public qui s’intéresse à une famille recomposée d’un père agent secret, d’une mère serial killer et d’une fille télépathe. Un synopsis qui plaît au plus grand nombre. Depuis sa première parution en 2019, le manga figure dans le top 10 des mangas les plus vendus au Japon avec une troisième place en 2022 (derrière Jujutsu Kaisen et Tokyo Revengers).
Un succès suffisant pour transporter l’œuvre sur petit écran en 2022. Pour produire une œuvre aussi qualitative que le matériau d’origine, ce sont deux studios d’animation de renom qui sont chargés du projet avec CloverWorks et Wit Studios. Le premier est reconnaissable à sa patte très coloré (cinématiques des Persona ; Wonder Egg Priority) tandis que le second est connu pour sa maîtrise des scènes d’action (les premières saisons de Vinland Saga et de l’Attaque des Titans).
Une qualité de production dingue qui permet, selon moi, d’insuffler une âme, une aura à un manga un peu trop terne. La valeur ajoutée sur l’adaptation par les deux studios ainsi que la production m’ont séduit. J’avais alors hâte de voir ce travail réitéré sur un long-métrage.
Spy x Family Code White est dédié aux non-initiés
Spy x Family : Code White est un long-métrage d’1h50 et veut surtout séduire les non-initiés à l’œuvre. Il remet en contexte les différents tenants et aboutissants du manga. Loïd Forger est un agent secret au nom de code Twilight. Pour empêcher un conflit civil entre Westania et Ostalis, il doit fonder une famille pour se rapprocher de Donovan Desmond, l’un des antagonistes détenant les clés du conflit. Comme on l’a dit plus haut, le hasard veut que Twilight fonde une famille clairement pas comme les autres. Sa fille Anya est un élément-clé dans l’opération puisque c’est d’elle que dépend son bon déroulement. Elle fait partie de la même classe de Damian Desmond, fils de Donovan. Une situation orchestrée par l’agent secret qui ignore… les pouvoirs télépathiques de sa fille adoptée. Cette dernière est donc au courant de son vrai travail (ce qui provoque des situations comiques) ainsi que celui de sa nouvelle mère Yor qui est une tueuse en série. Elle aussi tire profit de ce mariage arrangé puisqu’elle s’en sert de couverture et ainsi mieux dissimuler son organisation.
Un contexte qui peut sembler lourd à première vue. Il est toutefois rappelé en introduction de Spy x Family : Code White qui semble surtout s’adresser aux non-initiés à l’animation. Dans la chronologie de l’œuvre initiale, il s’installe très tôt (entre les tomes 2 et 4). Certains personnages n’ont donc pas encore été présentés et on (re)découvre avec plaisir certains d’entre eux. À l’inverse, connaître cette temporalité empêche d’apprécier le long-métrage à sa juste valeur parce que cela divulgâche la fin. Pour autant, on passe quand même un bon moment et Spy x Family : Code White s’affiche bien plus comme une comédie grand public qu’un thriller policier haletant.
Dans le cadre de ses cours, Anya doit s’initier à la pâtisserie. Elle et ses camarades doivent chacun cuisiner un gâteau qui sera soumis au directeur. Afin de bien se faire voir par l’école, Loid décide de faire faire à Anya le gâteau préféré de celui-ci. Direction Frigis, une contrée enneigée, où l’on peut déguster le meilleur de sa catégorie tout en récupérant sa recette ! Mais les choses se compliquent dès l’aller en train : Anya ingurgite par erreur un chocolat comprenant un microfilm et attire alors l’armée à ses trousses. Le film est lancé et varie entre séquences sérieuses et humoristiques avec une agilité certaine. L’absence de suspens n’est ici pas un problème (dans la mesure où il faut s’y attendre) et cela ne m’a personnellement pas empêché d’attendre chaque séquence avec impatience.
Une qualité de production et d'animation toujours au rendez-vous
Je l’ai déjà dit : grâce au travail de qualité de CloverWorks et Wit Studio pour porter Spy x Family sur petit écran, j’avais hâte de les voir à nouveau dans un média différent. Mes attentes ont été dépassées ! Le film dans son intégralité est visuellement élégant et doux pour la rétine. Les deux studios sont restés fidèles à eux-même et apportent de bien belle manière leur savoir-faire, que ce soit pour les scènes de vie et d’ambiance (CloverWorks) que pour les scènes d’action (Wit Studios). Certaines séquences affichent même des styles bien différents qui surprennent, notamment celui où Anya doit résister à l’appel de la nature. On aurait tellement aimé en voir plus !
La qualité de production est donc toujours au rendez-vous visuellement. Concernant l’ouïe, on est aussi servi. Les doubleurs font toujours de l’excellent travail ; la bande-originale pertinente quand il le faut. Surtout pour les scènes à plus haute tension ! Enfin, les amateurs de japanimation reconnaîtront Official髭男dism avec le générique du film intitulé SoulSoup tout aussi réussi.
En résumé, Spy x Family : Code White est dans la lignée des épisodes de 20 minutes de l’adaptation. Le long-métrage alterne entre comédie qui feront sourire les néophytes comme les amateurs et séquence d’action maîtrisées. Le long-métrage assume vouloir attirer une audience qui n’est pas la sienne et le fait de bien belle manière. Quelque chose de dommageable pour la tension que ça apporte mais qui a l’avantage de s’adresser à tout le monde. Une première mission plus que réussie pour Spy Family, qui, par son ton et son genre, peut être la porte d’entrée au grand public en France en ce qui concerne les adaptations de mangas au cinéma. Rendez-vous le 17 avril prochain pour la diffusion de Spy x Family : Code White dans les cinémas de l’Hexagone.