Downpour, application anglophone fraîchement mise à disposition du public, vous propose de créer des mini-jeux sur votre smartphone à partir de vos photos.
C’est à la lecture d’un article du journaliste Keith Stuart pour The Guardian que Downpour m’est apparu pour la première fois. Je n’ai vu aucune mention faite à cette application dans les médias francophones et pourtant, elle est bien disponible au téléchargement sur notre territoire. C’est peut-être aussi parce qu’elle est toute récente et n’a pas encore eu le temps de gagner le cœur du public. Et pourtant, le potentiel a l’air assez évident à la lecture des arguments d’Alexis Ong, auteur pour le média The Verge, qui s’est lui aussi prêté au jeu : “J'ai créé un jeu d'aventure (fictif) dans Downpour intitulé Dragon Me To Hell, qui consistait à communier avec le défunt chien de ma grand-mère, à commettre éventuellement un petit crime et à s'échapper vers la liberté.”
Le principe est relativement simple : À partir de votre propre pellicule de photographies, vous avez le loisir de créer un collage d’images, puis d’y ajouter du texte et d’enregistrer le tout en tant que page. Plusieurs pages sont ensuite à créer dans ce sens puis doivent être reliées entre elles pour former un point’n click minimaliste grâce à des boîtes transparentes qui servent d’hyperliens et vous amènent d’une page à l’autre. Votre création digne des plus grands peut ensuite être partagée au monde entier pour le bonheur de toutes et de tous.
It's finally here! Downpour is out!
— 𝕍 (@v21) March 6, 2024
Downpour is my tool for making games on your phone in literal minutes. Collage together images & text, link them up, then share online. No coding necessary!
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Un puit de créativité sur Downpour
Pour comprendre plus concrètement comment le tout fonctionne, il est intéressant de se plonger dans les créations des utilisateurs du monde entier, laissées à votre disposition dans un onglet dédié. Pour l'instant, mon mini-jeu préféré a été celui qui consistait à appuyer frénétiquement sur le museau d’un chien pour voir apparaître de nouvelles photos de lui dans différents contextes. Un autre mini-jeu m’a proposé un défilé de photos de Javier Bardem, une invitation qui ne se refuse jamais. La page qui recense toutes ces productions d’amateurs est légèrement chaotique, mais dans le bon sens du terme. On peut apprécier une belle variété de polices et de directions artistiques différentes, postées par des profils aussi différents les uns que les autres. L’atmosphère me rappelle un peu ces outils de création de gifs pullulant de paillettes que l’on utilisait à la bonne vieille époque des Skyblog.
(Mais) Les gens aiment le désordre ! Ils essaient de mettre le plus de désordre possible dans les petites boîtes que leur offrent des plateformes comme X et Instagram. Downpour leur permet donc de mettre autant de désordre qu'ils le souhaitent. Je veux laisser les gens remplir la page avec les choses qu'ils veulent faire, connecter ces pages ensemble de manière idiosyncratique. - v, développeuse de l’application.
Vous l’aurez bien compris, Downpour n’est pas une alternative concrète à un outil de création de jeux vidéo complet. On est loin d’une expérience à la Dreams, il s’agit seulement d’un court divertissement à utiliser entre trois ou quatre arrêts de métro ou dans la salle d’attente de votre dentiste, pour faire retomber la pression avant le douloureux détartrage qui vous attend. Mais c’est aussi bien utile pour compenser une pratique un peu abusive qui nous concerne presque tous : le scroll intempestif des réseaux sociaux comme TikTok et X dont on ressort généralement lessivés. C’est aussi une alternative intéressante aux outils d’édition d’images que l’on a l’habitude d’utiliser dans notre quotidien. Et je suis à peu près certaine que personne ne s’attend à ce que vous lui envoyiez une image interactive de votre toutou. Puis, ça booste aussi forcément un peu votre esprit créatif.
Une appli créée par une développeuse
L’appli est créée par V, une développeuse qui travaille en solitaire et qui est basée à Londres. L’idée lui serait venue alors qu’elle tentait tant bien que mal de créer un jeu à partir d'illustrations dessinées à la main avec les technologies à sa disposition. L’article de The Guardian raconte : “Elle s'est alors dit : nous avons tous ces ordinateurs puissants et intuitifs dans nos poches toute la journée. Pourquoi ne pas les utiliser pour créer des jeux simples ?”. L’appli est inspirée des flatgames, ces jeux 2D très simples, généralement joués sur des écrans mobiles ou une télévision. Notez que la créatrice a un cv déjà bien fournie, elle qui a déjà chez bossé chez Niantic (Pokémon GO), Ingress et Sensible Object. Elle est aussi à l’origine de quelques outils interactifs comme Cheap Bots, Done Quick qui permet de créer des comptes Twitter automatisés.
Je considère les jeux comme une partie de ce paysage plus vaste de la technologie créative, des médias interactifs, quel que soit le nom qu'on leur donne. Les jeux en font partie, mais les outils créatifs en font tout autant partie. Ou encore les objets qui n'entrent dans aucune des deux catégories. J'aime toujours les choses qui se situent dans le désordre entre deux choses.