Intelligence alliée…

Sans que l’on soit sur les traces de Skynet (Terminator, tout ça), l’IA émerveille autant qu’elle fait frémir. Dans l’absolu, l’intelligence artificielle a de sérieux atouts pour améliorer le monde de demain, ne serait-ce qu’en matière de santé et de médecine. Elle peut être aussi un formidable outil, quand il est utilisé à bon escient, pour la création et apportera probablement de fantastiques progrès dans les années à venir. Le problème, c’est qu’une telle (r)évolution laisse entrevoir d’énormes dérives et certains professionnels, comme ceux du jeu vidéo, du cinéma ou encore du doublage, n'hésitent pas à tirer la sonnette d'alarme. Interrogé par IGN, l’acteur principal de Red Dead Redemption II en est persuadé : il va falloir coexister avec cette nouvelle forme de créativité. Pour lui, il n’y a pas de doute, l’IA est là pour rester.

Qu’on se le dise, une intelligence artificielle ne remplacera jamais un être humain, mais l’outil est si performant et évolutif que certaines personnes ont presque capitulé avant l’heure. C’est le cas de Roger Clark, le remarquable doubleur d’Arthur Morgan dans l’extraordinaire Red Dead Redemption 2. Ce dernier, lors d’une interview pour IGN, s’est ainsi avancé sur la probabilité que l’IA remplacera, un jour, les acteurs dans les doublages de jeux vidéo. Du moins, en partie.

… ou Intelligence aliénante ?

Le doubleur de Red Dead Redemption 2 est bien conscient des avancées extraordinaires offertes par une telle technologie, mais il est persuadé que les décideurs n’hésiteront pas à exploiter celle-ci jusqu’à l’essorer, sans véritablement se soucier de l’impact humain. Et en disant cela, il vise aussi le grand public.

Je pense que l’IA va remplacer certains acteurs. Pour moi, c’est inévitable. Je ne pense pas qu’elle remplacera complètement les acteurs, mais je pense qu’elle est là pour rester et qu’elle sera utilisée comme un outil à partir de maintenant. Je pense que le public et les clients ont encore un peu plus de respect pour les performances humaines, mais en même temps, il y a beaucoup de gens qui ne s’en soucient pas vraiment. L’IA est là pour rester, c’est indiscutable.

Il poursuit :

Ce qui me pose problème, c’est lorsqu’ils utilisent pour copier ce qui a déjà été fait. Si vous ne pouvez pas engager Troy Baker (Joel dans The Last of Us) et que vous utilisez un programme d’IA pour dire ce que vous voulez, je pense que c’est incroyablement immoral. Mais il y a beaucoup, beaucoup d’applications pour l’IA qui, je le sais, aideront probablement cette industrie. Cela me fait mal de le dire, mais je pense que c’est une vérité inévitable. Pour des raisons égoïstes, je veux juste continuer à travailler, vous savez ?

Ce témoignage révèle le terrible débat qui anime les sphères du monde des créatrices et des créateurs. Qu’il s’agisse d’images, de photos, de vidéos, de musiques, de voix, et tant d’autres, l’intelligence artificielle va amener autant de progrès que de dérives. On sent que les professionnels sont actuellement tiraillés par l’utilisation exagérée de cette technologie tout en admettant ses avantages. Mais à l’heure où les studios licencient à tour de bras dans l’espoir de faire de multiples économies, la crainte des actrices et acteurs du milieu, notamment en matière de doublage (mais pas que) est largement compréhensible. Il ne reste plus qu’à espérer, pour tout le monde, qu’un équilibre sera trouvé. Comme le dit si justement Roger Clark, l’IA « ne fait que recréer ce qui existe déjà ». Faisons en sorte que l’IA ne devienne pas l’Inégalité Absolue.