Brad Smith, l’actuel président de Microsoft, rejoint la longue liste des personnes qui s’inquiètent de l’évolution rapide de l’intelligence artificielle dans le secteur des nouvelles technologies. Des déclarations qui vont dans le sens d’un accord signé récemment.
« Plus la technologie devient puissante, plus les mesures de protection et les contrôles doivent être renforcés » : telles sont les déclarations récemment réalisées par Brad Smith, le président de Microsoft, lors d’une conférence qui s’est récemment tenue à Munich. Le haut cadre de Microsoft a été le signataire, avec 20 autres dirigeants d’entreprise, d’un accord visant notamment à améliorer la transparence des firmes qui développent et exploitent les intelligences artificielles.
« La différence entre la promesse et le danger des nouvelles technologies a rarement été plus frappante », a ajouté Brad Smith, qui a également déclaré « Il faut trouver un moyen de ralentir ou d’arrêter l’IA ». Une vision plutôt étonnante de la situation, en particulier lorsqu’on connaît la position actuelle de Microsoft sur le marché.
Une quête de transparence chez Microsoft ?
En 2023, Microsoft a mis 13 milliards de dollars sur le tapis pour pouvoir utiliser les technologies d’OpenAI, et notamment intégrer ChatGPT à Bing, son moteur de recherche. En février de cette année, la firme de Redmond a également annoncé avoir signé un partenariat avec Mistral AI, une start-up française qui développe ses propres modèles de langage. Enfin, en février 2023, Microsoft a aussi lancé Copilot, son propre chatbot destiné à remplacer Cortana au sein de Windows 11.
En résumé, Microsoft est plutôt proactif dans le domaine de l’intelligence artificielle, et entendre son président dire qu’il faut potentiellement « l’arrêter » est bien entendu surprenant. An réalité, ce n’est pas ce que veut Brad Smith. « Alors que nous entrons dans une nouvelle ère basée sur l’intelligence artificielle, nous pensons que c’est le meilleur moment pour formuler des principes qui régiront la manière dont nous exploiterons notre infrastructure de centres de données d’IA et d’autres actifs d’IA importants dans le monde entier », détaille-t-il.
Ce que désire le président de Microsoft, c’est surtout qu’il y ait un meilleur contrôle autour de l’accès aux outils associés à l’IA en général, mais aussi aux produits de son entreprise en particulier. Ainsi, les fameux « principes d’accès à l’IA » visent « en partie à répondre au rôle et à la responsabilité croissants de Microsoft en tant qu’innovateur en matière d’IA et leader du marché ». « En publiant ces principes, nous nous engageons à fournir un large accès technologique nécessaire pour permettre aux organisations et aux individus du monde entier de développer et d’utiliser l’IA de manière à servir le bien public », ajoute-t-il.
Les propos de Brad Smith ressemblent à une réponse aux accusations d’Elon Musk, qui vient de déposer plainte contre OpenAI. Le milliardaire accuse la firme qu’il a cofondée d’avoir abonné sa mission « pour le bénéfice de l’humanité » au nom de l’argent. Le président de Microsoft semble vouloir prouver que ce n’est pas le cas.
« L’invention la plus importante depuis l’imprimerie »
Interviewé par le quotidien espagnol El Pais, Brad Smith estime que « l’IA est l’invention la plus importante pour l’esprit humain depuis l’invention de l’imprimerie ». Pour lui, les deux inventions ont un impact similaire sur l’humanité : « Ce sont des outils qui permettent aux gens de penser d’une nouvelle manière ».
Il estime également que les questions liées aux emplois détruits par les intelligences artificielles sont à remettre en perspective par rapport aux autres innovations technologiques récentes. « La véritable leçon des 40 dernières années, c’est que si les gens peuvent rester à l’avant-garde de savoir comment utiliser la technologie, ils sont susceptibles de réussir dans leur carrière. »
En résumé, pour Brad Smith, si vous vous sentez menacé par l’IA, vous devez l’apprivoiser sans attendre pour travailler avec elle, et non vous y opposer.
Il faut donc remettre le discours du président de Microsoft en perspective : bien sûr que non, il ne s’oppose pas à l’IA qui va, selon lui, dans le sens de l’histoire des technologies. En revanche, Brad Smith prêche bien en faveur d’un contrôle renforcé et de plus de transparence à l’égard du développement et de l’utilisation des IA. Une vision qui va dans le même sens que celle du docteur Roman V. Yampolskiy, un professeur d’université expert en sécurité, qui estime qu’il faut trouver un moyen de contrôler totalement l’IA avant de continuer à la développer.