Il suffit de rouler en voiture électrique pour le sujet arrive rapidement sur la table lors d’un dîner entre amis ou un déjeuner en famille. Et souvent, s’il y a de la curiosité, ce sont les craintes qu’elle soulève qui arrivent sur le tapis. Et toujours un peu les mêmes. L’autonomie évidemment, mais aussi les temps de recharge. Sans oublier les prix !

Il est vrai que l’automobile électrique, si elle n’est pas encore aussi accessible que l’est le thermique, bouleverse nos usages. Et pourtant en quelques années, les progrès ont été énormes. Et la pluralité des modèles proposés promet également de mieux s’adapter à tous les besoins. Alors, les craintes soulevées par l’électrique sont-elles vraiment fondées ? Pour répondre à cette question, nous nous sommes basés sur l'une des études les plus récentes (Institut CSA et Allianz Assurance d’avril 2023, sur 10 000 personnes interrogées) en la matière. Et voici les peurs soulevées les plus récurrentes.

Le manque d’autonomie

L’étude en question faisait apparaître le manque d’autonomie comme première crainte quant au passage à l’électrique, cité par 56 % des personnes interrogées. Mais quand on sait que la moyenne de trajets quotidiens pour se rendre au travail en voiture est de 13 kilomètres, et donc 26 km avec le retour, l’autonomie est-elle véritablement un problème ?

En partant de ces données de l'Insee datées de mai 2023, il est clair qu’au quotidien, l’usage de la voiture électrique ne devrait pas poser de problème à grand monde. Et comme à chaque fois avec l’électrique, ça dépend de l’usage que chacun en a. Et de la voiture ! Mais actuellement, les autonomies vont de 220 km WLTP pour une Dacia Spring à jusqu’à 783 km pour une Mercedes EQS. Quant à la voiture électrique la plus vendue en France en 2023, la Tesla Model Y, elle propose à partir de 455 km de rayon d’action (en version Propulsion).

Les données constructeurs sont toujours un peu optimistes, mais actuellement sur le marché, de nombreuses voitures peuvent de manière réaliste atteindre 350-400 km d’autonomie.

Cette autonomie qui fait peur est donc plus une crainte fondée non pas sur une utilisation quotidienne, mais sur celle, exceptionnelle, de partir en week-end, ou en vacances. Alors oui, un Paris-Marseille de presque 800 km sera peut être un peu plus long en voiture électrique. Quoique s’il est conseillé de s’arrêter trois fois (toutes les 2 h) sur ce trajet de plus de 7h30, c’est aussi le nombre d’arrêts conseillé par l’appli Tesla dans le cas d’un voyage en Model Y. L’occasion de recharger à chaque fois, pour 1h25 d’arrêt au total aux Superchargeurs. C’est sans doute le temps que prendra le même trajet en voiture thermique, entre une pause repas un peu plus longue, et deux pauses plus courtes. Et quand bien même vous perdriez 15 ou 30 minutes en électrique sur l'ensemble du trajet, il faut se rappeler que ces trajets de 800 km restent très largement exceptionnels.

Dernière chose : le meilleur moyen de contrer cette peur de l’autonomie de la voiture électrique serait… d’en acheter une ! Une étude publiée fin 2023 montrait en effet que cette crainte a tendance à disparaître à mesure que l’on apprend à connaître sa voiture et que s’on s’en sert.

Prix à l’achat plus élevé

Le prix supérieur à l’achat reste un frein à l’achat d’une voiture électrique pour 49 % des personnes interrogées. Et il est clair que les prix des voitures électriques est supérieur à celui de leurs homologues thermiques. Il suffit de comparer des voitures qui sont proposées dans les deux versions : une Peugeot e-208 coûte minimum 34 100 €, contre 18 590 €. Mais attention, l’écart se réduit beaucoup à niveau de puissance équivalent : 28 350 € pour la 208. C’est toujours 6000 euros de plus.

Le problème vient en partie de la batterie qui est représente une très grosse part des coûts. De plus, pour compenser ce coût, les constructeurs n’hésitent pas à ne pas proposer leurs modèles en entrée de gamme, mais déjà en finition bien équipée, pour que le consommateur « en ai pour son argent ». Ce qui gonfle le prix aussi.

Il n’empêche qu’il faut garder en tête aussi les aides à l’achat d’une voiture électrique qui restent importantes en France, jusqu’à 4000 € pour le bonus 2024. Et ça ne sera pas éternel. D’autant que de l’autre côté, pour la voiture thermique, le malus basé sur les rejets de CO2 est toujours plus drastique, et peut vite s’ajouter au prix d’achat.

Enfin, il y a de plus en plus de voitures électriques sur le marché. Ce qui permet au consommateur de trouver des voitures davantage dans son budget. Et cette concurrence entre constructeurs fait aussi baisser les prix. Surtout quand un Tesla casse les prix, et que tout le monde finit par suivre !

L'écologie, la fabrication et recyclage des batteries

L’argument écologique sur la fabrication et le recyclage des batteries est le troisième cité comme un frein à l’achat des voitures électriques, cité par 35 % des personnes. Il est clair que les voitures électriques ne rejettent pas d’émission polluantes à l’échappement, mais que leur fabrication n’est pas forcément vertueuse.

Cette dette écologique avec laquelle part une voiture électrique se rattrape aussi dans le temps puisqu’elles n’émettent plus de gaz à effet de serre par la suite. Dans une étude de 2022, l'Ademe parlait d’une dette carbone de 5 à 15 tonnes d’équivalent CO2 selon les modèles. Soit deux à trois fois supérieure à l’équivalent thermique. Mais c’est en roulant que la tendance s’inverse puisque les courbes se croisent autour de 65 000 km. Et qu’à partir de là, l’électrique devient bien plus vertueux.

Sur l’ensemble de sa durée de vie, en considérant qu’elle va rouler 200 000 km, la voiture électrique aura donc un impact 2 à 3 fois inférieur à un équivalent thermique. Et on sait qu'une voiture électrique peut aller bien au-delà !

On a beaucoup entendu parler des terres rares, employées pour la fabrication des batteries, pour dénigrer la voiture électrique. Mais si elles ont tendance à disparaître des nouvelles voitures électriques qui arrivent sur le marché (même si Tesla qui les avait arrêté, les utilise de nouveau), il ne faut pas oublier qu’on les trouve aussi dans les voitures à essence par exemple.

Temps de recharge du véhicule

Enfin dernier frein cité pour l’achat d’une voiture électrique, le temps de recharge, pour 32 % des personnes. Un sujet vaste tant il est différent selon le modèle, selon la vitesse de charge qu’il peut encaisser, mais aussi selon la borne…

Il est clair que face au thermique, le plein ne se fait pas de la même manière. Mais pour une personne qui peut se charger à domicile, on peut aussi estimer que c’est un gain de temps que de ne pas avoir à aller à la station.

Quant aux grands trajets, oui c’est plus long de charger une batterie que de remplir un réservoir. Et le mieux, c’est encore d’anticiper. Mais en essayant de planifier son trajet pour faire correspondre une grosse recharge avec l’heure du repas, vous n’y verrez que du feu. Et une chose est sûre aussi, c'est que le nombre de points de recharges publics (plus de 120 000 actuellement) étant en constante augmentation, on ne perd plus de temps non plus à chercher une borne où se brancher. Sauf à tomber sur une borne défectueuse... mais là c'est un autre problème !