Un studio d’animation historique

Kyoto Animation fait partie des studios japonais historiques les plus réputés de l’archipel. Fondés il y a 38 ans (le 12 juillet 1985) et situés dans la préfecture de Kyoto, ils sont à l’origine de plusieurs animes parmi les plus cultes dont Full Metal Panic?, Clannad, K-ON!, Free! Iwatobi Swim Club, Sound! Euphonium et plus récemment Violet Evergarden (disponible sur Netflix) et Tsurune. Les équipes de Kyoto Animation ont également bouleversé le monde de l'animation en 2016 avec le drame animé A Silent Voice (également disponible sur Netflix) qui a remporté tous les suffrages. Il est considéré, et à raison, comme le 17e meilleur anime de tous les temps sur MyAnimeList avec une note de 8,93/10. Malheureusement, Kyoto Animation fut frappé par un drame au cours du mois de juillet 2019 qui a mis quasiment en pause les studios durant près de trois longues années.

Une histoire de “plagiat”

Le 18 juillet 2019, un incendie d’origine criminelle se déclenche vers 10h30 dans les locaux de Kyoto Animation. Le studio 1 situé dans l’arrondissement de Fushimi à Kyoto devient rapidement la proie des flammes qui se propagent dans tous les étages. Muni de quarante litres d’essence, le pyromane verse le contenu de ses bidons au rez-de-chaussée et enflamment le tout, non sans bloquer les issues de secours au préalable. Coincés à l’intérieur du bâtiment et sans possibilité de fuir, de nombreux employés décèdent brûlées et/ou intoxiquées avant que les pompiers ne parviennent à maîtriser le feu.

Le bilan humain et matériel est lourd. Selon le rapport de JST (l'Agence de gestion des incendies et des catastrophes), le bâtiment est totalement détruit tout comme le matériel et les ordinateurs. Dans leur malheur, les studios ont tout de même pu sauver des dessins originaux numérisés via un serveur ayant échappé à l’incendie. Néanmoins, cela ne peut occulter l’horreur de la situation. 36 personnes trouvent la mort en ce tragique jour de juillet 2019 et 34 autres sont blessées à des degrés variés.

Rapidement appréhendé, le suspect qui se nomme Shinji Aoba admet avoir allumé le feu une fois conduit à l'hôpital. L’homme âgé de 41 ans lors des faits justifie son acte et accuse Kyoto Animation de l’avoir arnaqué ou plagié. Il déclare alors “Pakuri yagatte” qui peut être traduit par escroquerie ou plagiat. Il aurait hurlé les mêmes mots avant de mettre le feu aux studios japonais suivi de “Shine” qui signifie “Mourrez”. Originaire de Saitama, il était déjà connu des services de police. En 2012, il avait braqué un konbini (un commerce de proximité) armé d’un couteau. Il fut à l’époque condamnée à trois ans et demi de prison. Le 27 mai 2020, il est officiellement arrêté et écroué par la justice pour l’incendie de Kyoto Animation.

Un verdict exemplaire

Le procès débute en septembre 2023, soit plus de 4 ans après les faits, pour se terminer le 25 janvier 2024. Sans grande surprise pour tous ceux qui connaissent le système judiciaire japonais, le verdict est exemplaire pour le pyromane Shini Aoba. Pour rappel, il est extrêmement rare qu’une affaire portée devant le juge reparte avec un non lieu au Japon. En effet, le taux de condamnation dans le pays avoisine les 99,8% (chiffres de Human Rights Watch) et l'approbation par les juges de demandes de détention provisoire 94,7%.

Malgré sa défense reposant majoritairement sur des troubles mentaux ne pouvant le rendre pénalement responsable, Shinji Aoba qui a plaidé non coupable est condamné à mort. Selon le juge chargé de l’affaire, l’homme désormais âgé de 45 ans n’était “ni aliéné ni mentalement inapte” au moment des faits (propos rapportés par NHK - l'entreprise publique qui gère les stations de radio et de télévision du service public japonais). Le Japon est avec certains états de Etats-Unis la seule démocratie industrialisée à maintenir la peine capitale. Le juge japonais résume le drame en ces termes :

L'horreur et la douleur des victimes qui sont mortes dans le Studio 1, qui s'est transformé en enfer en un instant, ou qui sont mortes par la suite, sont indescriptibles.