C’est à la lecture d’un très bon article en libre accès de nos confrères de Canard PC que mon intérêt pour le jeu de rôle horrifique Slay the Princess s’est éveillé. Un coup d’oeil rapide sur la page Steam du titre et sur son Metacritic a achevé de me convaincre ; le titre cumule les avis dithyrambiques et signe une superbe moyenne de 90/100 sur l'agrégateur. Le magazine Edge écrit à son sujet que “les concepteurs narratifs du monde entier devraient prendre des notes sur cette horreur psychologique qui pénètre vraiment dans votre tête” quand Noisy Pixel estime que “tout l'intérêt du jeu est qu’il vous demande d'examiner vos propres idées préconçues et vos propres idéaux, ce qui le rend agréable jusqu'à la fin”. Des remarques très élogieuses qui, forcément, m’ont encouragé à passer à la caisse.

“La rencontre entre The Stanley Parable et Call of Cthulhu avec une pincée de Disco Elysium"

Slay the Princess est un jeu d’horreur à la patte graphique sans prétention, c’est même tout le contraire : les traits sont gras, grossiers, crayonnés et dénués de couleurs ; un aspect qui lui confère néanmoins une ambiance assez particulière. L’effort est davantage apporté aux doublages, dont profitent toutes les lignes de dialogues. Un régal pour l'immersion. L’expérience est décrite par le studio Black Tabby Games comme “la rencontre entre The Stanley Parable et Call of Cthulhu avec une pincée de Disco Elysium”. Une présentation élogieuse faite par un couple de créateurs, Abby Howard - également auteure de bandes dessinées - et Tony Howard-Arias, qui ont développé avant cela Scarlet Hollow, autre jeu d’horreur immersif aux commentaires extrêmement positifs.

Dans Slay the Princess, votre aventure débute sur un chemin dans les bois, au bout duquel se trouve une cabane. Dans le sous-sol de cette cabane est enfermée une princesse qu’un narrateur vous demande de bien vouloir tuer. Sans quoi, ce sera la fin du monde. Notez bien qu’elle fera tout pour vous arrêter dans votre mission, et n’hésitera pas à vous charmer ou à vous mentir. Ou vous ment-elle vraiment ? Au fil de votre progression, c’est votre confiance envers le narrateur qui s’effrite, lui qui se passe volontiers de vous partager des informations primordiales quand bon lui semble. Il devient vite difficile de savoir dans quel camp se rallier...

Un concept simple à la narration passionnante

Sur le papier, le concept paraît relativement simple, mais propose des embranchements progressivement denses au fil des choix que vous devrez prendre, lesquels déboucheront éventuellement toujours sur la mort, mais rassurez-vous : Slay the Princess repose en fait sur une espèce de boucle temporelle intelligente. À chaque trépas, votre aventure reprend sur le chemin dans les bois avec la douce voix du narrateur qui vous demande de tuer la princesse.

Je n’avais franchement pas vu de boucle temporelle aussi bien maniée depuis The Forgotten City, dont la narration évoluait de façon remarquablement habile sans jamais s'essouffler au gré des essais. C’est également le cas de Slay the Princess. Le cadre d’introduction reste le même, comme les outils qui vont sont accordés. Mais les choix entrepris débouchent toujours sur des pans inédits et l’apparition de nouvelles voix dans votre tête. La cabine aussi, semble muter plus ou moins selon vos décisions, tout comme les métamorphoses plus ou moins subtiles de la princesse qui vous assène de temps à autre d’images de mutilation et autre body horror. Des évolutions qui permettent au visual novel de ne jamais se montrer barbant, lequel vous tient en haleine pendant au moins cinq heures.