Selon vous, parmi tous les jeux de combat jamais sortis, quel est le boss le plus ardu ? Si certaines sélections placent Gill - Street Fighter 3 Third Strike - ou bien Shao Kahn (Mortal Kombat 9) dans le haut du classement, les pros évoquent un autre nom : “The General” de Kaiser Knuckle ! Si cela ne vous dit rien, c’est normal. Il s’agit d’un titre d’arcade de versus fighting assez obscur, sorti en 1994 par Taito... À l’époque, le genre est largement gouverné par Street Fighter 2 et l’entreprise japonaise va largement s’en inspirer. Au-delà de quelques originalités, comme le Crush Meter, on trouve donc des matchs en deux rounds gagnants, un roster de neuf personnages avec des capacités ainsi que des mouvements uniques ; un système de commandes en six touches. Mais, Kaiser Knuckle cache un secret. Si vous parvenez à terminer le mode tournoi sans la moindre défaite, le Général apparaît.

Un boss pour les gouverner tous

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le “true last boss” de Taito ne plaisante pas... Sous ses airs de Bison (gros méchant de Street Fighter) tout de vert vêtu, The General peut envoyer jusqu’à trois spectres en diagonale, enchaîner plusieurs coups dans une même glissade, et même se téléporter. Sans oublier sa chope - qui peut percer n’importe quelle défense - ainsi que sa vitesse | ses dégâts, plus élevés que la normale ! “Mais qu’est-ce que c’est que ça ?”, commente Justin Wong, un pro du versus fighting qui s’est lancé dans une quête pour battre le Général, il y a deux ans, sur YouTube :

Justin Wong n’est pas le premier venu. De toute évidence, il détient à ce jour le plus grand nombre de victoires à l’EVO (tournoi de référence en matière de jeux de combat), avec neuf sacres sur des titres comme Marvel VS Capcom 2, Street Fighter 3 Third Strike. Bref, contre le Général, difficile de trouver meilleur candidat... En 2021, il lui a fallu six heures pour battre cet ennemi, que Wong décrit encore aujourd’hui comme “le boss le plus dur de tous les temps”.

Un combat de très longue haleine

Six heures donc à retenter sa chance contre un adversaire clairement conçu dans un seul but : nous faire mordre la poussière… Les premiers essais de Justin Wong - malgré son palmarès - ne donnent pas grand chose. Le Général est vif comme l’éclair, et laisse peu de place pour analyser ses gestes. Les punitions s’enchaînent. Une garde un peu trop longue déclenche une chope, le moindre saut est sanctionné par un coup bien placé, une retraite est synonyme d’attaque spectrale et de téléportation. Il n’y a pas de temps mort. “J’ai zéro information (...) qu’est-ce que je suis censé faire ?”, note Wong.

Petit à petit, une solution s’impose. Empêcher Le Général de respirer avec un combo en trois temps : saut vers l’avant ; coup de pied à mi-hauteur ; attaque au sol avec le genou ; puis “DP”, une frappe verticale qui sert généralement à interrompre un saut adverse. Dans la peau de Kazuya, Justin tient l’enchaînement qui peut tout changer. Encore faut-il réussir à le placer ! Les fenêtres sont rares et le timing, à la frame prêt. “S’il bloque mon sweep (une balayette, NDLR), il me punit avec une glissade, et si je lance une boule de feu, il m’envoie un projectile” - note Wong. “Donc je ne peux pas faire ça”.

Par contre, avec un DP bien placé au début de chaque round, le champion de l’EVO peut mettre Le Général à terre quelques secondes. C’est le moment idéal pour déclencher le combo en trois temps. Et si le boss récidive ? Il suffit d’attendre qu’il saute et de répéter la méthode... Vous l’aurez compris, c’est avec cette méthode que Justin Wong est parvenu à battre son adversaire. Il faut tout de même noter que ce n’est pas le premier. Sur YouTube, on trouve des victoires qui remontent à 2016 - avec d’autres personnages, comme Lihua ! Mais à chaque fois, l’approche est similaire à celle de Wong.