Avant de fouler du pied les Royaumes Oubliés de Donjons & Dragons, il convient de présenter Baldur’s Gate 3. Ce jeu de rôle est la suite de Baldur’s Gate et Baldur’s Gate II : Shadows of Amn sortis il y a plus de 20 ans. Mais n’ayez aucune crainte. Il n'est pas nécessaire d’avoir joué aux deux premiers titres de la saga et encore moins au jeu de rôle papier pour profiter pleinement de BG3. Dans les faits, il reprend les règles de la 5e édition de D&D ce qui va avantager les rôlistes durant les premières heures de jeu, mais ça s’arrête là. Maintenant que les présentations sont faites, il est temps de rentrer dans le vif du sujet.

Histoire

L’histoire de Baldur’s Gate 3 débute 120 ans après les événements de Baldur’s Gate 2 à bord d’un étrange vaisseau survolant le rivage occidental de Féérune sur la planète Abeir-Torilles. Enfermé dans les geôles d'un Illithid, vous êtes le prisonnier et le sujet d’expérimentation d'une créature anthropomorphe inspirée du mythe de Cthulhu. Ce Flagelleur Mental vous implante bien malgré vous un parasite supposé prendre le contrôle, mais contre toute attente vous résistez et parvenez à vous enfuir après avoir provoqué le crash de l’aéronef sur les terres des Royaumes Oubliés. Désormais libre, vous partez avec vos compagnons d’infortune en quête d’un remède. Voici le postulat de départ de Baldurs’ Gate 3 et autant le dire sans détour, ce n’est que la partie émergée d’un iceberg narratif titanesque et surtout jamais vu !

Le RPG de Larian Studios est une adaptation de Donjons & Dragons aussi fidèle que possible au matériau source ce qui devrait plaire aux adeptes du jeu de rôle sur table. Les scénaristes prennent forcément quelques libertés pour les besoins du jeu, mais celles-ci ne jurent jamais avec le lore établi et qui continue de s’épanouir depuis près d’un demi-siècle. Les rôlistes seront à coup sûr ravis de voir leur univers favori et des personnages légendaires prendre vie sous leurs yeux. Pour votre culture générale, Donjons & Dragons est le tout premier jeu de rôle à avoir vu le jour, et la première édition a été publiée en 1974, c'est-à-dire bien avant l’avènement du jeu vidéo.

Graphismes

Baldur’s Gate 3 n’est pas le plus beau jeu vidéo jamais réalisé, mais il n’a jamais cherché à s’accaparer ce titre et encore moins à tendre vers le photoréalisme. Le RPG de Larian Studios brille par sa direction artistique colorée, la finesse de ses textures, la modélisation de ses personnages, son sens de l’éclairage … en un mot comme en 100 par le soin apporté à chaque élément. BG3 est une œuvre d’art visuelle au sens noble du terme, mais aussi musicale. La bande-originale souvent discrète accompagne les joueurs sans s’imposer sauf lorsque la situation l’exige. Les combats profitent alors d’une atmosphère sonore qui met le feu aux poudres et ajoute ce petit quelque chose supplémentaire à l’épique du moment.

Mais revenons aux graphismes et à la technique. Baldur's Gate 3 ne souffre d’aucun bug majeur ou bloquant qui viendrait ruiner votre aventure. Au contraire, Larian Studios a fait un travail exemplaire pour éviter de faire naître une frustration malvenue chez les joueurs. L’expérience s’avère solide techniquement parlant et surtout fluide en toutes circonstances. Cette prouesse a malheureusement un prix. Il va falloir vous offrir une bonne “config PC” afin de profiter dans des conditions optimales de Baldur’s Gate 3, soit en 4K à 60 images par seconde avec des graphismes en “ultra”.

Gameplay

Un jeu vidéo se juge avant tout à son gameplay, et dans ce domaine Larian Studios n’a plus rien à prouver. Les studios belges sont devenus des maîtres pour tout ce qui touche aux RPG, mais force est de constater qu'ils en avaient encore sous le coude. Aussi impensable que cela puisse paraître, Baldur’s Gate 3 est plus abouti ludiquement parlant que ses deux productions précédentes. Car OUI, BG3 reprend la majorité des mécaniques de gameplay de Divinity : Original Sin II, et les modifie quand cela s’avère nécessaire pour coller au plus près de Donjons & Dragons. Cela se traduit en jeu par des combats hautement tactiques et intenses au tour par tour, grand classique de Larian, auxquels sont intégrés les règles de la 5e édition de D&D. Le résultat est tout simplement exceptionnel. Seule ombre au tableau, la caméra est parfois capricieuse et peine à gérer la verticalité du level design.

Les rôlistes le savent déjà. La destinée d’un héros est parfois accrochée à un jet de dés, et BG3 se réapproprie ce concept en le plaçant au cœur de son expérience. L’aléatoire est une constante des jeux de rôle sur table et il ne pouvait donc en être autrement dans une adaptation de Donjons & Dragons. En réalité, Larian Studios offre aux joueurs la possibilité d’activer des “dés karmiques” qui tordent la notion de pur hasard pour déterminer les résultats en fonction des lancers précédents. A trop enchaîner les succès critiques, le karma risque de vous le faire payer, et inversement.

Si en combat les jets de D20 sont imperceptibles pour des raisons de fluidité, il n’en demeure pas moins que ces derniers décident de votre sort. Ils régissent également les discussions, l’exploration et toute autre activité faisant appel à vos caractéristiques de personnages et sont alors affichés à l’écran. L’exploration est d’ailleurs l’un des autres points forts du jeu. Les Royaumes Oubliés portent parfaitement leur nom et regorgent de lieux à découvrir au gré de vos voyages sur ces terres hostiles. Il n’est pas rare de tomber sur un sous-terrain et de s’y perdre plusieurs heures, au point d’en oublier la quête principale, et d’y prendre tout autant de plaisir.

Un RPG ne serait que l’ombre de lui-même sans un système de création et de personnalisation des avatars digne de ce nom, et encore une fois Larian Studios fait un sans faute ou presque. Dès le début du jeu, les options pour créer son héros sont nombreuses et deviennent légion à mesure que vous progressez dans l’histoire. La montée en puissance de votre personnage passe entre autres par le gain d’expérience, l’obtention de nouvelles aptitudes ou encore de nouveaux équipements toujours plus performants, mais pas uniquement. Le degré de customisation est tel qu’il est essentiel de spécialiser son héros et ses alliés afin de créer des synergies au sein d’une équipe parfaitement équilibrée. Néanmoins, le loot trop prévisible et peu varié pourrait en décevoir certains.

Un RPG tactique se joue au clavier et à la souris, cela tombe sous le sens. Ce sont les périphériques historiques du genre et nombreux sont les joueurs à ne jurer que par eux. L’interface de Baldur's Gate 3 est optimisée pour cette manière de jouer, il serait donc logique de la privilégier. Toutefois, il existe un monde où la manette tire son épingle du jeu. Larian Studios a repris l’interface de Divinity : Original Sin 2 et l’a intégré à BG3 avec succès, même si certaines imprécisions au pad peuvent s’avérer frustrantes. Deux interfaces distinctes, tel est le cadeau offert par les développeurs aux joueurs clavier/souris et manette. Qui plus est, passer de l’un à l’autre se fait aisément en appuyant simplement sur une touche et ce sans relancer le jeu.

Scénario

Baldur’s Gate 3 est la parfaite définition du “jeu vidéo dont vous êtes le héros”. Certes, la trame principale guide vos pas durant l’intégralité de votre aventure sur les terres des Royaumes Oubliés, mais en réalité votre histoire ne ressemblera à aucune autre. Chaque discussion, chaque combat, chaque interaction avec cet univers à la richesse insoupçonnée influe à plus ou moins grande échelle sur votre destinée et donc son épilogue sans que vos décisions mènent à un cul-de-sac narratif. Pour rappel, Larian Studios aurait doté son RPG de 17 000 fins différentes, et cela peut se concevoir une fois que vous êtes témoin des myriades d’opportunités, de quêtes et d’intrigues offertes en permanence par BG3.

La mise en scène de BG3 est bien plus classique que son écriture, mais n’en demeure pas moins efficace, et se permet des moments de bravoure à la hauteur des enjeux contés. L’introduction fait à elle seule étalage des ambitions des studios qui mettent les petits plats dans les grands. Par la suite, la narration passe généralement par des conversations, des dialogues d’exposition en voix off ainsi que la découverte de documents. Baldur’s Gate 3 respecte les traditions de ce point de vue, et laisse l’histoire être narrée par ses personnages. Seule la volonté de rendre l’épopée épique déroge à cette règle pour le plus grand plaisir des aventuriers qui peuvent alors jouir d’une cinématique parfaitement mise en œuvre.

Contenu

Baldur’s Gate 3 donne le vertige et son contenu en fait tout autant. Ce ne sont pas moins de 75 à 150 heures de jeu qui vous attendent pour terminer votre première partie, et ce n’est là que le début de votre aventure. Ce RPG brille par sa rejouabilité quasiment infinie pour un être humain avec ses dizaines de scénarios et d’alliés à recruter, ses centaines de personnages, le tout régi par des choix qui déterminent votre progression et le sens de l’histoire. Il faut cependant reconnaître que ce RPG n’est pas à mettre entre toutes les mains et souffre d’un manque d’accessibilité pour les néophytes à D&D et aux RPG. Une chose est sûre, l'aventure vaut clairement le sacrifice de quelques heures de votre vie.

Vous pouvez même vous lancer avec un ou plusieurs amis à l’assaut des Royaumes Oubliés. Le jeu propose un multijoueur en ligne et hors ligne (en LAN) permettant à 2 à 4 joueurs de coopérer durant l'intégralité de l’aventure. Et pour ceux désireux de jouer sur la même machine, BG3 se dote d’un mode “écran partagé” uniquement disponible pour deux joueurs. Pour cela rien de plus simple, il suffit de brancher un second pad et d’appuyer sur un bouton. La suite appartient à votre histoire commune.

Conclusion

Larian Studios assène une énorme gifle au monde du RPG et du jeu vidéo avec cette nouvelle adaptation de Donjons & Dragons. Baldur’s Gate 3 surprend, fascine, terrasse, et fait preuve d’une générosité à toute épreuve. Ce jeu de rôle peut sans problème prétendre au titre de GOTY 2023.

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