Quel amateur de jeu d’enquêtes n’a jamais rêvé de ce type d’expérience : un immense décor urbain et nocturne, éclairé par la simple lueur des néons et corrompu par le crime dans chacune de ses ruelles étroites et humides ; une sorte de sandbox survitaminé dans un film noir où les meurtres et les délits n’en finissent jamais, pour le plaisir de les élucider durant des heures. Telle est plus ou moins la promesse de Shadows of Doubt, un jeu d'infiltration et d'enquête immersif qui opte pour un cadre de science-fiction noir style cyberpunk entièrement simulé et gangrené par le crime. Tout juste rendu disponible en accès anticipé quelques jours plus tôt, il nous accorde le doux loisir d’incarner un détective privé chargé de résoudre une flopée de missions et, en outre, d’arrêter un tueur en série, le Graal du métier.

L'expérience d'enquêteur rêvée

Développé par ColePowered Games, petit studio aux très grandes idées, Shadow of Doubt fait rêver par son ambition folle, dont l’exécution est pour l’heure assez prometteuse : un monde simulé par génération procédurale qui abrite des centaines de personnes, chacune dotée d'un nom, d'un emploi, d'un logement et d’une routine parfaitement calibrée ; tous pouvant donc être filés pour le bien d’une mission. Notre grande aventure débute dans un appartement miteux dont nous semblons bientôt inaptes à payer le loyer. Sous le bas de notre porte d’entrée, un illustre inconnu glisse une note qui présage une belle épopée : “Trouvez Onni”. Voici qui embrase notre instinct naturel de détective et ni une ni deux, nous voilà à éplucher l’annuaire de la ville à la recherche de ce nébuleux personnage qui s’avéra être un cadavre jonché sur le sol de son salon.

Muni de votre scanner d'empreintes et de vos petits poings à équipés via une interface absolument peu pratique, il faut alors récolter un maximum de données et d’indices avant que quelqu’un ne vous trouve sur la scène de crime et ne vous envoie à l’hôpital, de quoi ouvrir plusieurs pistes. C’est là que demeure la partie la plus passionnante : l’enquête peut être entamée par le morceau que vous préférez ; ainsi, libre à nous de fouiller le bureau d’Onni sur son lieu de travail, de privilégier l’indice de l'appel reçu avant sa mort, de se rendre dans le dernier bar où il s’est amusé, où même d’arrêter une piste en cours de chemin pour s’élancer sur une autre. Chaque petite trouvaille notable peut être accolée sur notre grand tableau vierge dont il devient vite absorbant de relier d’une flopée de fils rouges chaque élément. C’est ainsi que la première enquête nous a captivés une bonne petite dizaine d’heures déjà, avant de se conclure, à regret, sur des questions sans réponses.

Du chemin à parcourir

Si nous avons trouvé l’arme du crime et le coupable, il a été bien difficile d’interpréter les raisons du méfait. Pour l’heure, le monde de Shadows of Doubt souffre d’une narration trop opaque et manque cruellement de logique. Lors de nos séquences d’infiltration, il est de rigueur de couper le système d’alarme et les lumières à l’abri des caméras dans un souci de discrétion. Pour autant, ouvrir la porte d’un appartement tout juste crochetée sous le regard de son habitant ne semble lui poser aucun problème à la condition que vous restez sur le paillasson. Quelques heures plus tard, ouvrir illégalement la boîte aux lettres vide d’un locataire réveillera la fureur d’un voisin qui nous délectera d’une flopée de balles de fusil en plein cœur. Les interactions avec les PNJ représentent le principal levier du jeu à améliorer. De même, les discussions se montrent encore sans grand intérêt, les questions n’étant pas personnalisées et les individus questionnés ayant toujours les mêmes réponses prédéfinies.

Rappelons que Shadows of Doubt est en accès anticipé, le studio prenant le soin de récolter les retours des joueurs pour la version finale : “La version complète de Shadows of Doubt comprendra du contenu supplémentaire et des optimisations qui seront introduites tout au long de l'accès anticipé. Nous prévoyons actuellement d'ajouter de nouveaux contenus tels que des cas nouveaux et améliorés, de nouveaux lieux et de nouvelles options d'interaction avec les citoyens, ainsi qu'une expérience de jeu plus complète et plus soignée”. Le studio a encore du chemin à parcourir pour confectionner l’expérience d’enquêteur ultime, dont l’attrait sandbox nous a néanmoins maintenus captivés de longues heures. D’autres mécaniques à peine esquissées au cours de notre run seront parallèlement exploitées : notre personnage dépendant d’une barre de santé, d’un logement à louer et à améliorer et d’un portefeuille à remplir. Ici, nous n’avons qu’une hâte : découvrir le jeu dans sa version complète et peaufinée.