GTA V continue de cartonner, mais les regards commencent à se tourner vers GTA VI, dont le développement a été confirmé par Rockstar Games. Mais, dans un monde ou l'accès aux jeux par l'intermédiaire d'un abonnement se généralise, la question se pose : GTA et les prochains jeux de Take-Two peuvent-ils directement intégrer un service à leur sortie ?
Le Game Pass de Microsoft continue de se développer, et son modèle économique, clairement avantageux pour les joueurs, commence à faire sens auprès du grand public. Pendant ce temps, Sony a choisi une autre approche, avec une refonte de son PlayStation Plus. Pas de jeux Day One dans son catalogue, mais des démos de quelques heures, des jeux rétros en cloud ou en téléchargement, et une sélection de jeux déjà sortis.
Take-Two va-t-il ajouter des jeux day one aux catalogues par abonnement ?
Pour Sony, dont les revenus dépendent en partie du jeu vidéo, appliquer la stratégie de Microsoft n'est pas viable, et "baisserait la qualité" des jeux développés en interne. De son côté, Ubisoft dispose de son propre service Ubisoft+, avec ses propres jeux. Un modèle que pourraient éventuellement suivre d'autres éditeurs, parmi lesquels Take-Two. Alors, est-ce les prochains jeux de l'éditeur, Grand Theft Auto VI en tête, seront-ils intégrés dès leur sortie dans un abonnement ?
Strauss Zelnick n'en voit tout simplement pas l'intérêt. Interrogé par Games Industry, le PDG de la marque indique que certains jeux sont disponibles dans les services, mais qu'il n'avait aucun intérêt à sortir les jeux day one dessus. Et quand on pense à l'engouement que suscitent GTA, NBA 2K, Mafia ou encore Red Dead Redemption, on comprend assez aisément que l'intérêt financier d'une telle pratique serait discutable pour l'éditeur :
Nous avons pris en charge divers services d'abonnement et nous sommes heureux de le faire. (...) Cela n’a aucun sens pour nous parce que, économiquement parlant, nous ne pensons pas que les consommateurs soient prêts à payer pour cela – pourquoi le feraient-ils ? – et nous ne pouvons pas nous permettre de bouleverser notre entreprise d’une manière qui n’a pas de sens sur le plan économique.
Il doit donc toujours y avoir une intersection entre ce que veut le consommateur et ce que l’éditeur est capable de faire (...). Je pense que Sony est un peu d’accord avec nous, car ils l’ont dit. Cela peut être potentiellement intéressant pour les jeux qui sont sur le marché depuis un certain temps. Si leur prix a été réduit, il peut être économiquement judicieux de les proposer sur la base d’un abonnement.
Autrement dit, toucher de nouveaux joueurs et redonner de l'élan à des jeux déjà sortis, oui, se passer des revenus émanants d'un titre qui vient de sortir, non. Sur ce point, Strauss Zelnick rejoint les déclarations de Jim Ryan, mais n'évoque pas l'aspect qualitatif des titres. Toutefois, il n'exclut pas de revenir sur ses propos si l'évolution de l'industrie l'y contraint.
Cette société ne fonctionne pas sur la base des opinions d'une seule personne, y compris la mienne, et quand cela a du sens, nous prendrons en charge les services d'abonnement, et si c'est là que le consommateur veut être, c'est là que nous serons. C’est l’une des choses les plus terrifiantes liées au fait de travailler dans le jeu vidéo –nous sommes tellement à la pointe, que toute prédiction fera nécessairement passer quelqu’un pour un imbécile.
Stauss Zelnick est méfiant vis-à-vis des "mots à la mode"
En fin d'année dernière et au début de l'année 2022, les mots NFT et blockchain étaient sur toutes les bouches, notamment du côté de l'industrie du jeu vidéo. De nombreux jeux basés sur les NFT, les cryptomonnaies et la blockchain sont apparus, Steam les a rejeté, des éditeurs comme Ubisoft ont lancé leur plateforme, des studios ont tenté leur chance avant de faire machine arrière, et Square Enix s'est dit très intéressé.
Mais quelle est la position de Take-Two sur le sujet ? Parmi les rumeurs concernant le contenu de GTA VI, on évoquait une critique de la blockchain au sein du jeu, ce qui pourrait donner une indication sur l'état d'esprit. Strauss Zelnick s'est exprimé à ce sujet, et se méfie beaucoup des mots "à la mode" tels que les NFT, le métavers, la blockchain ou les cryptos :
Je suis toujours sceptique à propos des mots à la mode parce qu’ils signifient différentes choses pour différentes personnes, et les gens qui investissent derrière les mots à la mode n’obtiennent probablement pas d’excellents résultats. Je ne suis pas du tout sceptique sur les mondes immenses, interactifs, dynamiques et divertissants car notre entreprise est responsable d’en héberger, au minimum, trois. (...)
Je pense que là où réside mon scepticisme, c’est que chaque entreprise croit soudainement qu’en prononçant le mot « métavers » en plus de la stratégie commerciale de leur entreprise, cela signifie que d’une manière ou d’une autre, ils seront transformés et que le nirvana est à portée de main, et naturellement, ce n’est pas le cas.