Arkane Studios est connu pour faire des jeux dont le principe est difficilement explicable mais qui s’avèrent finalement être d’une très grande profondeur. Deathloop ne déroge pas à la règle. Nous pourrions dire que ce FPS coince le joueur dans une terrible loop temporelle. Mais loupe-t-il ce qu’il entreprend ?
transcription de la vidéo
Quand Colt, le personnage principal de cette aventure, se réveille sur une plage, il a deux problèmes. Le premier, c’est qu’il est amnésique. Le second, c’est qu’il observe de drôles de phrases spectrales qui virevoltent dans l’environnement. En réalité, il y a bien pire : Colt est enfermé dans une boucle temporelle. Cela signifie que s’il meurt ou s’il attend la nuit, la même journée redémarre inlassablement. Le seul moyen de sortir de ce bourbier est de tuer les 8 psychopathes qui régissent l’île de Blackreef. Le problème, c’est que c’est normalement impossible à cause de différents protocoles de sécurité. Colt a néanmoins un avantage sur les autres habitants de l’île qui vivent eux aussi la même journée à répétition : il a conscience d’être dans une loop et a donc la faculté d’apprendre de ses erreurs… et celles des autres.
Commençons par le point qui est peut-être le moins reluisant de Deathloop. Graphiquement, le titre d’Arkane ne fait pas trop Next Gen. Certaines textures sont basiques et les effets spéciaux ne sont pas des plus impressionnants. Le manque d’objets du décor disposant d’une physique saute aux yeux dès que l’on commence à tirer sur tout ce qui bouge. Le soft dispose de trois modes visuels, Performance, Qualité et Raytracing. La technique pure qui manque d’éclat est contrebalancée par une direction artistique originale où les sixties et les seventies sont plus déjantées que jamais. Les accoutrements aberrants des PNJ et les fumigènes de toutes les couleurs correspondent bien au ton largement désinvolte de l’épopée. Sur PC, Deathloop nécessite une carte graphique très récente pour tourner en 4K à 60 FPS. Mais, heureusement, de nombreuses options graphiques sont proposées, dont FSR de AMD, qui permet d’augmenter sensiblement la fluidité. Le jeu reste en tout cas très propre, même sur une petite configuration et vous pourrez jouer sans aucun souci en 1080p, même si votre machine a déjà quelques années.
Le gameplay de Deathloop est bourré de détails et de règles à maîtriser avant de prendre son pied. Comme dans un Dishonored, le joueur a le choix entre la méthode douce et l’action pure pour progresser. Beaucoup d’éléments de personnalisation existent afin de créer un personnage qui correspond à notre style de jeu grâce aux breloques et aux modules à ramasser sur les ennemis. Petit à petit, Colt passe de l’état de proie à celui de chasseur. Télékinésie, téléportation, invisibilité, berserk, il y en a pour tous les goûts et ce sont vos adversaires qui font morfler. Un jeu Arkane avec des combats satisfaisants, voilà qui fait plaisir ! Dommage cependant de constater que l’IA comporte de nombreux soucis. En terme de structure, le joueur doit remplir différents objectifs selon des moments précis de la journée jusqu’à ce que la boucle parfaite lui soit proposée pour l’emporter. En gros, c’est plutôt classique, même si le jeu fait tout pour nous faire croire le contraire. Enfin, les parties peuvent être envahies par un personnage dirigé par un autre joueur humain qui incarne Julianna. Cela ajoute du sel à l’aventure et apporte une dose d’aléatoire totalement plaisante.
Deathloop, c’est l’école du gameplay. Le scénario est raconté par divers documents ou via les nombreux dialogues qu’il y a entre Colt et Julianna au début de chaque boucle. N’espérez pas assister à de belles cinématiques lorsque vous tuez un boss, quasiment toute l’aventure se vit sans qu’une cutscene ne prenne la main. Arkane oblige, la narration environnementale est bien présente et le scénario se laisse suivre avec un certain plaisir, d’autant plus que quelques surprises sont au programme. Dommage que la fin soit si abrupte et ne nous donne pas l’impression de nous récompenser pour tous les efforts fournis. Ce que nous regrettons vraiment, c’est le côté dirigiste de l’aventure. Le joueur n’a qu’à suivre ses marqueurs d’objectifs pour reconstituer la boucle finale. Nous aurions aimé nous creuser un peu plus les méninges pour produire à notre manière la boucle parfaite.
Bien que Deathloop n’offre que quatre grandes zones de jeu à explorer, au level design, certes, diablement réussi, le contenu est tout de même conséquent. Il y a tout un tas d’armes à ramasser aux styles différents avec des fusils à pompe, des fusils à lunette, des pistolets, des mitraillettes. Il y a aussi des éléments à pirater, des tourelles à transporter, des améliorations à ramasser et de multiples modules à piquer au boss pour devenir surpuissant. La maîtrise du résiduum permet de garder des compétences et des armes d’une boucle à une autre, ce qui engendre une montée en puissance grisante. Même s’il y a bien un mode PvP grâce à Julianna, les raisons de retourner sur Deathloop une fois la campagne terminée ne sautent pas aux yeux. Non, aucun new game + n’apparaît une fois les crédits de fin visionnés. En ce qui concerne les missions, certaines sont plus réussies que d’autres, mais elles restent globalement classiques.
Les musiques de l’œuvre d’Arkane sont réussies et collent bien aux actions du joueur. Cela signifie qu’elle est calme lors des phases d’infiltration et qu’elle s’anime lors des affrontements. Les sons couvrent convenablement l’action et les voix françaises, assez théâtrales, permettent de ne pas être forcé à lire de sous-titres. Les répliques des adversaires manquent tout de même de naturel, surtout au moment où ils nous détectent, mais ce n’est qu’un détail.
À l’aise dans l’exercice de style qu’impose la boucle temporelle, les artistes d’Arkane signent avec Deathloop un très bon FPS. Plus orienté action qu’un Dishonored, le titre de Bethesda nous laisse une grande liberté dans la manière de réussir les missions, quand bien même la trame principale serait dirigiste. Deathloop encourage les expérimentations de toutes sortes dans un univers qui tranche drastiquement avec ce que les lyonnais ont déjà produit. Dommage que l’IA ne soit pas fameuse et que rien ne nous invite véritablement à relancer le soft une fois la campagne terminée. Pour toutes ces raisons, nous lui attribuons la note de 16/20.
Deathloop est disponible sur PlayStation 5 et PC