Même si Mario est rendu sympathique par son embonpoint des plus attachants, voilà des années que le plombier s’échine à faire du sport. En marge des sessions de karting qui ont participé à sa renommée, il s’est essayé à tout un tas de disciplines. Du tennis au basket, en passant par le foot et le golf, le bougre ne tient pas en place. Et lors d’un récent Nintendo Direct, nous avons appris qu’il allait bientôt revenir à son premier amour. L’occasion rêvée pour explorer la carrière du héros.
Tout le monde attendait Breath of the Wild 2 mais c’est finalement Mario qui a frappé fort. Frappé fort dans la balle, puisque le récent Nintendo Direct fut l’occasion de découvrir Mario Golf : Super Rush, nouvelle entrée du plombier dans la célèbre discipline prévue pour le 25 juin prochain. Comme d’habitude, le tout mettra en scène les environnements variés du Royaume Champignon, pas mal de personnages, mais aussi quelques nouveautés. C’est pour l’instant le Speed Golf qui a été mis en avant, course folle où il faut terminer un parcours le plus vite possible. Mais un mode Histoire sera aussi de la partie, avec des composantes RPG comme sur la plupart des épisodes portables de Mario Golf. Avec ce titre, la mascotte de Nintendo revient à ses premiers amours, puisque c’est avec cette activité que sa carrière sportive a débutée, il y a de cela 30 ans.
The Eyes of the Tiger Woods
Les premiers pas de Mario dans le sport sont aujourd’hui encore débattus. Certains pensent que dès 1984 au Japon, dans le sobrement intitulé Golf sur Famicom, c’est déjà lui, casquette et polo rouge sur la jaquette, qui tient la tête d’affiche, malgré des proportions réalistes. Difficile à dire : à l’époque, Super Mario Bros, qui fera exploser Nintendo dans le monde, n’est pas encore sorti, mais les deux Donkey Kong ont déjà fait leur trou.
En tout cas, l'équipe de développement comprend un certain Shigeru Miyamoto, créateur de Mario, mais également Kenji Miki et Satoru Iwata, programmeur touche-à-tout qui deviendra président de Nintendo de 2002 à 2015, avant de disparaître tragiquement cette même année. À eux trois, ils vont créer des règles qui entreront dans les mœurs du jeu de golf, en particulier la frappe en trois temps qui permet de régler la précision et la puissance d'un coup. Avec le temps, on a parfois du mal à se prononcer sur la qualité d’un jeu aussi ancien, mais Golf faisait bel et bien partie du haut du panier. Plusieurs sources s’accordent à dire qu’il s’est vendu à plus de 4 millions d’exemplaires au total, ce qui en ferait l’un des dix plus gros succès de la NES. Le titre est d’ailleurs la troisième partie d’un triptyque sportif, lancé par Nintendo à la même époque, et qui comprenait les tout aussi sobrement nommés Baseball et Tennis. Dans ce dernier soft, Mario apparaît fièrement en tant qu’arbitre. Ce sera aussi le cas dans Punch-Out de 1987.
“It’s me, Mario”
Mais il faut attendre le tout début des années 90 et l’adaptation de Golf sur Game Boy pour que Mario soit vraiment mis en avant sur la jaquette d’un jeu de sport. Il est intéressant de noter que ce coup de projecteur est réservé à la version occidentale du titre, et que les portages de Tennis et Baseball subiront le même sort. Le tout s’explique par la sortie de Super Mario Bros quelques années plus tôt, qui va asseoir la domination de Nintendo à travers le monde, mais surtout signé une victoire en occident et aux Etats-Unis.
En occident, les versions de Golf, Tennis et Baseball mettent en avant Mario, contrairement au Japon
La tendance se confirme avec un nouveau jeu de Golf sur Famicom en 91 : NES Open Tournament, où Mario arbore une bien belle salopette aux couleurs du drapeau américain, sur la version occidentale comme japonaise. C’est aussi le premier jeu de sport qui s’appuie vraiment sur l’univers du Royaume Champignon, avec Luigi comme autre personnage jouable, mais aussi la présence de Peach, Daisy et Toad.
Des protagonistes qui deviendront de véritables compétiteurs dans le célébrissime Super Mario Kart de 1992, dont la série fait office de cas à part dans les jeux de sport dirigés par les stars de Nintendo. Son succès, plus d’actualité que jamais (30 millions d’unités pour le dernier épisode), est loin devant celui des disciplines traditionnelles du plombier. Ce qui n’empêchera pas Nintendo de poursuivre sur sa bonne lancée.
De la qualité signée Camelot
Car après un Mario’s Tennis sur Virtual Boy resté anecdotique à cause de l’échec de son support, les jeux de sport avec le célèbre italien entrent dans une forme d'industrialisation à l’orée des années 2000. Le succès de Super Mario 64 et Mario Kart 64 est passé par là, et “la route du succès est claire : Nintendo a besoin de plus de Mario” analyse Kotaku. La firme en appelle alors au studio Camelot, raconte le même média :
Camelot, fondée à l'origine en tant que division de Sega en 1990, était bien connue pour sa longue série de RPG Shining. Le seul autre titre de renommée du studio était leur jeu de sport PlayStation Everyone’s Golf. Lorsque Camelot a officiellement rompu ses liens avec Sega en 1998, le studio a décidé de se mettre au lit avec l'ennemi, offrant ses services à l'ancien rival acharné de Sega, Nintendo (...) Nintendo a chargé Camelot de développer quatre nouveaux titres sportifs à paraître pour la Nintendo 64 et la Game Boy Color sur une période de trois ans - Extrait de “The Ups And Downs Of Mario Sports Games”, Ben Bertoli (Kotaku)
C’est des fruits de ce partenariat que naquirent, à partir de 1999, Mario Golf et Mario Tennis sur Nintendo 64, qui auront tous deux droit à leur adaptation sur Game Boy, chapeautée par Camelot. Les deux opus sur console de salon sont très solides, et les versions portables ont pour originalité de proposer des éléments de RPG, avec des dialogues, un peu d’exploration, et surtout des défis pour améliorer son joueur.
Les années suivantes, sur Gamecube, Camelot continuera à faire du Camelot, avec Mario Golf : Toadstool Tour et Mario Power Tennis, souvent considéré comme le meilleur volet dédié au jeu de raquettes. Le studio appuie alors sur la pédale du fun, avec un mode qui choisit aléatoirement le club avant chaque coup dans l’un et des frappes spéciales dans l’autre. Sans oublier deux épisodes portables, cette fois sur Game Boy Advance, où la composante RPG est encore plus présente. La machine est bien huilée et le succès est au rendez-vous.
Mario Golf : Toadstool Tour - Waluigi Vs Birdo (Gameplay)
Le terrain de la Wii
On parlait d’industrialisation pour les jeux de sport Mario un peu plus haut, eh bien cette dernière s'intensifie au milieu des années 2000. Nintendo fait alors appel à d’autres développeurs que Camelot pour réaliser ces titres, à l’image de Namco sur Mario Superstar Baseball et de Next Level Games (récemment racheté par la firme de Kyoto) sur Mario Smash Football. En parallèle, Electronic Arts invite le plombier et ses amis dans SSX On Tour et NBA Street V3 à l'occasion de leur sortie sur Gamecube.
Mais l’arrivée de la Wii en novembre 2006 change la donne : la console qui veut faire bouger les foules est directement livrée avec un jeu de sport, Wii Sports, dont les plus gros atouts sont sans aucun doute les épreuves de Tennis et de Golf. Il faudra ainsi attendre une dizaine d’années avant de revoir l’une de ces disciplines estampillées Mario sur console de salon. Même si en 2009, Camelot est de retour pour le portage motion-gaming de Mario Power Tennis dans le cadre de la gamme "Nouvelle Façon de jouer !".
En marge de deux autres épisodes dédiés au foot et au baseball, l’heure est ainsi à la compilation d'activités, sans doute impulsée par Wii Sports. Et dans le genre, il y en a une qui rencontrera un succès tout particulier : Mario & Sonic aux Jeux Olympiques. Développé par Sega, la réunion des deux plus grands némésis du JV s’est vendue au total à plus de 10 millions d’exemplaires sur DS et Wii, incitant Nintendo à remettre le couvert à chaque JO d’été et d’hiver malgré des titres contrastés, où la quantité prime souvent sur la qualité.
On retrouvera d’ailleurs ce défaut dans d’autres compilations sportives signées Mario, à l’instar de Sports Mix sur Wii (2011) ou de Sports Superstars, sorti six ans plus tard sur 3DS. Lors de cette petite baisse de régime, les possesseurs de la nouvelle portable de Nintendo ont tout de même pu compter sur deux nouveaux jeux Camelot, Mario Tennis Open et Mario Golf : World Tour. Mais malgré son expérience, le studio n’est pas infaillible. Et c’est la toute nouvelle console de Big N qui en fera les frais.
Mario Sports Mix
Faute et remise en selle
Car Mario Tennis Ultra Smash, paru en 2015 sur Wii U, peut sans aucun doute repartir avec la palme du plus mauvais opus dédié à ce sport, ou du moins celui qui a fait l’objet de l’accueil critique le plus froid (58/100 sur Metacritic et 10/20 dans nos colonnes). Camelot semble en effet avoir oublié toutes ses bonnes idées en cours de route, malgré un volet réussi sur 3DS en 2012. Ici, exit les frappes spéciales uniques à chaque personnage et bonjour aux maxi champi, qui transforment vite les échanges en règlements de compte. On peut aussi déplorer un contenu assez léger. Une interview chez Famitsu laisse entrevoir les difficultés rencontrées par l’équipe :
Nous avions peur avant le développement (de Mario Tennis Ultra Smash, ndlr). Parce que beaucoup de gens nous ont dit que le développement de titres HD était très difficile. Nous nous demandions également si nous avions suffisamment de main-d’œuvre à l’époque, mais nous sommes arrivés à la conclusion que de nos jours, il est inévitable de créer des titres HD. Nous nous sommes donc préparés et avons essayé d’affronter ce challenge - Hiroyuki Takahashi, lead designer de Mario Tennis Ultra Smash (Famitsu)
Fort heureusement, le récent Mario Tennis Aces sur Switch a davantage convaincu, et se serait même écoulé au total à plus de 3 millions d’exemplaires, un chiffre tout à fait honnête au vu des résultats habituels de la licence. Et c’est aussi Camelot qui s’occupera du prochain Mario Golf : Super Rush, attendu pour le 25 juin 2021. Un retour aux sources synonyme de succès ? Nintendo, la balle est dans ton camp.