Le 31 janvier 2017 à 21:50:30 Mafiou-Monroe a écrit :
Notre prof, nous a laissé réfléchir ( sans dissertation ou autre à rendre ) sur la question "Faut il avoir peur du progrès technique ?"
C'est un bon sujet car on travaille sur l'art, mais le progrès technique peut il vraiment être relié à l'art ? Par les méthodes nouvelles de diffuser l'art ?
Après un progrès technique était sûrement fabuleux à l'époque, alors que aujourd'hui il peut être délaissé voir oublié. La peur d'oublier une façon de faire/ travaillé est bonne ?
Ou alors le progrès technique dépassera l'homme un jour non ? Et ainsi créé une peur de soumission ( croyance à la domination robotique tousa tousa )

Pourquoi le progrès technique serait toujours bénéfique ? on voit bien que non... les centrales nucléaires, les centrales à charbon polluent l'atmosphère, notre environnement, le pétrolé n'en parlons pas ! où est le progrès ? cela provoque des bouleversements climatiques et écourtent l'espérance de vie d' lhumanité.

c'est le cas de nombreux progrès techniques : la mdéecine par exemple, tout le monde ne dit que du bien de cela... or, ces progrès ont décuplé la population mondiale... et cette hausse de la population a des csq aussi... : il faut plus de nourriture, donc on défriche... donc on coupe les arbres... or les arbres fournissent l'oxygène... donc il y a moins d'oxygène... etc.

tous les progrès techniques engendrent des effets pervers, ce qui les rend pas si bénéfiques que ça en fin de compte. C'est un peu le miroir aux alouettes !
Plutôt que de prôner le progrès technique, on ferait mieux de promouvoir le progrès intellectuel !

Les progrès scientifiques et technologiques engendrent de nouveaux symptômes, ils sont illusion et nous ont rendu plus dépendants et aliénés que jamais : combien parmi nous s'accrochent-ils à leur smartphone, idéal mathématique et technologique, espérant avoir trouvé là une solution mais plus frappés par leur absence que leur présence ?

Tiens, ça me fait repenser à une réflexion que je m'étais faite récemment sur la banalisation technique : un truc idiot, mais auquel on ne pense pas assez souvent, je crois.

Avant l'an 2000 (oui, je suis vieux, je sais), on était tous à imaginer qu'on aurait des ordinateurs dans la poche et que les voitures nous conduiraient automatiquement où nous voulons (on aurait droit de faire la sieste au volant !) pat les airs, comme des fusées individuelles, et que nos maisons seraient des tours à l'architecture arrondie.
Bon, on n'a pas vu tout çà se réaliser, mais les ordinateurs de poche, bien.

Et là, ce que je veux dire, c'est que, ce qu'on osait rêver auparavant, désormais, c'est devenu banal. Autrefois, on rêvait que toutes les maisons auraient le téléphone et la lumière électrique (relisez Pagnol ! ). Je veux dire, bientôt, on trouvera çà complètement normal d'avoir un smartphone, que ça va de soi. On ne se souviendra plus que des hommes l'aient rêvé.

Et du coup, l'appropriation du progrès, la perte du rêve, n'est-ce pas ce qui fait justement le désenchantement de ce progrès rêvé par nos parents ou nos grands-parents, et de même, nos petits-enfants ne prendront-ils pas nos rêves pour du B.A.BA qui va de soi ?

Bon, j'en avais déjà parlé il y a quelques temps dans un autre topic, mais, du coup, l'idée c'est que si le progrès apporte plus d'inconvénients que d'avantages, n'est-ce pas parce que nous en oublions régulièrement les enjeux, et que nous traitons avec désinvolture des avancées qui ont coûté des efforts à ceux qui les ont rêvées, mais pas à nous ?

Il est facile de se dire que le soi-disant progrès nous mène à la faillite, mais n'est-ce pas plutôt notre désinvolture, notre manque de respect, notre tendance à considérer les acquis techniques comme normaux, et non comme un miracle de l'intelligence humaine, qui nous poussent à mal les utiliser à mauvais escient, et à faire avec eux plus de mal que de bien ?

C'est pas un manque de respect le problème selon moi, c'est le fait que l'homme désire perpétuellement

Bien sûr qu'on se fiche de notre téléphone portable maintenant qu'on l'a, puisqu'on ne peut plus le désirer ni l'inventer. On ne peut plus le rêver.
Alors on se tourne vers quelque chose d'encore plus fou, d'encore plus poussé, vers autre chose d'encore inaccessible. On le voit bien avec le voyage par exemple. On se fiche éperdument d'aller en Amérique, mais on rêve tous secrètement d'avoir fait partie de ceux qui l'ont découverte. Alors on se tourne vers l'espace. Et quand on sera suffisamment allé à telle ou telle destination dans l'espace, on s'en fichera, donc on ira voir plus loin.

Tu peux voir ça dans le sport où la compétition aussi. C'est énorme de battre le recordman mondial en titre. C'est beaucoup moins énorme de battre un recordman déjà battu, et pourtant c'est déjà une prouesse. Mais il manque ce dépassement, cette excellence, ce saut vers l'inconnu.

C'est ce qui fait que le développement de la technique chez l'homme est fulgurant, l'homme ne s'arrêtera jamais. Il a beau chercher en se fixant un but une sérénité, un bonheur, un repos, un état de perfection béate, en réalité il se rend pas compte qu'il est animé par ce manque, et que lorsqu'il aura atteint ce qu'il cherche, il cherchera autre chose pour être animé à nouveau. Paradoxalement, on ne veut pas un résultat, on veut un questionnement. On ne veut pas posséder, on veut acquérir. On ne veut pas la destination mais le chemin, tu peux appliquer ça à tous les aspects de la vie, même à la séduction ou au sexe. Le moment le plus barbant c'est encore quand on a accompli ce qu'on voulait accomplir. Le moment le plus grisant c'est l'instant qui précède, où on se sait sur le point d'arriver à quelque chose, mais où c'est pas encore fixé ni immobile. C'est la transcendance ultime. Un gosse veut ouvrir ses cadeaux, plutôt que jouer avec, d'ailleurs les 3/4 finiront au placard le jour suivant. Mais l'excitation était bien réelle le matin de Noël. Un chercheur veut créer, trouver, découvrir, pas jouir de sa création, trouvaille, découverte. C'est presque égoïste au final, c'est une satisfaction personnelle, même quand on fait avancer les plus grandes causes. C'est du sexe.

Mais c'est justement exactement de cela que je parle. Si je suis passionné par l'histoire des sciences, c'est justement parce que, ce qui me passionne, c'est de prendre conscience de tous le sefforts qu'on a dû faire pour en arriver là où nous en sommes, les idées qu'il a fallut remettre en question, qui nous ont dérangés, voir plus loin que les a-prioris de la culture... Et même les efforts physiques, voire économiques, pour en arriver là, les investissements, les bricolages, l'ingéniosité à l'œuvre pour aller dans un sens contraire à celui de l'intuition, parfois.

Moi, quand je regarde mon téléphone (et je ne possède même pas un smartphone, mais un vieux téléphone), je me suis émerveillé par les défis - mêmes ceux proprement techniques, pour ne pas dire épistémologiques - qu'il a fallu pour pouvoir réaliser çà !
Pour la voiture, c'est pareille : peut-être qu'on ne l'utiliserait pas à tort et à travers, et qu'on ne galvauderait pas la pollution, si on était mieux au fait du génie qu'il a fallu déployer pour y parvenir !

Le problème c'est que justement la plupart des gens n'ont pas conscience de cela, comme tu dis, dès qu'un rêve a été réalisé ou un objectif technique atteint, ils s'en foutent de savoir comment on en est arrivés là, ils se contentent de l'utiliser passivement.

Et il n'y a pas besoin d'être ingénieur ou méta-bio-nucléo-physicien pour s'intéresser à l'histoire du progrès technique. Mais c'est quelque chose qui ne s'apprend nulle part, ni à l'école, ni en dehors, sauf dans les cours spécialisés : je veux dire, si on s'intéresse à e sujet, on est obligés d'aller chercher la doc parce qu'elle n'est pas mise à la portée de tous.

En collège /lycée, on apprend les formules de maths et de chimie, ou le système respiratoire en bio, mais on n'apprend pas quel génie il a fallu déployer pour arriver, cahin-cahas, à ces découvertes.
Et c'est pareil quand on étudie l'électricité en physique.
Parce qu'on n'y est pas arrivé en ligne droite, il y a eu tout un travail, avec des théories contraires, des savants qui se sont trompés, etc...

Et encore aujourd'hui, par exemple, quand on parle de l'atome, ça semble aller de soi, on nous l'apprend, on nous apprend, bon, le monde est fait d'atome. Mais il y a à peine 80 ans, l'atome n'était qu'une théorie parmi d'autres, et les énergétistes tenaient le haut du pavé.
Ce qui va de soi pour nous, ce qui nous semble être juste du bon sens, on ne se rend pas compte quelles batailles il a fallu mener pour y arriver.

Et le téléphone n'est qu'une de ces applications. Qui sait ce que le téléphone (et je ne parle pas du smartphone-mp3-tactile-vidéoludique, non, je parle juste de l'appareil qui transmet le son de ma voix à de skilomètres de là) doit à la cybernétique de Wiener, et à la théorie de l'information de Shannon ?

Là encore, je ne suis pas mathématicien, donc les équations, pour moi, je les regarde comme de schoses étranges, énigmatiques et jolies, je ne sais pas ce qu'elles veulent dire, mais quand on m'explique le principe de rétroaction, je n'ai pas besoin d'être matheux pour le comprendre.

Et il y a des profs qui seraient capables de faire un cours là-dessus en le rendant passionnant, parce que çà l'est !

Mais faute d'avoir une initiation à cela, je suis convaincu que le progrès technique restera, pour une majorité malheureusement tenu à l'écart et dans l'ignorance, une banalité galvaudée... Parce que personne n'aura été là pour leur montrer à quel point l'histoire de la recherche des solutions aux difficultés techniques est géniale, à la fois riche, passionnante, instructive, et amusante.

Et qu'on ne regarde plus un téléphone de la même façon, après cela !

Là vache, j'ai été lyrique, hier