CONNEXION
  • RetourJeux
    • Tests
    • Soluces
    • Previews
    • Sorties
    • Hit Parade
    • Les + attendus
    • Tous les Jeux
  • RetourActu
    • French Days
    • Culture Geek
    • Astuces
    • Réalité Virtuelle
    • Rétrogaming
    • Toutes les actus
  • French Days
  • RetourHigh-Tech
    • French Days
    • Actus JVTECH
    • Bons plans
    • Tutoriels
    • Tests produits High-Tech
    • Guides d'achat High-Tech
    • JVTECH
  • RetourVidéos
    • A la une
    • Gaming Live
    • Vidéos Tests
    • Vidéos Previews
    • Gameplay
    • Trailers
    • Chroniques
    • Replay Web TV
    • Toutes les vidéos
  • RetourForums
    • Hardware PC
    • PS5
    • Switch
    • Xbox Series
    • Overwatch 2
    • FUT 23
    • League of Legends
    • Genshin Impact
    • Tous les Forums
  • PC
  • PS5
  • Xbox Series
  • PS4
  • One
  • Switch
  • Wii U
  • iOS
  • Android
  • MMO
  • RPG
  • FPS
En ce moment Genshin Impact Valhalla Breath of the wild Animal Crossing GTA 5 Red dead 2
Etoile Abonnement RSS

Sujet : Les noirs aux USA : 1945-

News culture
La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume - la révolution simienne est en marche !
DébutPage précedente
1234567891011
Page suivanteFin
kotaro123 kotaro123
MP
Niveau 10
26 juillet 2015 à 14:32:15

Ce topic est destiné à tous ceux qui veulent en savoir plus sur la position des noirs dans la société américaine. Bien sûr, il ne sera pas exhaustif mais pose les “bases” sans lesquelles, je pense, une discussion sensée sur le sujet ne peut pas avoir lieu. Je donnerai ici les facteurs explicatifs principaux d'un certain nombre de choses qui sont régulièrement discutés ici (notamment à chaque fois qu'un policier blanc tire sur un noir ou que l'on discute des données de la population pénitentiaire), en précisant le contexte américain, son évolution et des caractéristiques principales. Comme c'est un topic de vulgarisation, je ne vais pas citer, la bibliographie sera donnée à la fin. Tous les éléments sont vérifiables – et discutables, donc n'hésitez pas si vous en savez un peu plus, n'hésitez pas à compléter ce qui se veut un travail de surface, forcément lacunaire...

G.I. Bill, Urban Renewal : aux racines des inégalités actuelles

L'équilibre politique post-guerre repose sur le consensus fordiste et le welfare state (l'État-Providence), mais également sur des principes plus anciens, comme la république des propriétaires voulue par Jefferson. Dans une moindre mesure, l'intervention de l'État fédéral déjà amenée par le New Deal peut également en faire partie. La guerre a mis une génération sur le front. Cette génération a perdu les années de la guerre à se battre, et n'a donc pas pu s'instruire et construire les bases de sa croissance future. Également, le sentiment de gratitude de la population vis-à-vis des GIs s'exprime. C'est dans ce cadre qu'est décidé le G.I. Bill. Comme vous l'avez peut-être deviné, l'équilibre post-guerre n'inclut pas la question noire. Le G.I. Bill, qui prévoit de financer l'éducation et l'accès à la propriété via des crédits hypothéquaires (tiens tiens :noel:) garantis par l'État, ou des crédits à la consommation à taux d'intérêts faibles ne concerne que les anciens G.I.... blancs. Les noirs sont exclus de cette politique et doivent donc composer avec les désavantages du retour de la Guerre – et du sentiment d'ingratitude qui va avec. Pour les millions d'américains blancs qui vont en profiter, le G.I. Bill va “créer” la culture américaine. Premièrement, pour l'écrasante majorité d'entre eux, cela signifie l'obtention d'une voiture, qui devient LE véhicule américain par excellence comme nous le verrons dans le paragraphe suivant. Secondement, pour la plupart également, il s'agit de l'accession à la propriété. Mais pas n'importe où. Cette politique amorce la désertion progressive des blancs du centre-ville, et la création de la métropole américaine qui peut se résumer par une opposition forte entre le downtown et les suburbs, c'est-à-dire de l'étalement des métropoles - l'opposition entre un centre très dense et des suburbs à faible densité. L'important à retenir ici, c'est également que la standardisation de l'offre de logement permet au plus modeste des ouvriers blancs d'accéder à la propriété – ce qui n'est pas le cas de son homologue noir. Évidemment, étant donné que le crédit est garanti, il y a un certain nombre de conditions à respecter, faute de quoi la garantie n'est plus assurée. L'absence de noirs dans les quartiers où un prêt doit être garanti en est une. Ce critère qui est demandé par les institutions est également défendu par les citoyens profitant de la politique prétextant le fait que, comme leur logement était leur principale forme d'épargne – et l'accroissement du prix de leur logement leur assurance-vie en quelque sorte, une dévaluation de leur logement signifierait la destruction de leur épargne. Les noirs sont à l'époque déjà perçus comme des nuisibles aux moeurs malsaines – quelque soit leur niveau de vie. On serait tenté en effet de crier à la ségrégation sociale – d'un côté les riches de l'autre les pauvres, mais ce n'est pas le cas, les noirs bourgeois sont également vus comme des nuisibles et chassés des quartiers blancs. En effet, cette désertion des quartiers blancs est à la fois voulue et subie – les suburbs proposent tout le confort que le centre-ville n'a plus (un même mouvement s'amorce en Europe), mais les promoteurs immobiliers souvent utilisent des familles noires souhaitant s'installer dans des quartiers blancs pour faire partir ces derniers sous la menace d'une dévaluation des prix de leur logement. Il n'est pas rare que la venue de quelques familles noires dans un quartier pousse les blancs à en déménager en acceptant de vendre à un prix en dessous du marché aux promoteurs afin d'éviter un effondrement (ces mêmes promoteurs vendant au dessus du marché aux noirs désirant s'y installer). Ces fuites se déroulent évidemment en majeure partie dans les centre-villes qui sont, dans le Nord-Est majoritairement habité par des noirs, ou en tout cas, où la proportion des noirs tend à augmenter à une vitesse fulgurante. Par exemple, pour donner une idée, Detroit passe de blanche à 80% à noire à 80 % en l'espace d'un demi siècle. Si le turn-over ethnique n'est pas si fort partout, ça donne une idée des proportions du phénomène, en gros, dans les centre-ville du Nord il y a partout eu du turn-over ethnique. Ce qui ne signifie pas évidemment que les blancs disparaissent du tableau, simplement que la ségrégation change d'échelle : à l'intérieur du centre-ville elle passe à une ségrégation entre centre-ville- noir et suburbs, blancs, un phénomène nommé chocolate city, white suburbs par certains chercheurs.

Parallèlement à cela, il y l'Urban Renewal – la rénovation urbaine, qui bat son plein. Celle-ci est caractérisée par un choix dans les modes de transport qui est particulier, par un racisme institutionnel et par la création de “quartiers” très particuliers qui vont avoir un impact décisifs sur le tissu urbain. Pour commencer, il faut tout d'abord noter que Downtown – le centre-ville, concentre l'essentiel des activités économiques, des revenus fiscaux et des services publics. C'est le coeur de la ville américaine. Dans la plupart des villes, notamment du Nord-Est, ce sont les revenus générés par Downtown qui permettent le développement – notamment au niveau des infrastructures – des suburbs. La chose est pensée un peu comme une “division du travail” urbain entre le résidentiel et l'économique, une sorte d'osmose qui va échouer, on le verra plus tard. Dans la lignée de la création des suburbs et des maisons familiales, le centre-ville va lui aussi être complètement transformé. Le choix du mode de transport premier de la ville se porte sur la voiture. Les revenus fiscaux qui étaient alloués aux transports en commun qui étaient relativement efficaces sont redirigés à la facilitation du réseau automobile – percement d'autoroutes en pleine ville etc...- Or évidemment les noirs, en grande majorité ne prennent pas la voiture pusiqu'ils n'en possèdent pas, ce qui les réduit à prendre les transports en commun, dont la qualité péréclite naturellement très rapidement. Secondement, l'urban renewal, c'est aussi des quartiers pauvres entiers rasés et remplacés par soit des autoroutes, soit des parkings, sous couvert de l'utilité publique. C'est l'image même de la ville américaine qui est chamboulée. Des quartiers fonctionnels où il y avait un degré de coexistence entre ethnies et ou les réseaux de communauté créaient opportunités et contrôle sociale. Les populations victimes sont relogées dans des barres HLM, les projects dont on connait, via l'expérience française, la trajectoire. Inutile de dire évidemment que la plupart de ces quartiers sont noirs évidemment. Pour ce qui est du racisme institutionnel, je vais simplement rapporter une anecdote qui donne une idée de la chose : Robert Moses, l'artisan de l'urban Renewal à New York, a délibérement abaissé le plafond des tunnels qu'il a construit afin d'y empêcher le passage des autobus des transports commun, bus qui évidemment sont majoritairement pris par les noirs, afin de leur empêcher la fréquentation de certains quartiers. On entrevoit un peu la chose... D'un point de vue de gouvernance, ces programmes d'urban renewal – tout comme le G.I. Bill, sont des programmes fédéraux, et témoignent donc de l'intervention massive de l'État central américain dans les villes américaines. Pour tous les allergiques à l'État, vous avez là un argument sur un plateau d'argent :hap:

Évidemment, l'urban renewal fait face à une opposition massive et grandissante qui y mettront un terme. Le débat Jane Jacobs vs Robert Moses est central et a un impact énorme sur la gouvernance des villes américaines. Premier effet : la planification urbaine est complètement décrédibilisée. En Europe, on a eu des tendances similaires de rénovation urbaine (les voies sur Berges, le périphérique, La Défense, tous les grands ensembles etc...) cependant lorsque l'on est passés à autre chose, l'outil planification n'a pas été pour autant complètement abandonné. Aux USA, le plan n'est plus utilisé comme outil de gouvernance urbaine – ce qui a quelques conséquences. Secondement, la rénovation urbaine est à présent comprise comme devant être effectuée du bas vers le haut et par le marché évidemment dont on verra les conséquences plus tard. Le contexte durant cette période (jusqu'aux années 60 en gros) change. Dowtown est en perte de vitesse, les suburbs s'autonomisent, le poids économique du centre-ville s'effondre et par là même la puissance fiscale des municipalités de centre-ville, basée sur le prix des terrains et l'activité économique se voit complètement sapé par l'hémorragie des emplois, de la population et l'effondrement des activités économiques. En conséquence, le poids politique des centre-ville s'effondre lui aussi – et on est toujours aujourd'hui dans une situation où les suburbs ont plus de poids -économique, politique, que les centre-ville- ce qui pose des problèmes énormes notamment à la question noire. Évidemment, Downtown se retrouve avec sur le bras des services publics élémentaires – éducation, santé, police – qui ne sont plus couverts par les impôts qu'elles prélèvent, ce qui rend les enveloppes fédérales d'autant plus cruciales que la contribution fédérale aux centres-ville permet de conserver une certaine soutenabilité financière. Il y a donc une rupture de la solidarité entre les suburbs et le centre-ville, qui est renforcée par une pratique institutionnelle qui est celle de l'incorporation, qui, comme son nom ne l'indique pas, permet à des lotissements de fonder leur propre municipalité et donc d'échapper à l'assiette fiscale des centre-villes, ce dont les suburbs vont évidemment profiter et qui rompt avec l'osmose pensée avant 1945.

Je reste un peu de temps sur cette partie pour bien faire comprendre les enjeux mais l'accession à la propriété n'est pas seulement un évènement symbolique : le régime des taxes est tel que les proprétaires paient souvent moins d'impôts que les locataires – afin d'encourager la propriété. Les noirs, qui peuplent en majorité à présent, au début des années 70, le Nord-Est des États-Unis, vivent dans des centre-villes en perte vertigineuse de vitesse et de poids politiques, dans des espaces en sursis économique et financier, avec un retard considérable en matière d'accès à l'éducation supérieure, en termes d'opportunités de travail du fait du manque de modes de transports en commun efficaces et dans des espaces où les services publics de base perdent en qualité très rapidement. Il y a donc une génération de noirs qui est ou plutôt a “perdu(e)” et les enfants de cette génération vont évidemment être durablement marqués par le retard accumulé par les noirs durant cette période. Il faut bien avoir à l'esprit qu'il faut bien deux voire trois générations pour résorber ce genre de retard ; c'est comparable, même pire je pense à la réunification allemande et au retard accumulé par les allemands de l'est sur ceux de l'ouest, dont ont dit qu'ils seront très difficilement résorbés voire jamais selon les prévisions, y compris en présence de méchanismes de transfert d'ampleur dont on verra qu'ils font complètement défaut aux USA... Il faut bien comprendre que la fin de la ségrégation en droit n'intervient qu'après quasiment deux siècles de racisme, là où les autres groupes éthniques ont accumulé des avantages considérables et disposent d'une avance énorme sur les noirs... Et encore, ce n'est que la fin de a ségrégation légale, et non de la ségrégation objective, qui selon tous les indicateurs continue (je parlerais à la fin je pense du travail de Massey et Denton et d'autres chercheurs sur le sujet). Il y a également un second front qui s'ouvre sur la fin de la période, qui est ce coup-ci culturel. La culture américaine “mainstream” (le centre-commercial, la voiture, le consumérisme, la maison avec petit jardin, etc... pour donner un peu tous les clichés), se construit sans les noirs, c'est essentiellement une culture de classe moyenne blanche et cette dernière va à nouveau jouer un rôle plus tard dans notre cas. Les noirs n'ont pas accès aux objets caractéristiques de cette culture, comme par exemple, la voiture, ou le centre-commercial, qui est un lieu qui est typique des suburbs où il remplace les espaces publics qui n'y existent pas. Ils sont donc exclus de tout un pan de la culture américaine qu'il vont tâcher de remplacer par leur propre culture, ce qui aboutira in fine à un subsitut consumériste dans certaines sous-cultures gangsta (le bling) et à d'autres formes de socialisation notamment via les gangs qui proposent leurs propres schémas d'ascension sociale, un peu sous la devise “ce qu'ils ne nous donnent pas nous le prendrons par la force” (c'est un peu la toile de fond des émeutes raciales de la fin des années 60), il y a d'autres facteurs évidemment, que j'expliquerai après. On se situe donc à la fin des années 60 à un moment clé dans l'histoire des noirs au 20ème siècle.

kotaro123 kotaro123
MP
Niveau 10
26 juillet 2015 à 14:33:00

Changement d'échelle : la recomposition des USA et la question noire

On l'a dit plus haut, au moment où on prend les USA et qu'on les suit jusque dans les années 70, la plupart des noirs vivent dans le Nord-Est, industriel, des USA (ce qu'on appelle aujourd'hui la Rust Belt). C'est le bassin industriel historique des USA avec GM, Ford et d'autres entreprises du genre, et qui domine pendant la première moitié du vingtième siècle l'économie des USA. C'est le centre de gravité, y compris politique. Si on s'intéresse à l'histoire des président des États-Unis, pendant très longtemps ce sont des individus issus des élites du Nord-Est des USA, c'est là où se trouve l'Ivy League et les très grandes universités américaines. Jusqu'à peu de temps après on se situe dans une Amérique à deux vitesses, avec le Nord-Est dynamique, ouvert, et le Sud un poil plus arriéré. Il faut savoir à ce sujet que le New Deal est également une tentative de dynamiser le Sud des États-Unis (on pense aux grandes infrastructures, le barrage Hoover par exemple), de lui faire faire un “Grand Bond en Avant”, de faire entrer le Sud dans l'âge industriel. C'est une volonté fédérale.

Pendant le New Deal des jalons importants vont être posés pour le développement du Sud, qui attire la majorité des crédits du New Deal... Cette dynamique va être renforcée par la Guerre, car la façade Pacifique devient d'une importance stratégique capitale, et qu'il est donc nécessaire de lui permettre d'une part de soutenir l'effort de Guerre qui est en 1941 (et un peu plus tard encore) majoritairement dominé par le Nord-Est (surnommé l'Arsenal de la démocratie, on donnera comme exemple l'usine de Rivière Rouge) et d'autre part de constituer une base logistique de premier ordre. Le développement du Sud devient alors une priorité. C'est une dynamique “inarrêtable”. La clé pour comprendre ce développement du Sud, qui passe d'un sous-espace à la Sunbelt d'aujourd'hui, c'est de comprendre l'acteur principal, qui est le secteur de la Défense. Le department de la Défense aux USA, pris dans la Guerre Froide, décide de maintenir son centre de gravité dans le Sud des USA, je donne un exemple, la ville de Charleston est complètement dominé par la Défense qui bouffe 60% de sa main d'oeuvre et qui fait tourner donc son économie. Les Toulon poussent comme des champignons sur la côte Ouest.

Le complexe militaro-industriel est LE facteur qui permet de comprendre le retournement de la situation des USA : la région industrielle qui a pendant longtemps été la plus puissante du monde est complètement laissée à l'abandon, perd des emplois et sa population au profit du Sud. Il y a un double retournement donc : d'une part économique, et d'autre par démographique – et donc politique. Ce qui se voit notamment par le fait que la majorité des présidents depuis les années 60 en gros viennent du Sud, Obama étant une exception à bien des titres... Tous ces changements sont le fruit de politiques fédérales (il y a d'autres facteurs, comme la question des syndicats, puissants dans le Nord, inexistants dans le Sud dont les entreprises fuient le pouvoir de négociation, mais le pourvoyeur de fonds principal est le gouvernement fédéral), qui plus est du secteur de la Défense, qui choisit notamment d'implanter ses centres de recherche dans la SunBelt que certains chercheurs on renommé la GunBelt pour bien souligner les fondements militaires de l'économie du Sud.

Le développement de la Sillicon Valley près de Stanford en est également le fruit. Quel est cette nouvelle économie qui émerge ? C'est une économie qui est fondée sur la haute-technologie et la Défense. Les secteurs qui émergent dans la Sun Belt sont des secteurs à forte valeur ajoutée, et la main d'oeuvre requise pour cela est une main d'oeuvre bien, voire très bien éduquée. Ce qui n'est pas le cas de la plupart des noirs, puisque comme nous l'avons vu, l'accès à l'éducation ne leur a pas été facilité comme aux blancs via le G.I. Bill.... Ils en sont donc partiellement exclus. De surcroît, les secteurs à faible valeur ajoutée se concentrent dans le phénomène des maquiladoras qui tirent profit de la proximité de la frontière mexicaine pour externaliser le travail à la chaine, qui était jusque là un gros pourvoyeurs de travail pour les noirs du Sud comme du Nord. Pour récapituler un peu tout ça, les noirs se retrouvent : dans les centre-ville, qui sont des espaces en perte de vitesse, dans le Nord-Est, qui est un ensemble en décomposition, et le travail qu'ils occupaient disparaissent dans des activités nouvelles auxquelles ils n'ont pas accès et à l'étranger. Il faut également mentionner un point qui semble anodin mais qui est important : l'absence de voiture limite grandement les opportunités d'emplois (du fait de l'inexistence des transports en commun), ce qui rend la présence d'un relatif welfare State d'autant plus cruciale pour l'existence des noirs.

Message édité le 26 juillet 2015 à 14:37:25 par kotaro123
kotaro123 kotaro123
MP
Niveau 10
26 juillet 2015 à 14:34:10

De Reagan à nos jours

J'en profite pour ne pas parler évidemment de la fin légale de la ségrégation, qui est, certes, la fin d'un état juridique mais non d'un état de fait : la fin du principes du “separate but equal” ne change strictement rien ou presque à la distribution spatiale des noirs et des blancs aux USA : la ségrégation, qui est une notion sociologique mesurée par différents indicateurs, continue même après la décision de la Cour Suprême... Pour comprendre un peu plus, j'ai laissé une partie qui aurait peut-être dû être dans la partie précédente, ici. Dans la reconfiguration politique des USA, je n'ai pas mentionné que le Sud est traditionnellement plus conservateur que le Nord. Les changements économico-démographiques contribuent donc à construire la majorité républicaine dans les premières années. Reagan, lui-même conservateur, est élu sur la promesse de réduire les impôts et de tailler en pièces le système de providence des USA. Il est élu dans un contexte de “révolte fiscale”, qui a une base urbaine très forte et qui est dirigée justement contre cette solidarité centre-ville-suburbs qui était caractéristique d'avant. Reagan, une fois au pouvoir va faire une chose dont les conséquences ont été, et sont toujours, gigantesques pour les USA : il coupe les vannes des programmes urbains fédéraux et tout soutien financier aux villes. D'un jour à l'autre, les milliards versés par l'État fédéral aux villes cessent d'affluer. Cela déclenche ce que l'on appelle la“ fiscal crisis” qui sonne le glas, notamment des villes du Nord, qui se retrouvent d'un jour à l'autre dans une situation financière précaire. Pour s'adapter, ces villes, dont la base fiscale ne cesse de s'éroder, taillent dans tous les budgets, éducation, santé, transports en commun – même l'approvisionnement en eau, par exemple, de New York, passe par des coupes drastiques qui conduiront à la détérioriation de la qualité de l'eau dans un réseau qui a été construit et entretenu par la municipalité de New York pendant 200 ans... On peut dire que c'est l'évènement qui met un terme à la dimension fédérale de la politique urbaine.

Les noirs sont évidemment au coeur de la chose puisque l'accès au services publics de base s'en trouve déterioré, l'accès à l'éducation est mis en danger... Seconde action de Reagan, le démantèlement de l'État providence et la réduction des aides sociales généralisées. On peut entrevoir déjà les conséquences de telles mesures. La révolution conservatrice apporte d'autres “innovations” dont une importante pour notre sujet : la politique d'incarcération massive et systématique des délinquants; assorties de longes périodes de sursis très strict (des traces de cannabis suffisent à envoyer quelqu'un du sursis au ferme). Le moindre petit manquement à une règle est puni d'emprisonnement ce qui explique en partie la population carcérale des USA. On en verra les effets sur le sujet plus tard. D'abord, il faut passer par une explication courte de l'institution policière. Il faut savoir en effet que la police est gérée au niveau local, elles sont avant tout municipales (LAPD, NYPD, LSPD, VCPD, LCPD tmtc), la seule police nationale étant le FBI. Les villes ont une certaine liberté quand à leur organisation. Dans un contexte de crise fiscale, qui demande une retructuration des services publics, les villes vont adapter leur modèle de police. En gros, il y a deux modèles (qui sont des idéaux-types, en quelques sorte), le modèle de LA, et le modèle de NYC. Le modèle de LA, c'est une force de police réduite, militarisée, sur-équipée qui tend à ne pas se préoccuper de la petite criminalité, en gros, si vous venez les voir pour un sac volé, ils vont vous rire au nez. L'entrainement quasi-militaire suit une sélection rude des participants. Le problème de ce modèle est que la distance entre les “criminels” et leur communauté de proches et la police est très grande – la police disparait des contextes locaux comme institution représentant l'État, la légitimité et la légalité. Le caractère quasi-militaire de cette force d'intervention banalise la violence policière. C'est une police de répression (et dans une moindre mesure, de dissuasion). On ne va pas y passer par quatre chemins, la force de police est en écrasante majorité, blanche.

En face il y a le modèle de New York, qui est une police de proximité. Au lieu de se réfugier dans une tour d'ivoire comme l'a fait la police de LA, NYPD a renforcé son assise locale et a cherché à recruter en tant que policiers des membres des communautés locales. La police est une institution importante des quartiers, capable de négocier, de rapprocher et de gérer les communauté. Elle apporte aussi des informations très importantes à la municipalité sur les problèmes auxquels ces communautés font face. C'est une police de régulation. Je ne vais pas vous le cacher, les résultats de la police de NY contre le crime sont bien meilleurs que ceux de LA, et jouit d'une image bien meilleure car ses méthodes sont moins brutales et déconnectées des problèmes locaux. C'est d'ailleurs dans les polices construites sur le mode de LA que les bavures sont les plus fréquentes, et que la probabilité qu'un policier blanc abatte un noir sans sommation est bien plus élevée dans une police à la LA que dans une police à la NY.

Revenons à la politique d'incarcération massive. Celle-ci a des effets relativement dévastateurs. Alice Goffman a démontré que celle-ci contribuait à créer un nouveau statut au sein des communautés, celui d'être “on the run” (en fuite). Ce statut se caractérise par une séparation progressive des petits délinquants de leurs réseaux traditionnels (amis, familles) et des institutions légitimes comme un emploi par le simple fait que ce sont autant d'attaches qui permettent à la police de les repérer et de les arrêter pour des délits réels ou supposés qui font l'objet d'un mandat de recherche. La politique d'incarcération massive rend la sortie de la délinquance d'autant plus difficile qu'elle atomise les individus et les sépare des derniers liens leur permettant une sortie de la criminalité, d'autant plus que souvent les sursis sont assortis également de la suspension d'autorisation diverses, comme le permis de conduire, dont on sait qu'il est vital pour décrocher un emploi... Une spirale classique serait : une contravention non payée conduit à un procès auquel l'individu ne se présente pas, un mandat d'arrêt est émis à son nom, qui l'empêche de travailler (son lieu de travail devient un lieu d'arrestation potentiel) et le force à faire profil bas, et donc à vivre du secteur informel (vol, drogue). Un simple vol à l'étalage conduit à une periode de sursis d'un an avec suspension du permis de conduire. Notre individu décroche un emploi dans un quartier lointain auquel il ne peut se rendre qu'en voiture. Il est donc forcé de conduire sans permis. Un contrôle de police routinier sur la route ou sur son lieu de travail pendant sa période de sursis l'envoie en prison assortie d'une période de sursis (bis repetita). Inutile de dire que les chances de s'en sortir sont minces. La communauté se construit sur les femmes, qui doivent tirer des revenus du secteur formel (en travaillant notamment dans les services non-qualifiés) et élever les enfants tandis que les hommes passent leur vie dans le no man's land que constitue le statut d'être “en fuite”. Les familles noires sont élevées avec un apport financier en moins, les filles doivent travailler tôt pour soutenir leur famille – elles sont donc en général peu éduquées. Le niveau d'éducation de la mère est clé pour comprendre le niveau de l'éducation qu'aura l'enfant – je n'ai pas besoin d'aller plus loin. La spirale anti-réinsertion amorcée par Reagan est un facteur de stagnation sociale des noirs important.

kotaro123 kotaro123
MP
Niveau 10
26 juillet 2015 à 14:36:34

Les noirs , dynamiques actuelles

Évidemment, la situation des noirs aux USA a changé depuis l'ère Reagan. Notamment, les noirs sont de plus en plus acteurs du phénomène de suburbanisation – toujours évidemment, dans une catégorisation raciale, les suburbs blancs ne tolèrent toujours que pas ou peu de noirs, forçant ces derniers à créer leurs propres suburbs – notamment du fait de la seconde grande vague d'accession à la propriété qu'on été les crédits hypothécaires subprime, dont les noirs ont profité un peu comme les autres. Cependant, les subprimes ont abouti à la crise que nous connaissons. De même, il est intéressant de noter que les noirs ont à ce jour un retard de 50 ans dans les dynamiques socio-spatiales aux USA sur les blancs. Cela donne une idée du nombre d'années qu'il faudra attendre pour aboutir à une distribution normale des deux populations, dans le cas où rien ne changerait d'ici là aux USA... Au niveau métropolitain, les indices de ségrégation des noirs vis-à-vis des autres groupes ont tendance à baisser partout, du fait de la présence croissante des Hispaniques, qui, bien qu'ils ne soient pas soumis à une ségrégation de même intensité vis à vis des blancs non-hispaniques que les noirs (et peut-être justement pour cela), agissent comme un groupe ethnique de transition entre noirs et blancs.

Cependant, le niveau métropolitain ne dit pas grand' chose sur les centre-ville et leurs dynamiques intérieures, ce qui est d'ailleurs une des lacunes à mon avis des recherches actuelles sur le sujet. La situation ne change pas, ou peu, en raison de l'absence de politiques pro-actives, notamment au niveau fédéral, mais également par des dynamiques politiques au niveau municipal qui empêchent la résolution des problèmes. En effet, la crise fiscale se poursuit, et les centre-villes sont toujours à la recherche 1- de nouveaux revenus fiscaux 2- d'un retour de leur population perdue. Ces deux déterminants des politiques urbaines sont construits de la manière suivante. Comme nous l'avons vu plus haut, les succès de la Sun Belt sont dûs entre autres, aux nouvelles technologies et aux secteurs à forte valeur ajoutée de l' “économie créative”. Cette réussite des villes américaines du Sud fait des émules : d'autres villes partout aux États-Unis tentent de copier leur modèle en tentant d'attirer ce que Richard Florida appelle la “Creative Class”, qui sont, en gros, toutes les personnes qui “créent” de nouvelles choses. Hipsters, ingénieurs, artistes, entrepreneurs etc..., qui sont ceux qui selon lui, re-dynamisent les centre-ville américains. C'est une théorie qui est nourrie évidemment par un certain nombre d'exemples, comme par exemple, San Francisco (on pourrait y ajouter Seattle, et dans une moindre mesure New York, qui fait partie d'un modèle un poil différent).

Ces populations, sont blanches en majorité, c'est-à-dire que les modèles économiques proposés par ces villes ne sont pas des modèles inclusifs, c'est un modèle caractérisé d'une part par l'urbanisme de prestige (salles de concerts, opéras, musées) et un mode de redeveloppement urbain basé sur la gentrification (et donc l'éviction des populations pauvres de leurs quartiers). Un second modèle est de chercher à attirer la classe moyenne blanche, la même qui est partie quelques décennies plus tôt dans les suburbs en proposant une culture et des emplois similaires, que l'on résume par l'acronyme FIRE (finance, insurance, Real Estate = finance, assuance, immobilier), qui se caractérise notamment par l'octroi d'avantages fiscaux considérables aux entreprises et l'absence d'urbanisme de réparation, et qui est une reminiscence des splendeurs passées de Dowtown. Une construction comme le casino de Detroit est très clairement dans cette veine là; le casino étant connoté comme étant une activité de la classe moyenne blanche.

On peut résumer ces deux modèles de développement par ce qui les rapproche, qui est de considérer que la solution à la crise fiscale est d'attirer des populations dans les centre-villes, populations, qui n'y sont pas présentes, par définition. Au lieu de chercher à renforcer les populations locales et à redynamiser en local, l'essentiel des fonds est alloué à des potentiels citadins, à des avantages fiscaux et non aux services publics élementaires, comme l'éducation. Par exemple, le nouveau stade des Yankees, financé par la ville de New York, est (ou était) situé dans un quartier très défavorisé – rien n'a été fait pour améliorer le sort des populations locales... Sans discuter du sens économique de ces politiques, qui est notamment décomposé par Michael Storper dans Keys to the City , il faut bien avoir cela à l'esprit quand on discute des noirs aux USA. Ensuite, si le niveau fédéral n'est aujourd'hui plus pertinent pour les politiques urbaines (on peut s'en lamenter, car l'investissement fédéral permettrait de redresser les comptes municipaux et donc de commencer à améliorer les services publics qui font cruellement défaut), une autre échelle est complètement délaissée, notamment par la recherche et par toutes les analyses, qui est l'échelle de l'état (et je la délaisse aussi par manque d'infos :noel:).

Les états sont en effet souverains sur les villes, et disposent de fonds pour construire un appareil productif qui puisse articuler les suburbs et les centre-ville dans un nouvel équilibre qui permettrait le développement de ces dernières et des populations qui y habitent, dont les noirs font partie.... Un dernier mot : Obama, président noir, dessert plus la cause des noirs qu'il ne la sert, étant donné que sa couleur de peau l'empêche de prendre des mesures proactives pour les noirs, parce qu'il passerait alors pour un président communautariste. Le risque politique étant trop grand, le mandat Obama est un peu comme une chappe de plomb supplémentaire sur le sujet....

Les points importants :

− la question noire est une question urbaine et doit être traitée en lien avec la ville américaine et ses spécificités, notamment la crise fiscale et ses différentes conséquences
− la question noire est également une question d'économie politique et de changements de centres de gravités économiques (sectoriels et territoriaux)
− l'égalité devant la loi ne suffit pas
− l'éthos policier
− la mobilité sociale est liée à la mobilité géographique

Les dimensions

− la socio-histoire des instruments de politique publique : continuité et ruptures. (ex : le crédit hypothécaire, la planification)
− le mythe de la classe moyenne blanche et son impact sur les politiques publiques
− les éthos institutionnels
− les compromis politiques fondateurs

Les points non traités

− le mille-feuille administratif urbain américain
− la question de la ségrégation scolaire
− l'accès au capital, la géographie des saisies post 2008 et leur impact sur la question raciale
− les noirs de la haute société

Approfondir...

− L'hyperségrégation, ses dynamiques
− la suburbanisation noire, quelle forme, quels résultats ?
− L'impact des catégories éthniques de recensement sur les questions ethniques
− Le rôle des Hispaniques, vers un jeu à trois ?
− Le sentencing, sociologie de la justice
− Quelle est la bonne l'échelle pour traiter le problème ?

Bibliographie

Massey, D., Denton, N. (1993). American Apartheid: Segregation and the Making of the Underclass. Cambridge: Harvard University Press.

(un classique absolu, tous les travaux de ces chercheurs sur le sujet sont des classiques)

Denton, N., Massey D.1991. “Patterns of Neighborhood Transition in a
MultiEthnic World: U.S. Metropolitan Areas, 1970-1980.” Demography 28: 41-63.

Thompson, H. (2001). “Whose Detroit? Politics, Labor, and Race in a Modern American City”.
Cornell University Press, Ithaca

(intéressant pour les luttes post-guerres entre noirs et blancs)

Farley, R. et al, 1993, “Continued Racial Residential Segregation in Detroit: ‘Chocolate City,
Vanilla Suburbs’ Revisited”. Journal of Housing Research, Vol 4(1), p. 1-38.

Florida, R. 2005. Cities and the Creative Class, Routledge.

United States Census Bureau, (2002). “Racial and Ethnic Residential Segregation in the United States: 1980-2000”. From: https://www.census.gov/prod/2002pubs/censr-3.pdf

Le recensement américain, dont la qualité est inégale, notamment dans les quartiers très pauvres où le recensement est de très mauvaise qualité... ils ont des analyses poussées de chaque recensement, notamment au niveau ethnique.

Sugrue, T. 2014.“The Origins of the Urban Crisis: Race and Inequality in Postwar Detroit.” Princeton University Press: First Princeton Classics edition, 2014.

Goffman A. 2009. “On the Run: Wanted Men in a Philadelphia Ghetto”, American,
Sociological Review, Vol. 74, No. 3, pp. 339-357

Bon comme vous le voyez, j'aime beaucoup le cas Détroit, qui est je pense assez symptomatique et emblématique, c'est à mon avis le cas paradigmatique de la ville américaine du 20ème siècle...

Voilà, n'hésitez pas à discuter, critiquer les positions, le format (trop vulgarisé?), etc...

IamEdward IamEdward
MP
Niveau 10
26 juillet 2015 à 15:17:47

Extrêmement intéressant, avant d'entamer la lecture de la partie "dynamique actuelle"; au début de ton exposé tu écris "comme la république des propriétaires voulue par Jefferson.", mais justement cette république des propriétaires a été vaincu par la vision industrielle et élitiste d'Hamilton; pourquoi donc il y aurait un consensus Jeffersonien ?

Message édité le 26 juillet 2015 à 15:19:11 par IamEdward
Baudrillart Baudrillart
MP
Niveau 10
26 juillet 2015 à 15:31:12

https://www.youtube.com/watch?v=85OIBOSJTwg

/thread

kotaro123 kotaro123
MP
Niveau 10
26 juillet 2015 à 15:38:53

Le 26 juillet 2015 à 15:17:47 IamEdward a écrit :
Extrêmement intéressant, avant d'entamer la lecture de la partie "dynamique actuelle"; au début de ton exposé tu écris "comme la république des propriétaires voulue par Jefferson.", mais justement cette république des propriétaires a été vaincu par la vision industrielle et élitiste d'Hamilton; pourquoi donc il y aurait un consensus Jeffersonien ?

Je pense que le G.I. Bill tout comme les vagues de programmes favorisant l'accession à la propriété qu'à la lumière de l'héritage de Jefferson, mais c'est mon avis. Pour moi les deux visions coexistent mais ne s'expriment pas dans des contextes similaires. Il y a une traduction des principes Jeffersoniens hors de l'agriarianisme qu'il préconisait pour se recentrer sur la propriété en général. Mais je vais essayer de lire plus sur la question ma foi :noel:

kotaro123 kotaro123
MP
Niveau 10
26 juillet 2015 à 15:41:17

Par ailleurs désolé pour la formulation souvent maladroite / peu compréhensible, je n'ai pas relu :noel:

IamEdward IamEdward
MP
Niveau 10
26 juillet 2015 à 16:09:10

Le 26 juillet 2015 à 15:38:53 kotaro123 a écrit :

Le 26 juillet 2015 à 15:17:47 IamEdward a écrit :
Extrêmement intéressant, avant d'entamer la lecture de la partie "dynamique actuelle"; au début de ton exposé tu écris "comme la république des propriétaires voulue par Jefferson.", mais justement cette république des propriétaires a été vaincu par la vision industrielle et élitiste d'Hamilton; pourquoi donc il y aurait un consensus Jeffersonien ?

Je pense que le G.I. Bill tout comme les vagues de programmes favorisant l'accession à la propriété qu'à la lumière de l'héritage de Jefferson, mais c'est mon avis. Pour moi les deux visions coexistent mais ne s'expriment pas dans des contextes similaires. Il y a une traduction des principes Jeffersoniens hors de l'agriarianisme qu'il préconisait pour se recentrer sur la propriété en général. Mais je vais essayer de lire plus sur la question ma foi :noel:

J'aurais plus vu l'amérique jeffersonienne (en mettant peut-être de côté l'agraire et l'isolationnisme commercial) comme quelque chose de fantasmé dans l'imaginaire collectif US, avec un état faible, un anti-élitisme, une liberté d'opinion et d'expression totale, protection de la petite propriété. Un rêve humide libéral quoi.
Face à ça l'Amérique réelle, élitiste, son big government, sa liberté d'expression et d'opinion, même si assez grande d'un point du vu législatif, est contrecarrée par la machine médiatique bien décrite par le documentaire "médias et illusions nécessaires".
D'ailleurs chez les républicains on retrouve cette volonté de "casser" le big government, ce qui semble mission impossible, je voyais encore le clip de campagne de Rand Paul contre "The washington machine", chez les démocrates, dans le clip de Clinton il y a une invective contre "those on the top" donc contre l'élitisme.
Après j'ai conscience que ce que j'avance est un peu bancal et manque d’éléments, c'est juste une impression que j'ai; tu en penses quoi ?

IamEdward IamEdward
MP
Niveau 10
26 juillet 2015 à 16:31:49

Sinon tu penses vraiment que les apports de la lutte contre la ségrégations n'ont pas eu vraiment d'incidences sur la ségrégation réelle ? C'est ce que tu laisses à penser en tout cas, mais même si ça n'a pas bouleversé l'ordre des choses aux USA, est-ce que ça a tout de même eu une importance sociologique ?

14-Novembre 14-Novembre
MP
Niveau 10
26 juillet 2015 à 17:20:45

Je poste quelques liens avant de lire.

http://terrainsdeluttes.ouvaton.org/?p=4791

Sur les luttes des ouvriers noirs à détroit aux USA

http://revueperiode.net/black-like-mao-chine-rouge-et-revolution-noire/

Sur le BPP

14-Novembre 14-Novembre
MP
Niveau 10
26 juillet 2015 à 17:24:15

Ce qui est dommage c'est que tu ne parles pas de comment les prolos noirs changent leur propre situation, quel est leur rôle dans la société au niveau des conflits etc.

neocons neocons
MP
Niveau 10
26 juillet 2015 à 18:04:59

Faut pas exagérer la révolution conservatrice que les militants noirs souvent marxistes présentent comme la révolte de la petite bourgeoisie blanche, un chiffre 3000 dollars hors inflation c'est la hausse des revenus des foyers noirs pendant les années Reagan.
Après j'adhère totalement à l'analyse sur les différentes polices

[Magean] [Magean]
MP
Niveau 60
26 juillet 2015 à 18:12:22

Fat. A retenir :oui:

OSSH16 OSSH16
MP
Niveau 10
26 juillet 2015 à 18:30:56

Analyse de merde.

Pseudo supprimé
Niveau 10
26 juillet 2015 à 18:49:10

Y a que moi qui soit dérangé par cette analyse racialiste ? Après ça sera quoi ? Les jaunes aux USA ? Les rouges aussi ? Heureusement y a pas de verts. :(

OSSH16 OSSH16
MP
Niveau 10
26 juillet 2015 à 18:50:23

Le 26 juillet 2015 à 18:49:10 Jyme a écrit :
Y a que moi qui soit dérangé par cette analyse racialiste ?

Je ne pense (et n'espère) pas.

IamEdward IamEdward
MP
Niveau 10
26 juillet 2015 à 19:12:40

Le 26 juillet 2015 à 18:49:10 Jyme a écrit :
Y a que moi qui soit dérangé par cette analyse racialiste ? Après ça sera quoi ? Les jaunes aux USA ? Les rouges aussi ? Heureusement y a pas de verts. :(

Non il y a des déterminismes qui font intervenir les "races" et qui sont très forts aux US.

Bonapartism Bonapartism
MP
Niveau 10
26 juillet 2015 à 19:37:55

Le 26 juillet 2015 à 18:49:10 Jyme a écrit :
Y a que moi qui soit dérangé par cette analyse racialiste ? Après ça sera quoi ? Les jaunes aux USA ? Les rouges aussi ? Heureusement y a pas de verts. :(

C'est ça les Etats-Unis hein;

courage_BountyD courage_BountyD
MP
Niveau 9
26 juillet 2015 à 19:39:47

Et c'est ce qui nous attend

DébutPage précedente
Page suivanteFin
Répondre
Prévisu
?
Victime de harcèlement en ligne : comment réagir ?
Infos 0 connecté(s)

Gestion du forum

Modérateurs : Paulop, Tomy-Fett
Contacter les modérateurs - Règles du forum

Sujets à ne pas manquer

La vidéo du moment