Bonjour a toutes et tous !

Etant donné que la Formule 1 arrive à son 1000ème Grand Prix de l'histoire, et qu'on voit pas mal de restrospectives, j'ai décidé de vous conter quelques petites et grandes histoires s'étant déroulés pendant ou en dehors de ces 999 Grand Prix.

Je pense que ça serait intéressant, surtout pour les plus jeunes ou ceux ne suivant la Formule 1 que depuis peu de temps.

Je ne suis évidemment pas une encyclopédie, et pour m'aider, je serais assisté du site https://www.statsf1.com/ et d'autres sources.

L'idée est aussi que nous débattions tous de nos souvenirs, de ces petites anecdotes qui ont fait le sel du sport que nous apprécions chaque Dimanche matin, après-midi, soir ou nuit.

Pour commencer, j'aimerais evoquer la saison 1993 et le Grand Prix Du Portugal.

En cette année 1993, Prost est de retour et pilote la Williams, archi-dominatrice en 1992. Le public et les journalistes s'attendent a un cavalier seul du "Professeur", d'autant qu'il a à ses cotés un jeune pilote dont le nom réveille les souvenirs des anciens et amuse les journalistes...

Hill. On ne retient que peu son prénom, Damon, pour simplement se concentrer sur le nom, celui d'une légende disparue en 1975. L'héritage est lourd a porter pour le jeune Damon, pilote essayeur de l’écurie de Didcot en 1991, et remplaçant en cours de saison 1992 au sein d'une écurie Brabham au fond du gouffre.

Certains colibets vont jusqu’à dire que le pilote au casque noir à bandes blanches n'est la que grâce a son héritage (familial et financier)...

Prost gagne en Afrique Du Sud, mais son début de saison est entachée par des polémiques. On menace de lui retirer sa super-licence avant la première course, on le pénalise pour un faux-départ a Monaco, Elf est soupconné de triche...
Ajoutons à cela des erreurs au Brésil et à Donington et la presse tire a boulets rouges sur le Français.

Alors, au fil de la saison, Prost va remettre les pendules à l'heure pour avoir une première balle de championnat a Monza. Alors qu'il mène a trois tours du but, son moteur explose, laissant Hill remporter sa 3ème course consécutive.

Hill qui contre attente se montre performant au fil de la saison. En Angleterre, devant son public, il mène une bonne partie du Grand Prix avant de voir son moteur partir en fumée...

Du coté du grand rival de Prost, Senna , c'est une année étrange. Dégouté de s’être fait barrer la route par Prost chez Williams, Senna doit ronger son frein dans une Mclaren passé au bloc Ford, mais qui n'a pas les évolutions du concurrent Benneton. Va s'en suivre un imbroglio politico-contractuel, dont va sortir vainqueur l'écurie de Woking, lui permettant de se battre à armes égales avec les voitures jaunes-Camel.

Senna qui part ailleurs met la pression a Ron Dennis, en ne signant que des contrats pour une course. Afin d'obtenir un salaire conséquent, et de pouvoir négocier librement un départ chez Williams en cas de départ de Prost.

Enfin, citons un quatrième acteur de ce show, en la personne de Michael Schumacher. Le prodige Allemand est toujours a la recherche d'un deuxième succès après Spa 1992, et s'annonce comme le digne successeur de Prost et Senna.

Nous sommes donc a Estoril, en ce mois de Septembre 1993. Prost peut aller chercher son quatrième titre, à trois courses de la fin. Il possède 23 points d'avance sur Hill, et doit donc conserver 20 points a l'issue de cette manche pour être sacré.

Le Vendredi 24 Septembre, le pilote Williams annonce sa retraite. « J'ai eu de la chance durant toute ma carrière. Je touche du bois. Non, je ne voulais plus prendre de risques. C'est mieux de sortir par la grande porte. J'ai beaucoup donné à ce sport et il me l'a bien rendu. Comme on dit, la vie commence à 40 ans. J'en ai 38. En tout cas, ce sera une nouvelle vie. »

Las des critiques, des dish​appistes politiques si particuiere a la F1, Prost se retire par dépit.

Je vous balance la suite dans un deuxieme post

La Williams n°2, qui n'aura donc toujours pas de n°1 pour l'an prochain se veut donc promise a Senna, qui annonce son départ de chez Mclaren. Le Pauliste convoite depuis 1991 cette voiture a la technologie avancée, dont notamment sa suspension "réactive", création de Paddy Lowe, jeune ingénieur Irlandais. Seulement voila, pour 1994, Mosley et Ecclestone veulent relancer la compétition. Le premier pour l'aspect sportif, le second pour l'aspect financier et les audiences. Exit donc les aides aux pilotages (ABS, Contrôle de traction et Suspension active), fer de lance de Didcot. La saison 1993 va d'ailleurs être le temoin d'un conflit très important autour de cette réglementation, a tel point que les règles pour la saison prochaine ne sont toujours pas inscrites en Octobre...

Mclaren, sans son bijou brésilien l'an prochain, mais qui a en reserve un timide finlandais nommé Hakinen. Dennis promeut l'homme du nord en lieu et place de Michael Andretti, fils de Mario. L'Americain n'a jamais reussit a s'adapter a sa monoplace et au monde de la Formule 1, et sa venue etait devantage une stratégie de Dennis pour draguer Ford qu'un réel interet pour ses performances...

Et la première sensation du week-end survient lorsque le jeune Mika devance le grand Ayrton en qualifications. Pour Senna, la pilule passe mal, et il n'en faudra pas plus pour que le Brésiien en vienne a plaquer au mur son jeune coequiper, après une légère boutade de ce dernier.

Pour Prost, tout se passe bien mais le Français est devancé aux essais par son rival britannique. Pas de quoi s'affoler pour le Forezien, cependant.

Nous sommes le 26 Septembre 1993, il est 14h. C'est le 546 ème Grand Prix comptant pour le championnat du monde. La France retient son souffle. Son héros national peut entrer dans la légende en devenant le pilote plus titré après Fangio et ses cinq couronnes, et que l'on dit inaccessibles.

Le tour de formation démarre et premier coup de théâtre : Damon Hill cale et doit s’élancer en dernière position. Prost peut un peu plus respirer et se concentrer sur le départ, sa grande faiblesse en cette année 1993.

La course démarre, et Hakinen est le plus prompt a réagir et joue des coudes avec la Williams, manquant de la sortir. Décidément, ce blond peu bavard a du culot.

Mais l'homme qui va animer ces premiers tours se nomme Alesi. A bord d'une Ferrari en pleine convalescence, sous l'impulsion de Jean Todt (Nous consacrerons un chapitre sur les deboires de la Scuderia a la mort du Commendatore), l'Avignonnais prend la tete de la course. Les cinq premiers sont donc Alesi, Senna, Hakinnen, Prost et Schumacher.

Senna va voir son moteur Ford le trahir quelques boucles plus loin, et Hakinnen subira le même sort.

La course entre dans son aspect stratégique et les plus habiles a ce petit jeu sont Prost et Schumacher. Le champion et son successeur vont se battre roues dans roues dans un duel qui va tourner a l'avantage de la Benneton.

Sur la ligne d'arrivée, Schumacher gagne et Prost est champion. Hill finissant troisième. On ne le sait pas encore, mais ce Grand Prix est le passage de temoin entre une ère marqué par les Turbos et une Formule 1 de moins en moins amateur (en termes de sécurité, de retransmissions et de statut des pilotes) et une nouvelle ère orpheline de Senna et entrant dans un sport-spectacle.

Prost s'en va, Senna se retrouve seul champion du monde sur la grille de départ a l'aube de 1994. Les jeunes loups que sont Schumacher, Hill, Alesi ou encore Hakinnen vont devenir le renouveau de la Formule 1 a la deuxième moitié des années '90.

Ils prendront ce rôle plus tôt que prévu, après les tragédies d'Imola, tant sur le plan sportif, que sécuritaire.

A la fin de la saison, Senna remporte les deux dernières courses. Il croisera d'ailleurs la route d'un autre jeunot, tout aussi coriace, a Suzuka.

Mais ça, ça sera pour une autre histoire...

Je suis un peu triste que mon topic bide

Je l'ai vu mais j'ai oublié de commenter, perso je trouve ça bien écrit j'attends la suite

Hâte de lire la suite c'est très intéressant

Le 15 avril 2019 à 00:34:45 [-Monarch-] a écrit :
Je l'ai vu mais j'ai oublié de commenter, perso je trouve ça bien écrit j'attends la suite

Pareil

Très sympa ce topic pour les tix dans mon genre

Super ce récit.

Ca me fait toujours bizarre de me dire que Schumacher a affronté Prost et Senna... Quelle époque quand même.

Wow. Je me suis reveillé ce matin et j'ai constaté vos retours. Cela fait plaisir !

J'essaierai de vous écrire une petite histoire chaque semaine en tentant de varier les époques

Pour ce nouvel épisode, j'ai décidé de raconter l'histoire de Prost GP, ou comment le rêve d'une écurie 100% Française a tourné au cauchemar sportif et financier.

Chapitre I : Contexte

Au début des années '90, le drapeau tricolore est encore fortement présent en Formule 1. Prost est passé par là, offrant enfin a la nation un (titre) champion de monde, après les échecs de Laffite, et es drames de Cevert et Pironi, duquel tout laissait penser qu'ils auraient été titrés.

Les succès du Forezien ont ouvert la voie à d'autres "frenchies" tel que Jean Alesi, Olivier Panis, Erik Comas, pour ne citer qu'eux. La FFSA lance en paralèle la "Filière Elf", outil de detection de jeunes pilotes, afin de les accompagner dans leur carrière en monoplace. Passerons par la filière, Franck Montagny, Sebastien Bourdais, Charles Pic, Simon Pagenaud ou encore Pierre Gasly.

Si du coté des pilotes, l'horizon de la relève de Prost semble dégagé, les écuries bleu-blanc-rouge ont plus de difficultés.

Dans une époque étrange ou les crises pétrolières et écologiques ont remis en cause le marché automobile, impactant le sport qui le consacre, il est difficile pour de grands constructeurs de s'impliquer financierement sans les succès en retours. Renault et son "Yellow Tea Pot" ont quitté les circuits en 1985, pour ne rester que motoriste jusqu'en 1986...

...avant de revenir en 1989, pour se lancer dans un tandem victorieux avec Williams.

Le groupe PSA de son coté à du se recycler a la mort des Groupe B en rallye. Il s'est alors tourné vers les Rallyes-Raid, en envoyant ses 205 et 405 affronter les dunes de l'Afrique, avant que la Lionne ne passe le flambeau a sa cousine, la Citröen ZX, pour toujours autant de réussite.

La marque au Lion décide de se lancer en Endurance avec la 905 en 1990.
Toujours sous la coupe de Jean Todt, l'écurie triomphe par deux fois au Mans. C'est alors que Jean Todt propose a Jacques Calvet, patron du groupe PSA de se lancer en Formule 1 sous Peugeot.

Nous sommes au début de l'année 1993. Calvet hésite. Le projet semble formidable, mais il coûte cher. La crainte d'un échec sportif et financier ne passerait pas. Cette longue hésitation agace Todt, qui se voit approcher par Luca Di Montezemolo. La Scuderia est dans un état critique, les résultats sont catastrophiques et les révolutions de palais se succèdent. Il faut un homme fort, capable de redorer l'image du cheval cabré, et gagner.

En Juillet 1993, Todt lache Peugeot et prend un avion direction Maranello pour la réussite glorieuse que l'on va connaitre.

En 1994, Peugeot décide de mettre un pied en Formule 1 avec la fourniture de moteurs a Mclaren. Mais l'affaire tourne au fiasco sportif et Ron Dennis casse le contrat le liant au motoriste français pour recuperer un bloc Mercedes.

Eddie Jordan va alors récupérer les moteurs de la firme au Lion pour les saison 1995, 1996 et 1997.

Du coté des "garagistes" que sont Ligier, AGS et Larousse, ca ne va pas mieux. Les trois écuries passent par les pré-qualifications, et quand elles en sortent, elles se traînent le Dimanche.

En 1993, Guy Ligier vend son écurie a Cyril De Rouvres, qui avait déja tenté de sauver AGS deux ans auparavant. L'écurie va retrouver quelques couleurs, grâce au V10 Renault et a un partenariat avec Williams, dans le domaine des aides au pilotage. Mais l'homme d'affaire est rattrapé par la justice a la fin de l'année et quitte l'écurie.

Le début de saison 1994 est un brutal retour sur terre pour les "Bleus". Aucun points marqués jusqu'a l'Allemagne et le double podium obtenu grâce au carambolage du départ. En coulisses, Flavio Briatore s'active pour racheter l'écurie et mettre la main sur le V10 Renault, afin de l'installer sur la Benneton en 1995. Il place a la tête de l'ecurie Tom Walkinshaw, qui en profite pour tenter d'acquerir l'écurie. Une forte levée de bouclier s'oppose au projet (Walkinshaw souhaitait déplacer les usines en Angleterre) et le Britannique abandonne l'écurie en 1996.

Cette année 1996 sera la derniere de Ligier. Et peut-être la plus marquante. Olivier Panis remporte le Grand Prix de Monaco, dans des conditions cataclysmiques et offre la victoire a Ligier, la premiere depuis 15 ans !

Ce succès fait remonter l'estime médiatique de la Formule 1 en France et la conservation d'une équipe française en F1 remonte jusqu'aux oreilles du pouvoir. Jacques Chirac, dont l'amitié avec Alain Prost n'est pas un secret, propose alors au quadruple champion du monde de racheter Ligier et de lancer un projet 100% Français dans lequel Peugeot et d'autres industriels hexagonaux s'impliqueront.

Prost avait déja tenté de racheter l'ecurie en 1992 et 1995, mais sans succès.

Le 14 Fevrier, jour de la Saint-Valentin, le mariage est prononcé.

https://youtu.be/xemNuf3C2tc?t=1376

Prost Grand Prix s'engage pour 1997, en utilisant la JS45, le châssis construit par Ligier, des moteurs Mugen-Honda et des pneus Bridgestone. En 1998, Peugeot lui fournira des moteurs gratuits pour une durée de 5 ans.

Le 9 Mars 1997, les deux Prost GP conduites par Olivier Panis et Shinji Nakano se presentent sur la grille de départ de Melbourne.

Mais a des milliers de kilomètres de l'Australie, un changement politique majeur se prepare en France...

Super topic ! C'est bien écrit et ça me donne envie de regarder les GP d'époque

Merci l'auteur

Très bien écrit
Bien joué l'auteur
Cet épisode Prost GP est dur à lire l'ayant vécu
SpoilAfficherMasquerJe crains le passage de Alesi / Heidfleid

Toujours aussi bien.

A noter que l'écurie AGS était basée dans une petite station-service...

Le 16 avril 2019 à 22:18:12 Le_Onchois a écrit :
Toujours aussi bien.

A noter que l'écurie AGS était basée dans une petite station-service...

Je ne savais pas. Jusqu'à encore récemment, je pensais que c'était une équipe étrangère ! Merci pour l'info

J'avoue que c'est pas mal.

Je lirais demain matin khey

Le 16 avril 2019 à 22:38:44 Matlareine a écrit :

Le 16 avril 2019 à 22:18:12 Le_Onchois a écrit :
Toujours aussi bien.

A noter que l'écurie AGS était basée dans une petite station-service...

Je ne savais pas. Jusqu'à encore récemment, je pensais que c'était une équipe étrangère ! Merci pour l'info

Automobiles Gonfaronnaises Sportives.

Le 16 avril 2019 à 22:07:10 Loooping2 a écrit :
Très bien écrit
Bien joué l'auteur
Cet épisode Prost GP est dur à lire l'ayant vécu
SpoilAfficherMasquerJe crains le passage de Alesi / Heidfleid

La mort de Lotus, la mort de Brabham, la mort de Ligier/Prost GP...

Le 16 avril 2019 à 23:08:03 bobbogay a écrit :

Le 16 avril 2019 à 22:07:10 Loooping2 a écrit :
Très bien écrit
Bien joué l'auteur
Cet épisode Prost GP est dur à lire l'ayant vécu
SpoilAfficherMasquerJe crains le passage de Alesi / Heidfleid

La mort de Lotus, la mort de Brabham, la mort de Ligier/Prost GP...

Et de plus petites équipes qu'on aimait tant : March, Arrows, Larrousse...