Fiche technique

Titre: A Touch of Zen (Hsia nu)
Réalisation: King Hu
Scénario: King Hu

Genre: wu xia pian
Durée: 3h
Année: 1971, ressortie en salles le 29 juillet 2015

Pays d'oroigine: Taïwan
Langue: mandarin

Avec Hsu Feng, Roy Chiao, Chun Shih, Ying Bai

Synopsis

La Chine sous la dynastie Ming. Yang Hui-chen, dont le père a été assassiné par la police politique du Grand Eunuque Weï, a réussi à s'échapper avec l'aide de deux généraux rebelles. Ayant trouvé refuge dans une citadelle frontalière abandonnée, la jeune fille est repérée par des espions impériaux. Pour l'aider à affronter les gardes lancés à sa recherche, elle trouvera un soutien inespéré auprès de Ku Sheng-chai, un jeune lettré qui se révèle un redoutable stratège, et surtout de Maître Hui-Yuan, un moine bouddhiste dont la force spirituelle n'a d'égale que sa maîtrise des arts martiaux…

Je n'avais jamais entendu parler de King Hu avant la ressortie de A Touch of Zen et l'article des cahiers. Je ne suis pas nécessairement amateur de wu xia pian mais la durée, le tournage chaotique, bref tout ce qui semblait faire de ce film le "Apocalypse Now" de son réalisateur a fortement attisé ma curiosité. Je m'attendais à un film lent et contemplatif. Et en fait pas vraiment. Le film est à mi chemin entre le wu xia pian classique et quelque chose de complètement unique. Alors quand le film propose une lente (mais superbe) immersion dans cette Chine mystérieuse et tropicale, parsemée de brumes mais lumineuse, c'est génial, c'est très "zen". C'est à tomber esthétiquement! Par contre quand le film commence à prendre une tournure presque psychédélico-bouddhiste (?) avec le personnage du moine, j'avoue que ça m'a quelque peu laissé sur le carreau... Ça ne marche pas vraiment, c'est vraiment trop , too much. Comme la musique que je trouve vraiment trop appuyée. Et puis c'est tout de même très (trop) long, 3 heures... Comme quoi King Hu c'est aussi un peu le Malick de son époque.
Les combats sont visuellement dingues, c'est réussi et maîtrisé, on ne tombe pas dans le grand-guignol.. C'est là que l'on constate que ce film est un peu la matrice de nombre de films aujourd'hui... Les cendres du temps, Kill Bill, Tigre et Dragon...
Sinon je déplore un peu la gestion des personnages. Dommage que l'on se détache un peu du personnage principal vers la moitié du film, d'autant plus que sa relation avec la jeune assassine est finalement peu exploitée. D'ailleurs son personnage est vraiment assez réussi, elle est très belle et crève vraiment l'écran.
C'est aussi regrettable que certains passages alourdissent pas mal le récit... Les flash-backs et la bataille du fort (qui est en plus assez illisible) notamment.
Mais le tout reste très intéressant à voir... C'est un peu l'apéro en attendant le Hou Hsiao-Hsien.

Je viens de le voir il y a quelques heures au Max Linder, c'est mon premier film dans ce genre et j'ai vraiment adoré J'ai pas trouvé que les flashbacks alourdissait le récit ou que la bataille du fort était illisible (certes d'une certaine façon le réalisateur entretien la confusion des personnages victimes de l'embuscade mais pour moi ça se suit bien)

Par contre j'avoue aussi être resté perplexe devant la fin du film, qui tranche avec le ton du reste du récit sans vraiment y apporter une conclusion satisfaisante

Oui! Carlotta encore, il font du très bon boulot en général, restaurations et blu-rays.

J'ai hâte de voir ça.

Le 01 août 2015 à 03:30:02 Lt-Schaffer a écrit :
Je l'ai vu également au Linder, pas mal déçu surtout après Dragon Inn du même réalisateur, que j'ai trouvé autrement plus réussi. Enfin, c'est quand même loin d'être mauvais, et puis, quelle beauté.

Si vous avez aimé, ruez vous sur Dragon Inn.

Ca tombe bien, il ressort dans quelques semaines, j'ai hâte

Le 01 août 2015 à 04:14:12 MrBlondin a écrit :
Oui! Carlotta encore, il font du très bon boulot en général, restaurations et blu-rays.

Carlotta ne fait que distribuer, la restauration a été faite dans un labo taïwanais (comme indiqué au début du film)

Je sais, je parlais plutôt des nouvelles copies qu'ils distribuent en salles.

Au temps pour moi, il me semblait qu'ils étaient impliqués dans le processus de restauration.

Je suis aussi assez partagé. Le film est très riche mais il se perd un peu je trouve.

Les décors sont sublimes mais leur poésie est un peu sabotée par la musique omniprésente (pourtant très belle elle aussi) et la caméra trop souvent focalisée sur les protagonistes (à l'exception de quelques plans comme celui où les combattants se font face dans la forêt de bambous par exemple), je trouve qu'on ne leur laisse pas assez de place.

Il y a aussi une tendance à beaucoup trop appuyer. En terme de montage, je pense par exemple au moment où SpoilAfficherMasquerGu s'en va avec le bébé sous le regard de Yang. Il y a bien quatre champs/contre-champs sur Yang et Gu alors que ni la situation ni le cadrage ni quoi que ce soit n'évolue d'un pouce, à quoi ça sert ? Et c'est pas le seul moment, ce genre de mise en valeur inutile arrive souvent pendant l'exposition, du coup j'ai eu un peu de mal à savoir où concentrer mon attention. C'est pas qu'un problème de montage d'ailleurs : SpoilAfficherMasquerle moment où Gu fait l'exposition de ses pièges en éclatant de rire à chaque fois est juste ridicule et poussif, même si pour le coup j'imagine que la différence de culture a un rôle important à jouer .

Un autre point qui m'a dérangé, c'est ce que je considère comme une mauvaise gestion des enjeux, notamment dans le dernier acte. Pendant un certain temps, on ne sait pas si on assiste à un épilogue ou si l'histoire redémarre. SpoilAfficherMasquerRien n'annonce l'arrivée d'un autre général, et le trip métaphysique qu'il amène sort un peu de nulle part. Question narration c'est pareil, c'est un peu chaotique. Alors que d'habitude le film prend tout son temps, on passe très vite de Gu qui s'en va avec son bébé, fondu enchaîné sur de la neige (? le temps qui passe ? apparemment non ; la pureté du bébé ?), le moine qui dit à ses nouvelles brebis d'aller le sauver parce qu'il a des ennuis (quels ennuis ? comment le sait-il ? si c'est juste après qu'il soit parti, pourquoi ne pas leur avoir dit de le suivre avant ?), poursuite avec la police locale, puis arrivée du nouveau général qui n'a rien à voir... Bon.
Puis Deus Ex Machina du Boudha (et là je chipote mais si c'était pour ça autant partir en même temps que les deux autres). Là le temps commence à se faire long, du coup j'étais un peu impatienté par le fait que le général envoie ses sbires se battre alors qu'on sait déjà que le moine est une machine. Encore un problème d'enjeux.

Bref, en gros, j'ai trouvé ça assez brouillon.
Je ne parle que des mauvais côtés. Derrière ça, il y a des scènes de combat formidables, une vraie poésie dans la manière de filmer les acteurs, des thématiques intéressantes et une ambiance qui fait vraiment voyager. Mais voilà, partagé.

J'irais bien le voir au ciné aussi mais 3h20 bwarf.

J'hésite à faire l'impasse sur celui-ci et à découvrir King Hu via Dragon Inn.

Je suis quand même très étonné de voir autant d'avis mitigé quand même.

C'est un film vraiment spécial, complexe et un peu désordonné malgré une grande virtuosité. Pour la ressortie de Dragon Inn les avis devraient être nettement plus enthousiastes.

Je l'ai trouvé vraiment lourd comme film même s'il est pas déplaisant à voir dans l'ensemble. Et il est interminable quoi.

Le 04 août 2015 à 20:17:14 -Assurance- a écrit :
J'irais bien le voir au ciné aussi mais 3h20 bwarf.

J'hésite à faire l'impasse sur celui-ci et à découvrir King Hu via Dragon Inn.

En fait ça fait "seulement" 3h, je crois que c'est une erreur les 3h20, ou c'est une autre versions en 2 parties.

Et il est interminable quoi.

Ça c'est le problème du troisième acte qui surgit alors que toutes les intrigues installées sont terminées.

Je ne suis pas un grand amateur de ce que j'ai pu voir de King Hu, notamment Raining in the Mountain qui mériterait sans doute un second visionnage car je pensais voir quelque chose de totalement différent beaucoup plus axé sur les combats, cependant j'avais de grands espoirs dans A Touch of Zen dont j'avais entendu le plus grand bien. J'avais cependant un peu peur que tout ceci ne me parle que très moyennement, mais là avec la ressortie en salle que j'ai ratée, il me fallait attendre une copie digne de ce nom histoire d'au moins profiter de la beauté visuelle du film...

Et c'est chose faite.

Le film est absolument splendide, visuellement renversant... J'adore ce genre de film où l'univers a une grande place, où le moindre détail compte... parce qu'ici on a de nombreux plans en extérieurs qui proposent tous des environnements variés, mais extrêmement cohérents et surtout magnifiques. J'adore ces maisons en ruines, avec des sortes de fougères qui poussent partout, ou ces bois de bambous... j'ai juste envie de me promener dans le film... et ça a un effet très fort sur l'immersion.

J'avais envie de savoir ce qui se passait dans cet univers, de savoir qui sont ces gens qui évoluent dans ce monde, quels sont leurs problèmes, etc.

L'histoire est assez simple ce qui ne l'empêche pas d'être vraiment riche. On de nombreux personnages que l'on apprend petit à petit à connaître... même si mon regret est à ce niveau là, disons que j'en aurai voulu plus, j'aurai voulu plus de scènes avec juste du dialogue, ou du moins où l'on sent qu'il se passe quelque chose entre eux. Alors il y en a, je pense à cette scène où le héros et l'héroïne finissent par s'étreindre alors que le tonnerre tonne et que la foudre frappe éclairant ainsi la scène... Mais lorsque la fin du film surgit je n'ai pas été aussi dévasté que j'aurai dû l'être. Parce que autant la relation fonctionne très bien, mais ces moments sont trop rares pour réellement m'émouvoir, alors que sur le papier c'est vraiment déchirant.

Je dois cependant avouer que je n'ai pas vu le temps passer, même si au moment où l'on pense que tout est terminé, l'intrigue se relance de manière assez inattendue, ce qui fait forcément regarder sa montre. Mais j'aime beaucoup cette dernière partie, beaucoup plus spirituelle... Même si je pense qu'elle aurait été pu être un peu mieux raccordée au reste, parce que ça semble quand même sortir un peu de nulle part et on devine plus qu'on ne comprend réellement ce qui se passe.

Ceci-dit le moine bouddhiste dégage quelque chose de vraiment fort à chaque fois qu'il est l'écran et le voir dans ce final, ben ça fait quelque chose, on sent que mine de rien c'est habité comme film, qu'il y a une évolution, on part de ce petit scribe (?) sans ambition pour arriver à quelque chose de quand même, il faut bien le dire, assez grandiose.

Ce qui permet je pense au film de passer comme une lettre à la Poste c'est non seulement son univers et sa photographie somptueuse, mais c'est aussi que c'est très rythmé, voire même trop, ainsi à partir du début de la deuxième heure on a de plus en plus de combats, chose à laquelle je ne m'attendais pas du tout. Ces combats arrivent en peu de mouvements et grâce au montage à donner une vraie sensation de puissance pour certains personnages... D'ailleurs je tiens à souligner le fait que le héros ne se batte pas et que c'est au contraire la fille qui pratique les arts martiaux, ce qui est loin d'être une mauvaise idée, ça permet de créer des personnages qui se démarquent.

En parlant du montage, j'aime beaucoup son utilisation, dans les combats, mais aussi au moment de certaines transitions entre les flashback et la narration au présent qui se fait sur des idées visuelles assez proches, sans tomber pour autant dans un truc lourdingue.

Et si A Touch of Zen n'est pas un film parfait il fourmille d'idées visuelles et de scènes qui ont tout pour marquer durablement le spectateur. Et ça me fera sans doute voir d'autres King Hu.

En ce moment sur Arte

En replay sur Arte jusqu'à fin août : https://www.arte.tv/fr/videos/038159-000-A/a-touch-of-zen/
(par-contre, ils ont coupé le générique de fin)

Ah merci, depuis le temps que je voulais le voir celui là. Au top Arte comme d'hab !