Loin des hommes

Fiche Technique

Durée: 1h41min (101min)
Image: 2.35:1

Date de sortie: 14 Janvier 2015
Pays: France
Production: Kaléo Films, One World Films et Perceval Pictures

Réalisation: David Oelhoffen
Scénario: David Oelhoffen, d'après la nouvelle L'Hôte d'Albert Camus
Musique: Nick Cave & Warren Ellis
Casting: Viggo Mortensen, Reda Kateb etc...

Synopsis

1954. Alors que la rébellion gronde dans la vallée, deux hommes, que tout oppose, sont contraints de fuir à travers les crêtes de l’Atlas algérien. Au coeur d’un hiver glacial, Daru, instituteur reclus, doit escorter Mohamed, un paysan accusé du meurtre de son cousin. Poursuivis par des villageois réclamant la loi du sang et par des colons revanchards, les deux hommes se révoltent. Ensemble, ils vont lutter pour retrouver leur liberté.

Infos

Affiche: http://www.impawards.com/intl/france/2014/posters/loin_des_hommes_xlg.jpg
Bande-Annonce: https://www.youtube.com/watch?v=Z4XtbWIIni4

J'avais vu la BA au ciné la semaine dernière (je voulais faire le topic en rentrant mais j'ai oublié d'ailleurs ), et voir Mortensen parler Français ça fait bander !

Je l'ai vue aussi et j'ai vraiment peur de l'effet Michael Kolhaas, ça m'avait gonflé au bout d'un moment le français approximatif

Critique rapide.

J'ai pas été emmené dans cet aventure, autant que je l'aurais aimé. Le film se repose un peu trop sur son concept "deux hommes qui marchent ensemble, sans aucune animosité l'un envers l'autre, à un moment où l'histoire les oppose". Donc le titre est très pertinent. C'est un film humaniste, certainement trop, car j'ai été étonné lorsque le réalisateur nous a parlé de ses deux protagonistes qui "se rencontrent, prennent un chemin ensemble", alors qu'ils ont une religion différente ; l'un est colon, l'autre est arabe, les deux sont un peu des apatrides - le français est espagnol d'origine, donc pas considéré par les pieds noirs comme l'un des leurs, et l'arabe est banni de son village -, et qu'ils ont "tous les deux des stéréotypes envers l'autre". C'est là que peut-être, le réalisateur s'est trompé dans ce qu'il voulait faire, justement car il est trop humaniste : à aucun moment du film, ni au tout début ni plus tard, les deux personnages n'auront un regard fait de stéréotypes envers l'autre. Vigo joue un "colon" instituteur, qui apprend le français à de jeunes arabes, dans sa cabane, il n'est pas du tout raciste - même pas de ce racisme gentil de pied noir -, et Reda joue un arabe qui est tout simplement trop préoccupé par son sort et celui de sa famille pour ressentir une haine envers le colon - on est au début de la Guerre pour l'indépendance - qui refuse de l'amener à la mort.
Donc pas de stéréotypes. Alors c'est peut-être inconscient mais c'est intelligent. Loin des hommes.

Mais, au delà de cette idée magnifique de ces deux hommes qui n'en ont rien à foutre que l'un soit arabe et l'autre pied noir alors que la guerre d'indépendance demande à ce qu'on choisisse son camps, le chemin parcouru par ces deux hommes n'est pas assez passionnant, à mon goût. Ça ne raconte pas assez de choses. Il y a bien cette question de la fraternité, que David Oelhoffen a évoqué après le film, qui est assez forte, entre Vigo et un ancien camarade de régiment, arabe. Les deux partagent apparemment un sentiment de fraternité, qui est malheureusement meurtri par le refus d'engagement par les armes de Vigo. Mais c'est pas approfondi, et l'acteur ne joue pas spécialement bien. Un mot là-dessus d'ailleurs : Si Vigo joue extrêmement bien et Reda, bien, mais moins passionnément que dans Un Prophète, les second rôles (uniquement du côté du corps militaire et des rebelles) ne sont pas très convaincants.

Pas grand chose d'autre à dire. Ça va pas assez loin. Mais de bons éléments sont posés.

Edit : Enfin je conseille quand même, pour ceux qui vont souvent au cinéma.

Bah j'ai pensé à La Chasse lors d'une scène ou deux.

C'est pas du tout un mauvais film. Mais il est pas abouti, on sent que le réal savait pas vraiment pas où aller.

Mais en fait le film devrait pas mal te parler, par rapport à ce que tu fais.

J'ai trouvé le film vraiment sublime, sur tous les plans.

J'en profite pour dire que j'ai moi aussi beaucoup aimé ce film. Un gros coup de cœur de ce début d'année. Viggo Mortensen est pour moi un acteur beau dans le cinéma qu'il fait et a un charme quei ne me laisse pas indifférent.
L'histoire est belle. il n'y a rien de trop gros, trop lourd là dedans. C'est simple et beau. Et ça se termine comme il se doit.

● LOIN DES HOMMES, David Oelhoffen ● 

● Note : 7/10 ● 

Algérie, 1954. Les débuts d'une guerre de huit ans se font sentir et commencent à parcourir tout le pays. Les rebelles indépendantistes prennent les armes, organisent leurs premières embuscades. Les colons français ont ordre d'éradiquer toute menace rebelle. Dans ce contexte complexe qui opposent trop de partis pour l'expliquer en un seul film, deux hommes vont voir leur destin se croiser.

En 2015, David Oelhoffen a l'audace de nous offrir un véritable western ; le film reprend la plupart des codes du genre, on se retrouve face à un western en terres algériennes. Rare, peut-être même inédit. Ici, c'est bien l'arme qui fait la loi, chaque homme est un peu livré à lui-même, on se déplace à cheval, et c'est le premier qui tire qui s'en sort.

Viggo Mortensen, absolument magistral, interprète un professeur des écoles qui gère une classe, perdu au milieu de nulle part. On le sait, Viggo, c'est la classe et le charisme en un seul homme, mais là il fait très fort : dans le même film, il parle français, arabe et espagnol. Je ne suis pas expert en espagnol, mais voir un tel acteur parler aussi bien le français et l'arabe durant tout un film, ça impose le respect. Un arabe dialéctal dont il use tout au long du film avec une aisance déconcertante, lui l'américano-danois.

Bref, un jour, on dépose un homme condamné à mort à ce professeur. L'homme est joué par Reda Kateb, qui souffre de la comparaison avec Viggo tout au long du film. En tout cas, les choses font que le professeur est poussé à déposer l'homme dans une certaine ville pour qu'il y soit jugé et exécuté pour ses actes. S'en suit donc un périple loin d'être paisible à travers les montagnes de l'Atlas.

Je ne connaissais pas David Oelhoffen avant d'avoir vu ce film. Il faut avouer que visuellement, il fait très fort. Les paysages désertiques et montagneux se prêtent au jeu, et le réalisateur en profite pour nous régaler de plans de grand ensemble somptueux tout le long du film ; c'est beau, immense, les horizons à perte de vue et les plans extra-large bercent la rétine durant tout le voyage des deux héros. 

De plus, la mise en scène est soignée, et les trois-quatre scènes de fusillade sont toutes marquantes, prenantes, réalistes. On y croit, on est dedans, impliqué et crédule.

Côté musique, avec Nick Cave aux commandes, la réussite était assurée. Cave, c'est le mec qui a fait un travail d'orfèvre sur " L'Assassinat de Jesse James ", " The Proposition " ou encore " Lawless ". Autant dire que le musicien sait ce qu'il fait. La BO n'est pas marquante, du moins on ne la fredonne pas en sortant, mais elle parcourt toute l'œuvre avec justesse et sobriété, sans jamais faire fausse route.

Là où le bât blesse, c'est au niveau du script, un peu léger, un peu prétexte facile pour ce beau voyage entre deux hommes que tout oppose. Viggo ( le professeur ) n'a pas de réelle raison de prendre tous ces risques pour Reda ( Mohamed dans le film ). D'ailleurs il refuse catégoriquement au début, puis, dans un élan de générosité, de bonne conscience et de vertu morale, il se lance dans l'aventure et le film démarre vraiment. Mais les valeurs morales suffisent-elles à justifier tant de chemin et tant de risques ? Ca laisse perplexe. Et puis, toute l'histoire de Mohamed, son acte, ses raisons, ses motivations... autant de choses peu crédibles et pas assez justifiées pour expliquer son comportement. La fin est assez prévisible, et même si le périple est intéressant et parsemé de belles séquences, il souffre de quelques longueurs évitables.

Autre point faible, Reda Kateb, peu convaincant, qui passe le film entier à pleurnicher, lâche et pessimiste du début à la fin. Comble du comble, lui qui est sensé jouer un algérien de naissance parle aussi mal arabe que français durant tout le film : en français il faut tendre l'oreille pour le comprendre, en arabe il a un accent horrible que même les sous-titres ne font pas oublier. Le pire, c'est que Viggo parle mieux arabe que lui...

" Loin des Hommes " est un très beau film aux allures de western, plaisant à suivre, régal pour les yeux, porté par un Viggo Mortensen charismatique au possible, qui jongle entre trois langues avec une habileté remarquable. Le film n'oublie pas son contexte et n'hésite pas à montrer les colons sous un très mauvais jour lors d'une séquence qui fait froid dans le dos. Osé, quand on sait qu'on a affaire à un film français. Un très bon film français, qui aurait pu être un grand film avec un scénario plus convaincant.

beau film !

Très beau film en effet, je regrette de l'avoir raté au cinéma. J'ai hâte de lire la nouvelle de Camus désormais, parce que Loin des Hommes vise très juste dans son discours. C'est bien l'histoire de deux hommes qui doivent s'aventurer dans un paysage perdu où il n'y a plus d'hommes mais seulement des corps animés par un combat sans repères. Je dois dire qu'au début j'étais sceptique quant à la qualité de l'écriture des personnages, mais il faut bien s'accorder du temps pour leur donner vie. Et là on se retrouve avec un duo d'acteurs que l'on aurait pas pensé voir un jour ensemble et qui prend forme avec beauté.
Loin des Hommes atteint sa force paroxystique le temps d'une réplique qui résume toute la situation des protagonistes. Il faut prendre soit parti pour l'indépendance de l'Algérie et risquer sa vie, soit contre le mouvement et participer à l'extermination des indépendantistes. Les deux hommes sont hors de ce combat, c'est bien d'ailleurs ce qui fait d'eux des Hommes, et c'est une valeur que le personnage de Viggo Mortensen va défendre pour le personnage de Reda Kateb. C'est bien la toute la beauté du film, et même si par moments le film peut être techniquement trop convenu, il brille quand même par sa rigueur, ornée par la discrète mais somptueuse composition des grands musiciens Nick Cave & Warren Ellis

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Musique : https://www.youtube.com/watch?v=mgaj7oZbmsQ