Bien le bonjour, les amis.

J'étais venu à vous il y a quelques temps, afin de savoir si une "fic" hors-sujet, c'est à dire une histoire complètement en dehors du lore de The Elder Scrolls, vous dérangerait. Quelques personnes m'ont encouragé à me lancer, et personne n'a fait opposition. Si toutefois ce sujet dérangeait, j'accepterai sans sourciller qu'il soit supprimé. Voila, c'est donc avec un grand plaisir que je viens vous partager cette histoire en cours d'écriture, et qui me tient beaucoup à coeur. J'essaye de créer un univers le plus complet et cohérent possible, sans plagier qui que ce soit (Quand j'ai un doute, je cherche sur Google voir si l'idée ou le nom existe deja ). N'hésitez surtout pas à faire part de vos critiques, positives comme négatives. Je ne suis pas susceptible, et cela ne peut que m'aider à progresser !

Commençons donc par le résumé de l'histoire. Viendra ensuite le prologue, assez court mais tout de même important; suivi du 1er chapitre. Enjoy les copains !

Résumé :

Sur Tela'Naar, monde médiéval peuplé d'elfes, d'orcs, de nains et autres créatures fantastiques, une légende raconte que le Nidriil est la source de toute énergie, conférant à son porteur le pouvoir des dieux créateurs. Cependant, nul ne sait ce qu'est exactement ce fameux Nidriil, ni où il avait été dissimulé. Au fil des âges il devint un mythe, une légende oubliée. Toutefois, lorsqu'un groupe d'explorateurs découvrit d'anciennes écritures, le mythe devint réalité; et ce qui aurait du rester oublié, refit surface... Dès lors, bon nombre de Tela'naaréens partirent à sa recherche. Parmi tous ces aventuriers, il en est un promis à un destin unique. Aetheris, le jeune sylvenir, est entrainé malgré lui dans une quête épique, parsemée d'embûches, de surprises et de dangers; mais également de rencontres en tous genres. Au sein d'un monde désormais déchiré par la magie et la guerre, Aetheris et ses compagnons devront faire face à une sombre menace qui les guette dans l'ombre. Ainsi, les voilà engagés dans la bataille du Nidriil.

Prologue :

Le calme était absolu, au sein d'une sublime nébuleuse, parsemée d'étoiles et de planètes. Ces dernières étaient aux formes et aux couleurs diverses et variées. Une planète sortait toutefois du lot, par sa taille et sa couleur vive. Il s'agissait d'une immense planète majoritairement azur, enlassée par sa ceinture d'agrégats de glace dansant lentement en son orbite. Un bruit sourd vint toutefois interrompre le silence régnant sur ce manteau étoilé. Au loin, une explosion semblable à un trou noir venait purement et simplement d'avaler et d'annihiler quasiment tout ce qui avait eu le malheur de se situer à proximité. De cette explosion émergea une source lumineuse, de couleur aigue-marine, et d'une lueur éblouissante. De cette lueur émanaient quelques murmures, incompréhensibles. La lueur semblait se rapprocher rapidement de la planète azur. Au fur et à mesure que cette lueur se rapprochait, les murmures se faisaient de plus en plus frénétiques et nombreux. Ces-derniers donnaient la désagréable sensation de vouloir posséder l'esprit de quiconque les écouterait. La lumière se faisait de plus en plus éblouissante, et les murmures, de plus en plus audibles : « Aetheris... Aetheris... Aide-nous... Aide nous ! ». Au loin, un météore filait dans le néant. Lorsque soudain, la lueur aigue-marine se projeta vivement en avant, accompagnée d'un horrible cri strident : « AETHERIS ! ».

CHAPITRE I :

Aetheris se réveilla en sursaut et en sueur. Le sylvenir, nom donné aux « elfes des bois », venait une énième fois de vivre ce rêve étrange dont l'origine lui était encore inconnue. Il n'en avait guère parlé à personne pour le moment, craignant qu'on le prenne pour un fou. Cependant, garder le silence sur cet effrayant mystère se faisait de plus en plus pesant. Il en parlerait peut-être à sa famille, plus tard. Mais pour le moment, il devait se lever. Une journée spéciale l'attendait. En effet, il s'agissait du dix-huitième anniversaire de son petit frère, Naraël ; et une grande cérémonie était organisée dans la capitale pour cette occasion. Ôtant nonchalamment l'épais drap de laine dans lequel il s'était enfoui, Aetheris s'assit au bord de son lit, puis laissa tomber sa tête entre ses mains, émergeant lentement de cette nuit de sommeil perturbée ; songeant à ce que pouvait bien signifier ce rêve qui le hantait de plus en plus souvent. C'est avec l'esprit embrumé qu'il se leva, difficilement, se dirigeant d'un air pataud en direction de son armoire à vêtements. Après avoir enfilé une chemise blanche en lin, et un pantalon de jute beige, il poursuivit son chemin en direction de la porte, puis sortit.

Le soleil éclaira le visage du sylvenir, qui dut fermer un oeil le temps de s'habituer aux rayons chauds et lumineux. S'étirant face à cette chaleur relaxante, il observa quelques instants ses confrères villageois qui vaquaient à leurs occupations. Bien qu'assez modeste, il faisait bon vivre, dans ce village nommé Valnuit. Entouré d'une magnifique forêt verdoyante, le Bosquet étoilé, et scindé en deux par une rivière, il fallait bien avouer que Valnuit était à lui seul un plaisir pour les yeux, un havre de beauté et d'harmonie. Les maisons en bois étaient dispersées au sol, mais également dans les arbres, reliés entre-eux par des ponts suspendus dans le vide. Aetheris, lui, victime de son vertige, avait opté pour une maison au sol, proche de la rivière. Ainsi, après avoir brièvement admiré le paysage, il se dirigea vers cette-dernière. Il se pencha, à genoux, et y trempa ses mains afin de les passer sur son visage. L'elfe contempla ensuite quelques secondes son reflet dans le cours d'eau. Ses longs cheveux noirs volaient légèrement dans la brise matinale. Des cernes étaient dessinées sous ses yeux verts, marques du manque de sommeil récent. Sa barbe d'une dizaine de centimètres était soigneusement taillée. Les ondulations de l'eau déformaient cependant sa silhouette ; lui qui possédait une taille et une corpulence normale, quoique très légèrement musculeuse. Soudain, une silhouette apparu derrière lui. Il n'eut à peine le temps de l'aperçevoir que dans la seconde qui suivit, il fut entièrement immergé sous l'eau. Quelqu'un venait de l'y pousser brusquement.

Un rire grave éclata, audible même au fond du cours d'eau. Aetheris l'aurait reconnu parmi des milliers. Après avoir sorti sa tête de l'eau, un sylvenir quasiment deux fois plus imposant que les autres, quoique de taille légèrement plus petite que la moyenne, se tenait debout, face à lui. Ses cheveux courts et noirs étaient coiffés sur le coté. Ses yeux marrons étaient remplis à la fois de sagesse, de malice et de naïveté. Une barbe similaire à celle d'Aetheris ornait son visage. Habillé de vêtements modestes, une tenue en lin et en jute comme on en voit souvent chez les sylvenirs, il continuait de rire à pleins poumons, lorsque la prise de parole d'Aetheris, furieux, l'interrompit.

« Toi... Toi ! Tu ne perds rien pour attendre ! cria-t'il.

— Allons, allons, ne soit pas si rancunier ! Je n'ai pas pu résister à la tentation. Tu étais là, penché près de l'eau. L'occasion rêvée ! lâcha son confrère dans un rire moqueur et satisfait ».

Aetheris grommela, puis lui tendit sa main.

« A quoi songeaient donc nos parents lorsqu'ils m'ont donné un frère tel que toi ? Attrape donc ma main et sort moi de là, sombre idiot ».

En effet, l'elfe en question n'était autre que le grand frère d'Aetheris : Zhols. Depuis toujours, il aimait faire de ses frères les victimes de ses farces.

« Je dois avouer que j'hésite. Je me délecterai bien de ce spectacle un peu plus longtemps, dit-il en souriant ».

Il attrapa toutefois la main du malheureux, ce dernier en profitant pour le tirer aussi fort que possible afin de le faire tomber dans l'eau à son tour.

« Ah ! Voila, je t'avais prévenu que tu ne perdais rien pour attendre !

— Non ! s'exclama-t'il. Pourquoi as-tu fait cela ? Je vais devoir me sécher maintenant, alors que Meg'an m'a donné rendez-vous dans moins d'une heure ! Je ne serai jamais présentable à temps. Tu ne sais pas ce que c'est que d'avoir un rendez-vous avec une femme, toi !

— Ça, il fallait y penser avant, mon frère. Et puis, tu n'as jamais vraiment été présentable, de toutes façons, rétorqua Aetheris d'un air moqueur.

— Hahaha. Très drôle, répondit-il ironiquement. Au moins, je fréquente une femme, moi. Tu ne peux pas en dire autant, il me semble.

— Hé ! Ce n'est pas juste. Si je n'ai pas de femme, c'est par choix.

— Pas ton choix, je le crains, petit frère, ricana Zhols en tapant son frère du coude ».

Aetheris grimaca, et sur cette dernière boutade, ils sortirent de la rivière, non sans laisser quelques tâches de boue sur leurs vêtements. De son côté, Zhols partit se changer, chez lui. Il voulait mettre toutes les chances de son côté pour ce rendez-vous avec Meg'an, qui ne semblait pas être sans arrières-pensées sentimentales. Aetheris, quant à lui, partit pour ce qu'il avait initialement prévu : chasser. Il souhaitait ramener le plus gros cerf possible, afin de festoyer en l'honneur de l'anniversaire de son petit frère, une fois la cérémonie terminée. Après être rentré chez lui, et s'être équipé de son arc et de son carquois, il sortit et s'enfonça dans la forêt. Cette dernière était calme et paisible, avec pour fond sonore, une douce brise accompagnant le gazouillement des oiseaux. La faune s'y baladait sereinement, sans se soucier de l'elfe qui rôdait dans les parages. D'ailleurs, l'elfe ne se souciait guère d'eux non plus. Il n'était point venu pour les oiseaux, les lapins ou encore les renards qui croisaient son chemin. Après quelques minutes de marche silencieuse au sein de cette forêt, le chasseur trouva enfin ce pourquoi il était venu. Un magnifique cerf blanc, aussi majestueux qu'imposant. L'elfe sortit une graine de sa poche, l'embrassa, puis pris une flèche dans son carquois. Il encocha lentement cette dernière, banda la corde de son arc, puis décocha sa flèche. Elle partit droit, sifflant dans le vent, puis vint heurter le cou de sa proie. Le cerf s'effondra aussitôt, agonisant bruyamment. Le sylvenir se précipita à sa hauteur, puis s'agenouilla à ses côtés. Il empoigna la dague accrochée à son ceinturon, et s'adressa au cerf :

« Je te présente mes excuses, mon ami. Puisse ton âme rejoindre le repos éternel auprès de Florazur ».

Sur ces mots, le chasseur mit fin aux souffrances du cerf, en lui plantant sa dague dans le crâne. Détachant une corde de plusieurs dizaines de mètres de son ceinturon, il l'enroula autour de l'animal, et rentra en direction du village. L'elfe accrocha ensuite la corde à la lisière de la forêt et parti chercher son grand frère. Il le trouva chez lui, hésitant encore sur sa tenue pour rencontrer Meg'an.

« Tu n'as toujours pas fini de te préparer ? S'étonna Aetheris.

- Non, j'hésite encore entre la tunique blanche et la tunique verte. Aide moi !

- Hum, et bien, aucun vêtement au monde ne te mettra en valeur, mais je te conseille la verte.

- Tu es sûr ? Demanda Zhols.

- Oui, je le suis. Mais je peux te laisser hésiter plus longtemps si tu le souhaites.

- Non, non, c'est bon. La tunique verte.

- Ah, tu vois quand tu veux ! Bon, ce n'est pas tout, mais j'aurai besoin de ton aide pour transporter un cerf que je viens de tuer.

- Oh, et n'aurais-tu pas pu le dire avant que je ne me change ?

- Non, t'embêter reste ma premiere passion ! Ricana-t'il d'un air moqueur.

- Tu as toujours autant d'humour, je me demande pourquoi tu es toujours sans femme, répondit sarcastiquement l'aîné. Bon, allons-y, je n'ai pas beaucoup de temps».

Ainsi, les deux frères repartirent en direction de la forêt. Zhols l'interrompit cependant :

« Te rappelles-tu de l'endroit exact où tu as tué le cerf, au moins ?»

Aetheris regarda son frère, lui sourit, puis attrapa la corde qu'il avait enroulée autour d'un arbre.

« Nous n'avons plus qu'à suivre cette corde, annonça-t'il fièrement tandis que Zhols lui souria, surpris.»

Zhols et Aetheris arrivèrent sans difficulté jusqu'au cerf, puis le trainèrent difficilement jusqu'au village grâce au cordage du benjamin. C'est essoufflé qu'ils arrivèrent au village, tandis que leur petit frère, Naraël, s'apprétait à se rendre à la cérémonie qui lui était dédiée. Le cadet des trois frères était certes, le plus jeune, mais il était toutefois plus grand que ses deux frères. Ses cheveux courts et châtains faisaient ressortir ses yeux verts. Cependant, sa peau était aussi douce que celle d'un nouveau-né, en raison de l'absence de pilosité faciale. Habillé pour l'occasion d'une grande tunique verte aux brodures dorées, ce dernier paraissait tel un noble. Aetheris s'empressa de le rejoindre, tandis que Zhols parti rejoindre Meg'an.

« Petit frère ! Comment te sens-tu ? Es-tu prêt pour le Pacte Sylvestre ? demanda-t'il enthousiaste.

— Hum, pour ne rien te cacher, j'ai un peu peur. J'espère que Florazur m'accordera sa bénédiction. Elle l'a refusée aux trois derniers sylvenirs qui lui ont demandée. Et si jamais elle n'était plus encline à l'accorder à quiconque en ce moment ?

— Ne dis pas de sottises, voyons. Ces trois idiots ne la méritaient simplement pas. Toi, tu es un sylvenir plein de bonté et de bonnes valeurs ! Nul doute qu'elle t'accordera sa bénédiction.

— Puisses-tu dire vrai...

— Aller, cesse donc de t'inquiéter. Laisse moi le temps de préparer deux trois bricoles, puis d'aller chercher Zhols, et nous te rejoignons aussitôt ! »

Aetheris entreposa dès lors le cerf chez lui, le dépeça et le recouvrit de sel afin de le préserver jusqu'au soir. Un bon moment plus tard, il partit à la recherche de Zhols, qui était sûrement encore avec Meg'an, ne faisant pas attention à l'heure à laquelle il était censé rejoindre ses frères. Sur le chemin, un petit garçon aux cheveux ébouriffés blonds, ami d'Aetheris, l'interrompit durant sa recherche.

« Aetheris, dis, il part où Naraël ? demanda-t'il naïvement.

— Et bien, mon petit Kyrill, mon frère s'en va accomplir le Pacte Sylvestre, tout comme tu le feras un jour, répondit Aetheris en frottant les cheveux de Kyrill.

— Mais... C'est quoi le Pacte Sylvestre ? le questionna-t'il timidement.

— Je n'ai pas beaucoup de temps devant moi, mon petit Kyrill. Je vais te l'expliquer rapidement, mais si tu as des questions, tu devras me les poser à mon retour uniquement.

— D'accord.

— Vois-tu, cette cérémonie, nommée le Pacte Sylvestre, est réalisée pour chaque sylvenir atteignant l'âge de dix-huit ans. L'elfe ayant atteint sa majorité rejoindra Tisselune, la capitale des sylvenirs, et se présentera devant le Ku'naï, l'Arbre-Monde, afin de reçevoir la bénédiction de Florazur, notre déesse. S'il est digne de la bénédiction de Florazur, un Lapis Sideri, un oiseau bleu qui est également l'emblème de notre peuple, cueillera une graine au sein de l'Arbre-Monde puis la déposera dans les mains de l'elfe des bois. Dès lors, il sera autorisé par notre déesse à récolter végétaux, bois, fruits et légumes, ainsi que de chasser des animaux. Toutefois, il ne pourra le faire que sous certaines conditions. Il devra remercier le végétal ou l'animal avant de le récolter ou de le tuer. Pour chaque végétal récolté, il devra planter une graine de la même espèce. Il ne pourra tuer que les animaux mâles, et adultes. Voilà, c'est plus ou moins tout ce qu'il y a à savoir.

— Mais... Et si le sylvenir est méchant et trahit le Pacte ?

— Tout contrevenant serait jugé et châtié par un rituel nommé le Gangresylve, destiné à destituer le sylvenir de tous ses attributs d'elfe des bois, et de le bannir de la forêt. Suite à cela, l'elfe ne posséderait que quelques semaines avant de choisir entre la mort, ou la transformation en elfe damné, un stalnos. Je te parlerai des stalnos plus tard. Ils sont effrayants, et le temps n'est pas encore à la frayeur aujourd'hui.

— D'accord. Merci Aetheris, tu es le plus gentil de tous ! s'exclama le petit elfe, serrant son confrère dans les bras ».

Aetheris sourit, heureux de se savoir apprécié et d'avoir rendu service. Il apprécoait tout partoculièrement Kyrill ; pour la simple raison qu'il le connaissait depuis sa naissance et qu'il s'en occupait lorsque ses parents devaient s'absenter. Il le considérait en quelques sortes comme son second petit frère. Cependant, il se sentait légèrement coupable d'avoir menti à son jeune interlocuteur. En effet, passé un certain âge, tout le monde savait pertinemment que les stalnos n'étaient qu'un simple moyen d'effrayer les enfants pour qu'ils restent sages. Le pacte, en revanche, était plus controversé. Ce dernier n'ayant guère été réalisé depuis un nombre d'années si conséquent, qu'aucun sylvenir n'y a jamais assisté de son vivant. Du moins, s'il avait été pratiqué au cours des dernières décennies, cela n'avait pas été d'ordre publique. Le remord se fit rapidement oublié lorsqu'Aetheris se rappella qu'il devait retrouver son grand frère. Courant un peu partout dans le village, il finit par lui mettre la main dessus, assis contre un arbre ; enlaçant silencieusement Meg'an.

« Excuse moi de t'interrompre, Ô grand séducteur, mais il semblerait que tu aies oublié que nous possédons un petit frère qui s'apprête tout juste à partir pour réaliser le Pacte Vert. »

Après un léger temps de réaction et de stupeur, Zhols bondit d'un coup et se leva, renversant maladroitement Meg'an.

« Par la grâce de Florazur, comment ai-je pu donc oublier une telle chose ? Je suis vraiment stupide, parfois !

— Parfois, oui... rétorqua ironiquement Aetheris.

— Je suis vraiment désolé Meg'an, je dois y aller. Nous remettrons ce rendez-vous le plus rapidement possible, je te le promets.

— Ce n'est rien, je comprends. Cette cérémonie est importante, ne la rate sous aucun prétexte. File, je ne t'en veux pas. A plus tard, répondit-elle en déposant un baiser sur la joue de Zhols.

— A... A plus tard, bégaya-t'il en retour.

— Aller, petite tête, tu nous as fait perdre assez de temps. Dépêche toi, ou nous serons en retard à la cérémonie de notre propre petit frère ! »

Ainsi, les deux frères s'empressèrent de rejoindre Naraël, qui les attendait à la sortie du village.

« Vous voilà enfin ! Voulez-vous donc que je ne bénéficie pas de la bénédiction de Florazur et que je sois la risée du village ?

— Non, mais Zhols était occupé à papillonner dans les yeux de Meg'an qui semblent être plus chronophages qu'ils n'y paraîssent.

— Je te remercie de me faire passer pour un crétin faisant passer une femme avant notre petit frère, Aetheris, vraiment.

— Je te charrie, je sais que tu ne pensais pas à mal et que tu fais passer notre famille avant tout. Cesse de ronchonner.

— Bon, quand vous aurez fini de vous chamailler... La route nous attend ! s'impatienta le cadet. »

C'est ainsi que les trois frères prirent la route, traversant à pied les verdoyantes forêts du Bosquet étoilé. Sur leur chemin, d'immenses pins à perte de vue. Des plantes communes, telles que des fougères ; ou encore d'autres plus exotiques, aux formes et aux couleurs uniques étaient parsemées ça et là. La beauté de la nature que leur offrait leur déesse, à leurs yeux, dépassait l'entendement. Les animaux se baladaient parmi eux sans même les craindre, s'approchant parfois assez près pour être caressés. Les papillons volaient autour d'eux, certains se posant hasardeusement sur leurs épaules. Après une trentaine de minutes de marche, un spectacle plus époustouflant encore se tenait face à eux. Une grande allée de galets blancs formait un chemin menant droit vers Tisselune, cette sublime ville fusionnée avec l'Arbre-Monde. Le Ku'naï était d'une taille inimaginable. La cime de ce phénomène de la nature s'élevait au-delà des nuages. Un millier de lucioles tournoyaient harmonieusement autour de ce-dernier. Les trois elfes s'arrêtèrent un instant, profitant de cette sublime vue, puis reprirent la route, pressés par le temps. Ils longèrent l'allée de galets, jusqu'au moment où deux gardes leur barrèrent la route.

« Halte là ! Qui êtes-vous donc, d'où venez-vous et que venez-vous donc faire ici ?

— Je me nomme Aetheris, et voici mes frères, Zhols et Naraël. Nous arrivons de Valnuit, où nous vivons. Mon frère vient d'atteindre sa dix-huitième année aujourd'hui même. Il est attendu pour la cérémonie du Pacte Vert.

— Hum, attendez ici, je vais informer Mirtrandil, le Maître du Bosquet, de votre arrivée. Il me confirmera ou non la véracité de vos propos, répondit l'un des gardes.

— Votre collègue me semble bien précautionneux, dites moi. Agit-il toujours de la sorte ? demanda Naraël.

— Oh, oui, c'est la procédure, vous savez. Ces-temps ci, une sombre menace plâne au dessus de nos têtes, et plus particulièrement au dessus de Tisselune. Peut-être en avez-vous entendu parler ?

— Absolument pas. Nous ne sortons pas beaucoup de notre village, et les rumeurs ne parviennent que rarement jusqu'à chez nous. Quelle est donc cette menace ? Votre visage semble trahir une certaine angoisse, s'inquiéta Zhols.

— Et bien, je ne sais pas si vous connaissez les légendes concernant les divins qui règnent sur notre monde. L'une d'elles raconte qu'un jour, Kar'gul, le frère de Florazur, fut banni du royaume des dieux par sa soeur. Il s'exila sur notre monde, Tela'Naar, et se transforma dès lors en stalnos, un elfe damné. Le problème est tel que ce dieu déchu est le plus puissant nécromancien que le monde n'ait jamais connu, et qu'il maîtrise mieux que quiconque les domaines de la pestilence et de la magie noire. Pourquoi nous inquiétons-nous tant que ça, notamment pour Tisselune, pourriez-vous vous demander. La raison est on ne peut plus simple. Des rumeurs voudraient que Kar'gul, si vous croyez en ces histoires, ait élaboré un plan si terrifiant qu'à la simple idée de vous en parler, j'en ai des frissons. Il aurait, selon les rumeurs, prévu prochainement de...

— Hé, vous, là-bas ! cria le garde qui s'était absenté, interrompant l'histoire de son confrère. C'est bon, Mirtrandil m'a confirmé vos dires. Vous pouvez rentrer. Mais hâtez vous, Naraël doit être prêt dans 5 minutes ! »

Les trois frères étaient on ne peut plus intrigués par cette histoire, mais n'avaient guère le temps d'en écouter plus. Ils se précipitèrent rapidement dans Tisselune, qui s'avérait être quasiment désert. Tous attendaient que la cérémonie commence, devant le Ku'naï. Aperçevant Maïko dans sa tenue cérémonielle, Mirtrandil comprit. Il prit alors la parole :

« Ah, Naraël, juste à l'heure ! Nous vous attendions, dit-il avec enthousiasme.

— J'ai bien failli être en retard, remerçions mes frères pour cela, lança-t'il ironiquement.

— Ce qui importe, c'est que vous ne le soyez pas. Rejoignez-moi, je vous prie, nous ne devons pas perdre un instant de plus. »

L'invité s'éxécuta, et le rejoignit timidement. Le Maître du Bosquet, qui sentit ses craintes, le rassura d'une main sur l'épaule et d'un chuchotement :

« Allons, allons, détends toi. Tout va parfaitement bien se passer. Agenouille toi face au Ku'naï, et laisse le entendre tes prières. Ne pense à rien d'autre ».

Ainsi, à genou devant l'arbre, accompagné d'un silence le plus total, Naraël commença à murmurer les prières qu'il avait répétées depuis des jours.

« Ô, toute puissante Florazur, déesse de la vie, de la forêt, des éléments et de tout ce qui est beau. Puisses-tu entendre mes prières, et m'accorder ta bénédiction. Je jure sur mon honneur et tout ce qui m'est le plus cher que je protégerai la forêt, ainsi que tous ses habitants, animaux comme végétaux et ce, au péril de ma vie s'il le fallait. Je jure d'utiliser les ressources que la forêt nous offre avec parcimonie et gratitude. Puisses-tu m'accorder l'honneur de te prouver ma valeur, en tant que sylvenir protecteur de la forêt, mais également en tant que personne. Ô, déesse parmi les divins, je t'implore, accorde moi ta bénédiction. »

Le silence régnait toujours. Voilà maintenant plusieurs secondes que l'elfe attendait une réponse. Des secondes qui lui paraissaient une éternité. Les mains moites, le coeur s'accélérant, de tristes pensées commençaient à lui traverser l'esprit, quand soudain, le sol se mit à trembler. Puis le son des feuilles qui s'agitent se fit entendre ; suivi d'un mélodieux gazouillement. Un Lapis Sideri, l'oiseau bleu emblème des sylvenirs, venait de prendre son envol au sein de l'arbre. Il descendit gracieusement et se posa aux pieds de Naraël. Une graine de l'Arbre-Monde se tenait en son bec. Le sylvenir lui tendit les mains, tandis que l'oiseau y déposait délicatement la graine, puis repartit dans les cieux. Naraël n'avait jamais eu un tel sourire sur les lèvres. Il se retourna vers ses confrères, mais ni applaudissements, ni joies, ni sourires ne l'attendaient. Ces derniers lui tournaient tous le dos, les yeux vers l'horizon. Le jeune sylvenir, surpris, tourna son regard dans la même direction que ses semblables. Il en resta bouche bée. Le sol qui tremblait n'était pas dû à la cérémonie. Au loin, une petite météorite venait de s'écraser aux alentours du Mont Celestis, l'une des plus grandes montagnes de Tela'Naar, si ce n'est la plus grande, laissant apparaître un immense nuage de fumée rouge.

Je tente un up furtif