Troisième et dernier volet développé sur GBA, Castlevania : Aria of Sorrow (« Akatsuki no Menuet » en VO) est sorti en mai 2003 au Japon et en Europe. En plus d'être considéré comme le meilleur des trois, il a le mérite de faire le lien avec le premier épisode qui sortira sur DS et qui en sera une suite directe.
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Tout commence en 2035, une trentaine d'années après que le dernier héritier du Vampire Killer ait mis un terme aux agissements de Dracula en l'an 1999. Le jeune étudiant Soma Cruz profite d'un échange au Japon pour assister à la première éclipse solaire du XXIème siècle sous un torii (portail traditionnel japonais). Mais soudain Soma et son amie Mina basculent dans l'horreur. Ils s'aventurent alors malgré eux dans un château diabolique où les rencontres étranges qu'ils feront les mèneront face au seigneur des vampires lui-même, définitivement éternel. Si le scénario surprend de prime abord, le résultat ne tranche finalement pas tant que ça avec le background des précédents opus, et l'atmosphère est toujours aussi gothique. Qui plus est, le personnage de Soma Cruz, qui n'est ni un Belmont ni même un chasseur de vampires, rappelle beaucoup celui d'Alucard.
Parmi les bonnes surprises, Aria of Sorrow propose pour la première fois dans la série une traduction intégrale des textes en français. Fini les tâtonnements inutiles dans l'inventaire en quête de l'objet clé, et même les plus jeunes peuvent désormais profiter de l'univers inimitable de la série avec ses personnages aux faciès d'anges démoniaques et au charisme légendaire. La visibilité du jeu est nickel, les environnements superbes et les musiques transcendent une fois de plus les tympans. Même le système de jeu a subi des améliorations considérables puisque, si le soft conserve les bases de la série et que l'on évolue toujours dans une seule gigantesque map qui se dévoile au fur et à mesure, c'est tout le système d'acquisition d'âmes qui se voit ici modifié. On ne trouvera donc plus les reliques du précédent volet, ni les power-up chers aux premiers opus de la série, mais un système d'âmes qui s'acquièrent en combattant des monstres et qui octroient à Soma de nouveaux pouvoirs. Car Soma possède le pouvoir de dominance, à savoir la capacité de copier les talents de ses ennemis en s'emparant de leurs âmes.
Il existe ainsi quatre classes d'âmes. Les rouges utilisent les MP et permettent de lancer des attaques spéciales, des lances, des rochers, des grenades, mais aussi des objets délirants comme des ragoûts brûlants, des chats assassins ou des toiles d'araignée. Les âmes bleues, dites de gardien, génèrent un effet magique qui permet par exemple de planer à l'aide d'une armure volante, d'invoquer des barrières protectrices, d'absorber les points de vie de l'ennemi ou encore d'appeler diverses créatures démoniaques. Les âmes jaunes, dites enchantées, produisent un effet continu sur le personnage, en améliorant par exemple ses aptitudes ou en lui conférant des capacités spéciales comme marcher sur l'eau. Enfin, les âmes argentées permettent de maîtriser une capacité spéciale sans requérir aux points de MP. On ne se contente donc plus d'avancer dans les niveaux en fonçant droit au prochain boss, mais on prend le temps de s'intéresser aux ennemis dans le but de capturer leurs âmes et de leur voler leurs compétences. Et cela rallonge de manière considérable la durée de vie !
La progression est facilitée à la fois par les déplacements en téléportation rendus plus accessibles, et par la possibilité, à tout moment du jeu, de revenir voir la jeune Mina à l'entrée du château pour qu'elle nous communique des indices. On se retrouve donc rarement bloqué, et les affrontements peuvent toujours être résolus par l'acquisition de nouvelles techniques spéciales, ou par la simple montée d'expérience du personnage. Il est également tout à fait possible d'échanger les âmes acquises avec d'autres joueurs via le câble link, un élément qui sera repris d'ailleurs dans l'épisode suivant sur DS. Le plaisir du jeu est décuplé par la présence de très nombreuses armes qui modifient sensiblement la façon de jouer par leur maniement, leur puissance et leur allonge, il faut donc trouver systématiquement l'arme la mieux adaptée à un type d'affrontement précis. Là encore, c'est un régal et une réussite complète au niveau du gameplay.
D'une manière générale, Aria of Sorrow reste marquant à tous les niveaux. Non content de mettre en place un contexte inattendu et plutôt éloigné de ce à quoi nous a habitués la série, il brille par une réalisation graphique et sonore au top et un système de jeu extrêmement addictif à travers la collecte des âmes. Le background et la nature même du personnage principal ouvrent de nouvelles perspectives narratives, le charisme de Soma n'ayant d'égal que celui de Genya Arikado, Yoko Belnades et Julius Belmont, trois acteurs majeurs du scénario de cet opus. Extrêmement travaillé et diversifié, le bestiaire surclasse facilement celui des épisodes précédents, les boss dépassant bien souvent la taille de l'écran. Pour toutes ces raisons, Castlevania : Aria of Sorrow méritait sans conteste une suite que les joueurs auront le bonheur de découvrir deux ans plus tard sur DS.