Comme on le disait plus haut, le jeu vidéo est le miroir de la société. Dès lors, il n'est pas étonnant de voir certains créateurs tenter de faire passer à travers leurs oeuvres des messages plus ou moins douteux. Certains titres ont fait parler d'eux pour leur idéologie raciste, le plus souvent fantasmée, mais parfois bel et bien avérée.
KZ Manager / C64 (1990)
KZ Manager est un des titres les plus underground de ce dossier. Ce jeu de gestion textuel, qui propose au joueur de gérer un camp de concentration nazi pendant la Seconde Guerre mondiale, a été créé en 1990 pour le Commodore 64 avant de réapparaître ultérieurement sur d'autres supports. Les prisonniers (à choisir parmi Juifs, Turcs ou Tsiganes) y sont considérés comme des ressources à gérer soigneusement : si le joueur en extermine trop, il satisfera l'opinion publique mais aura du mal à maintenir la productivité de son camp. Profondément abjecte, cette évocation vidéoludique de l'Holocauste a connu une distribution sous le manteau, dynamisée par le bouche-à-oreille.
Ethnic Cleansing / PC (2002)
Développé par Resistance Records, un label de musique indépendant financé par un parti néo-nazi américain, Ethnic Cleansing est un FPS qui affiche ouvertement son propos xénophobe. Le joueur est invité à descendre dans un ghetto pour massacrer des Noirs, des Juifs et des Latinos, sur fond de chants nationalistes et racistes. L'objectif final est de tuer Ariel Sharon, le premier ministre israélien de l'époque, qui souhaite dominer le monde. Plusieurs associations de lutte contre la discrimination ont incité les concepteurs du moteur de jeu open source utilisé par le titre (le Genesis 3D) à modifier les conditions de licence de façon à éviter son exploitation dans le cadre de jeux racistes. En vain.
Resident Evil 5 / PS3-XBox 360 (2009)
Bien qu'il puisse paraître inconvenant de ranger Resident Evil 5 dans la même catégorie que les deux titres précédents, le jeu de Capcom a déclenché une des plus belles polémiques de ces dernières années. C'est le trailer diffusé à l'occasion de l'E3 2007 qui a mis le feu aux poudres. Parachuté dans un village africain, Chris Redfield est contraint de tirer sur les locaux infectés par le virus T, qui lui foncent sauvagement dessus. Sauf qu'à l'image, on voit surtout un blanc abattre des noirs. Et c'est ce que retient une partie des observateurs, qui évoque avec dégoût une imagerie suprématiste digne des années 20. Le jeu sera lavé de tout soupçon de racisme par les organismes de classification.
Extrait de Resident Evil 5