Sans même s’attarder sur son histoire, la première réflexion qu’on se fait lorsqu’on s’attarde sur le cas de ce Tomb Raider cuvée 2018 tient à son titre. Ca n’aura échappé à personne, à l’inverse des deux premiers films qui mettaient en avant le nom de Lara Croft avant même celui de la série, ce n’est désormais plus le cas puisque ce nouveau long-métrage se voit affublé d’un simple Tomb Raider. Reflet d’une époque, Lara Croft n’est sans doute plus aussi populaire qu’il y a 20 ans, du moins en dehors de la sphère vidéoludique. Il était donc logique de retirer le nom de l’héroïne au profit du titre du jeu, plus parlant ou accrocheur qu’on soit ou non fan de l’oeuvre originale.
Mais alors pourquoi redonner sa chance à la série au cinéma 15 ans après Le Berceau de la Vie ? A cela plusieurs raisons. Outre le fait de capitaliser sur une action au féminin, "mouvement" dans l’air du temps et dont Charlize Theron (Mad Max Fury Road, Atomic Blonde) représente l’une des chef de file, il faut aussi chercher du côté du jeu vidéo et plus particulièrement de celui du reboot orchestré par Crystal Dynamics en 2013. En effet, à cette époque, le nouveau titre, lui aussi sobrement intitulé Tomb Raider, choisit sciemment la rupture avec ses prédécesseurs via une aventure plus sombre, plus mature, plus actuelle tout simplement. Renforcé par un somptueux visuel et une aventure parfaitement équilibrée, Tomb Raider remporte haut la main le pari de repenser une héroïne tout en conservant l’ADN de la saga.
Pour l’anecdote, l’envie de produire un nouveau film Tomb Raider ne date pas de 2013 mais de 2011. Ainsi, c’est à cette date que la société GK Films et MGM (rejoints par la suite par Warner) annoncent qu’un nouveau film est en production. D’ailleurs, Darrell Gallagher, directeur de Crystal Dynamics, précise à la même période que le film, à l’image du reboot vidéoludique, mettra en avant une Lara plus jeune, pour, on imagine, bien marquer la différence avec les deux premiers opus cinématographiques et surtout pouvoir capitaliser sur d’éventuelles suites si le succès est au rendez-vous. Toutefois, ce n’est qu’en 2015 que le réalisateur Roar Uthaug précise que le film sera bel et bien basé sur le jeu de Crystal Dynamics.
Pour celles et ceux qui auraient levé un sourcil interrogateur à la lecture du nom du réalisateur, rappelons que Uthaug n’a pas grand-chose à son actif si ce n’est la sympathique duologie Cold Prey. Peut-on y voir un signe de prudence des producteurs ? Oui et non car si le réalisateur norvégien n’a jamais taquiné de blockbusters, rappelons que cet état de faits est également vrai pour Rian Johnson qui n’avait pas vraiment de hauts faits avant d’être aux manettes de Star Wars : Episode VIII. Ce qui est par contre plus notable est qu’en 2015, le nom de trois réalisatrices avait été évoqué pour la réalisation. Et pas des moindres puisqu’étaient pressenties Kathryn Bigelow (l’excellent Zero Dark Thirty ainsi que la version originale de Point Break), Mimi Leder (Le Pacificateur, Deep Impact) et Catherine Hardwicke (Twilight). Pourtant, à l’instar des jeux, ce sera un homme qui se chargera du destin cinématographique de Lara. Dommage, il aurait été intéressant de voir ce qu’aurait pu donner une aventure de miss Croft impulsée par une femme au scénario et à la real.
Si l’histoire sera donc calquée sur celle du titre de Crystal Dynamics (cet aspect étant renforcé par les deux trailers du film enchaînant avec une précision de métronome les scènes cultes du jeu), que connait-on vraiment du scénario ? Eh bien, on sait d’ores et déjà que Lara partira en quête d’un tombeau découvert par son père (campé par Dominic «The Wire» West) , ce qui va la mener sur une île au sud du Japon, en pleine Mer du Diable. Malheureusement pour elle, elle y retrouvera La Trinité, une organisation menée par Mathias Vogel (Walton «Les Huit Salopards» Goggins), qui entend bien s’approprier la relique et ses propriétés. Si en soi, le pitch semble être relativement basique, il conviendra de voir comment Uthaug va aborder le personnage de Lara incarnée par Alicia Vikander (Ex Machina ou le truculent Code U.N.C.L.E), véritable incarnation de la Lara de pixels version 2013.
Alors que le jeu avait subi quelques critiques (notamment par rapport à certaines scènes jugées trop crues), il n’en restait pas moins sincère dans son traitement d’une Lara inexpérimentée devant faire face à des situations nouvelles, des rencontres musclées et une réalité cruelle afin d’évoluer vers la femme forte qu’on connaît. Bien que les deux bandes-annonces nous confirment qu’Alicia Vikander sera mise à mal deux heures durant, on suppose malgré tout que l'ensemble sera moins frontal, le PEGI 18 du jeu n’étant pas nécessairement compatible avec la dimension plus grand public du film. Précisons d’ailleurs que le long-métrage devrait également faire la part belle à l’exotisme à travers de superbes panoramas mis en valeur par le format IMAX de plus en plus plebiscité. C’est ce que nous pourrons vérifier le 15 mars prochain, date à laquelle miss Croft nous reviendra pour ce que nous n'espérons pas être un ultime baroud d’honneur.