Lorsqu'un constructeur vous annonce que votre console de nouvelle génération sera bientôt capable de lire les jeux de sa grande sœur, forcément, cela vous chatouille le bas-ventre. Certes, il n'y a pas de quoi péter des verres de bonheur, mais c'est une fonctionnalité utile et appréciée des joueurs, qui en faisaient un argument de poids lors de l'achat d'une console... il y a plus de 10 ans. Les consoles de 7ème génération, Wii mise à part, nous ont peut-être habitués à ne plus jouir de cette fonctionnalités, que certains ont fini par juger gadget. Secondaire. Inintéressante. À commencer par Sony d'ailleurs, qui en novembre dernier déclarait par la bouche de Jim Ryan (PDG de Sony Computer Entertainement Europe) que la rétrocompatibilité était une fonctionnalité « pas si utilisée que ça », arguant que PlayStation préférait « se concentrer sur les nouveaux jeux ». Comme les remasterisations de titres PS3, qui devraient être toujours plus nombreuses, comme le faisait savoir en août 2015 ce même Jim Ryan, parce que « beaucoup de propriétaires de PS4 {…} possédaient une Xbox ou une Nintendo et n'ont pas eu la chance de jouer à des jeux comme la trilogie Uncharted ». D'un point de vue business, on peut comprendre. Pas sûr que les joueurs PS4, qui jouaient sur PS3 la génération précédente, apprécient.

Une promesse pas évidente à tenir

Xbox, de son côté, a préféré miser sur la rétro-compatibilité (ce qui ne l'a pas empêché de proposer tant Halo : The Master Chief Collection que Gears of War Ultimate Edition, les coquins). Annoncé en grande pompe lors de l'E3 2015, entre deux blockbusters et quelques promesses pour le futur, la fonctionnalité n'est pourtant pas si simple à mettre en place. Et est plus proche de l'émulation à proprement parler. Pour jouer à des titres 360 sur Xbox One, il faut donc le jeu, en dématérialisé ou en physique. En digital c'est très simple, d'autant qu'il est désormais possible d'acheter directement des jeux Xbox 360 sur le Xbox Live de la One, et de les installer sur cette dernière. C'est un peu plus compliqué lorsque l'on dispose d'une version disque : il faut insérer le jeu dans le lecteur de la machine, qui se chargera ensuite de télécharger une version « compatible » du titre en question. Le CD servant ensuite de DRM, de preuve que vous avez bel et bien payé pour disposer de ce jeu.

Seulement voilà, dans tous les cas, vous devez télécharger une version compatible du jeu, que la console pourra émuler. Et cela, Xbox ne peut le faire tout seul : il leur faut le soutien et l'aval des développeurs, éditeurs et autres ayant-droit. Ce qui signifie que des personnes, extérieures à Xbox, doivent fournir un travail pour permettre la compatibilité du titre ; ce que tout le monde n'est clairement pas près à faire, pour diverses raisons. Même si elles sont principalement financières, on s'en doute. Le résultat, c'est que cette rétrocompatibilité annoncée par Phil Spencer ne dépend pas de lui ou de ses troupes, et cela s'est rapidement ressenti dans le catalogue de jeux Xbox 360 disponibles.

Un catalogue continuellement en expansion

Une centaine de jeux, dont majoritairement des petits titres Xbox Live Arcade, ou le catalogue de jeux Rare acquis par Microsoft lors du rachat du studio britannique. Voilà ce qui était disponible au 12 novembre dernier, date à laquelle la Xbox One est passée à OneCore, sa nouvelle interface basée sur Windows 10. Au 1er avril 2016, ils sont un peu plus de 150. IGN s'est occupé de lister tous les titres disponible sur cette page, qui est régulièrement mise à jour. Et si à ses premières heures, le catalogue prêtait à sourire, aujourd'hui les choses s'améliorent sans cesse. Il suffit de saisir « rétrocompatibilité » dans notre barre de recherche, et de vérifier les dernières news parues, pour s'en rendre compte : ces dernières semaines, la One a ouvert grand les bras à Saint Row IV, Left 4 Dead 2, Dark Souls et Tekken Tag Tournament 2. Tout récemment, ce sont Halo Reach, Halo Wars, Soul Calibur 2 HD Online, et King of Fighter 98 qui ont rejoint le catalogue. Halo Reach faisait d'ailleurs partie des titres les plus demandés par les joueurs, avec Call of Duty 4 : Modern Warfare et Red Dead Redemption, preuve que Xbox reste à l'écoute des joueurs. De sa communauté dont elle doit prendre soin, plus que jamais dans son histoire.

Quelques uns des derniers titres rétro-compatibles

À l'heure actuelle, le classement des jeux les plus demandés par la communauté est largement dominé par trois titres : Call of Duty Black Ops II, Skyrim, et le western de Rockstar. La sortie de Black Ops III a manifestement boosté la popularité de la trilogie Black Ops, puisque le second a réussi à dépasser les deux Modern Warfare, tandis que Xbox a fait savoir que le premier serait prochainement concerné par la rétrocompatibilité. Et il ne sera pas le seul, puisque l'intégralité des Bioshock devrait également faire le chemin. Merci à Bioshock Infinite, qui avec ses 60 847 voix, figure en bonne place dans le classement et a du donner quelques idées à 2K Games. Ce qui ne devrait pourtant pas empêcher l'éditeur américain de sortir d'ici quelques temps cette fameuse Bioshock Collection, dont l'existence a depuis longtemps dépassé le stade de la rumeur.

Toujours plus stable

Reste la question de l'efficacité de la fonction. A son lancement, bon nombre de joueurs ont constaté des soucis de framerate assez importants. Rendant de fait l'expérience peu agréable, ce qui est un sacré euphémisme. Et manifestement Xbox n'a pas fait la sourde oreille puisque aujourd'hui, les jeux rétrocompatibles sont à la hauteur de ce que la Xbox 360 pouvait offrir à l'époque. Nous avons ainsi lancé quelques titres pour nous en rendre compte, parmi lesquels Mass Effect, Gears of War 3, Halo Reach ou encore Assassin's Creed II. Conclusion : tout fonctionne au poil. Nous avons tout de même noté quelques soucis de framerate sur le shooter de Bungie, même si une nette amélioration est à constater puisque lors de son arrivée sur One, le titre était pratiquement injouable. Manifestement, Xbox continue de travailler sur son « émulateur », même si les joueurs étaient en droit d'attendre une fonctionnalité pleinement opérationnelle, et ce dès son lancement.

En revanche on apprécierait fortement que les sauvegardes en cloud fonctionnent entre les deux consoles. Après test, impossible de continuer sur One une partie commencée sur Xbox 360. C'est tout du moins ce que nous avons constaté avec notre test d'Assassin's Creed II, qui au demeurant tournait comme un charme.

Conclusion : la rétrocompatibilité Xbox One / Xbox 360, ça progresse. Et ça progresse bien. Les jeux sont de plus en plus nombreux, l'émulateur de plus en plus fiable, et Xbox prouve régulièrement qu'il tient à la fonction en continuer de bosser dessus, mais aussi avec les éditeurs/développeurs pour récupérer le plus de titres possibles. Ce afin de la rendre toujours plus intéressante. Dans l'absolu, on aurait bien entendu préférer que cette compatibilité soit immédiate et sans limite, comme chez Nintendo, mais la situation est quelque peu différente. Gageons néanmoins que toujours plus de titre Xbox 360 seront jouables sur Xbox One, car cette rétrocompatibilité est devenue un argument marketing pour les éditeurs, qui n'hésitent plus à offrir de vieux jeux pour l'achat d'un titre nouvellement sorti. Et les exemples ne manquent pas : Xbox l'a fait avec Gears of War Ultimate Edition, Ubisoft avec Rainbow Six, Bandai Namco avec Dark Souls... S'ils y trouvent un intérêt financier, les choses pourraient aller plus vite. Curieusement !