Dans les media traditionnels, on juge que le genre s’est défini à la fin des années 30, notamment en ce qui concerne la littérature. La bande dessinée, Flash Gordon en tête, en reprendra bien sûr le flambeau mais le phénomène de masse n’arrivera qu’à la fin des années 70. Deux mots, limpides : Star Wars, la guerre des étoiles. Le premier film d’une longue série fait véritablement naître le Space Opera aux yeux du grand public.
Parallèlement, au début des années 80, l’industrie du jeu vidéo se développe progressivement et le thème de l’espace est incontournable. En arcade, les jeunes joueurs prennent un malin plaisir à dégommer de l’extra-terrestre et à piloter des vaisseaux futuristes.
Tomohiro Nishikado, le papa de Space Invaders, le confesse dans une interview :
« À l’époque où je cherchais dans quel contexte inscrire mon futur jeu, un film nommé Star Wars était en cours de production aux États-Unis. J’ai pensé que la mode de l’espace allait nous envahir et j’ai décidé de me concentrer sur les extra-terrestres. »
En créant un shoot’em up statique, son résultat était toutefois loin de pouvoir obtenir le titre de Space Opera.
En effet, les limitations techniques de l’époque empêchent purement et simplement de retranscrire la grandiloquence inhérente au genre. Les titres abordant la thématique ont beau être nombreux, difficile d’exprimer l’immensité interstellaire et le caractère épique de ses voyages avec de simples graphismes en fil de fer et un habillage sonore somme toute assez épuré…
Les titres qui héritent alors de l’appellation Space Opera sont souvent des adaptations issues d’autres media, celles de Star Trek et Star Wars inondant les rayons des boutiques spécialisées. En faisant écho à des univers bien connus du public, celles-ci parviennent à faire illusion, en jouant plus sur la suggestion et l’imagerie projetée par les joueurs.
Au début des années 90, l’espace et son exploration continuent à fasciner. À cette époque, les joueurs PC sont alors les mieux lotis en la matière. Le genre « 4X » voit ainsi le jour. Il s’agit d’explorer, d’ « expandre » (anglicisme malheureux mais nécessaire), d’exploiter et d’exterminer. Masters of Orion, en 1993, est le fer de lance de cette nouvelle déclinaison des jeux de gestion. Le contexte spatial est bien au rendez-vous, mais encore une fois, le souffle épique ne l’est pas.
Il faut se tourner vers la série Wing Commander pour entrapercevoir une esquisse du Space Opera en jeu vidéo. En utilisant des scènes cinématiques filmées avec de véritables acteurs, la saga peut se permettre plus de liberté. Planètes exotiques, races extra-terrestres, équipage de vaisseau et musique dramatique remplissent le contrat. Si les jeux, dans leurs phases de gameplay, sont encore loin de pouvoir exprimer ce qui constitue l’essence du Space Opera, la machine est lancée et finira par atteindre la vitesse lumière qu’elle espérait à ses débuts.