Commençons par nous contredire : en soi, le Space Opera est assez indépendant de la science-fiction, même si on peut le voir comme une déclinaison, voire, en grossissant le trait, comme un « sous-genre » de celle-ci. En vérité, il est plus facile de le définir en prenant le contrepied même de cette dernière.
En effet, la science-fiction s’ancre grandement dans notre réalité, s’impose comme une projection crédible des diverses avancées technologiques et scientifiques dans un futur de moins en moins éloigné. Parfois, ces prédictions tombent juste, mais pas toujours. La science viendra alors quelques années plus tard contredire la fiction, qui porte encore bien son nom.
A l’inverse, le Space Opera ne s’encombre pas de ces considérations scientifiques. On se situe très souvent dans un univers régi par des lois physiques beaucoup plus simples et permissives que notre monde. On ne sera ainsi pas surpris de trouver des vitesses supra-luminique, voyages dans le temps, meta humains quantiques et autres termes alambiqués synonymes de choses incroyables et impossibles. Mais on peut se permettre de rêver dans le space opera.
Si les lieux qu’il évoque peuvent par exemple porter le nom de « Terre », si l’année qu’il mentionne n’est plus si loin de nous, on préférera accepter ses règles différentes plutôt que de les mesurer à l’aune de ce que l’on connait. Après tout, le genre s’est démocratisé grâce à une saga se déroulant il y a bien longtemps, dans une galaxie très éloignée… Mais cela n’empêche pas le space opera de faire écho à notre passé et notre présent, pour mieux nous immerger dans un univers fantasmé.
Si certains pourront montrer une certaine incrédulité devant Luke brandissant son sabre laser, des millions d’autres se passionneront pour Star Wars, son univers, sa musique, mais surtout, son invitation au voyage, au propre comme au figuré. Car c’est bien de cela dont il s’agit, le Space Opera se doit d’être un pur divertissement, au sens premier, c’est-à-dire se charger de nous procurer une évasion totale, loin de notre quotidien.
L’importance de sa plastique, de son esthétique et plus globalement donc de sa direction artistique est capitale : Sa manière de jouer avec les éclairages, ses costumes improbables mais pourtant fascinants, ou même parfois ses couleurs surréalistes, le Space Opera est avant tout dépaysant.
La bande-annonce de Star Wars 7
Et c’est bel et bien l’un des attraits de notre medium favori, le jeu vidéo : nous dépayser. Si la course au photo-réalisme concerne tout aussi bien notre loisir préféré, son obstination pour l’apparence prédomine dans tous les cas. L’important, c’est d’apporter une proposition artistique, qui passera par la technique. De plus, le jeu vidéo offre la possibilité d’incarner un avatar dans ce type d’univers singulier, d’être acteur autant que spectateur des grands conflits dont dépendront forcément le sort d’une galaxie, une proposition que l’on ne saurait refuser.
Le mariage était donc inévitable et fut largement consommé, malgré des débuts pour le moins hésitants. Nous reviendrons donc brièvement sur la genèse et verrons comment en partant de simples titres se déroulant dans l’espace, le jeu vidéo a su plus récemment imposer sa vision, sa définition du Space Opera. Une vision peut-être plus nuancée que celle évoquée plus haut dans ses lignes, mais surtout résolument différente parce que propre au medium qui la véhicule.