Si la série Tales of a réussi à exporter en Europe plusieurs de ses titres phares durant les dernières années, tous n’ont pas eu la chance d’atteindre la France traduits dans la langue de Molière. Une tendance que Namco Bandai entend bien bannir définitivement grâce à ses récentes politiques de localisation, l’occasion pour nous de jeter un regard critique sur le travail effectué pour Tales of Xillia, enfin jouable par le grand public lors de Japan Expo 2013.
Indéniablement, localiser un jeu de rôle dans une langue étrangère représente un travail pharaonique. Si traduire des jeux de combat dont la quantité de lignes de texte est relativement limitée peut paraître simple, la donne est tout autre lorsqu’il s’agit d’adapter un Tales of dont la narration regorge de dialogues, de commentaires écrits ou encore de paragraphes explicatifs. Au-delà même de la notion de traduction, c’est également d’un aspect littéraire dont il s’agit puisque ces RPG ont la prétention de raconter un conte, d’émerveiller le joueur et de l’attendrir grâce à des personnages dont les personnalités sont particulièrement bien travaillées ; chose que la langue japonaise favorise beaucoup puisqu’elle permet des formules d’élocution très personnalisables. Traduire tout le contenu richissime d’un Tales of représente donc un défi tel qu’il n’est parfois pas relevé. Ce fut par exemple le cas pour Tales of Eternia (PSP) ou plus récemment Tales of the Abyss (3DS) qui ne parurent en France qu’intégralement en anglais, rebutant ainsi les joueurs les moins expérimentés préférant se priver totalement d’une jolie histoire plutôt que de n’en saisir qu’une infime partie des subtilités. Heureusement, l’heure est au changement chez Namco Bandai !
En effet, l’avènement des réseaux sociaux a offert aux communautés de fans la tribune permettant d’interpeller directement l’éditeur nippon : oui nous voulons plus de Tales of, oui nous les voulons dans notre langue, et oui nous nous ruerons dans les magasins pour les acheter ! Le défi fut alors accepté et c’est ainsi que Tales of Graces f parut dans notre belle contrée doté d’une excellente localisation, accompagné d’une édition collector sacrément alléchante. L’effort plut beaucoup au public et encouragea manifestement Namco Bandai à travailler d’arrache-pied sur Tales of Xillia, l’épisode qui marque le quinzième anniversaire de la série. Aujourd’hui et à un mois de la sortie occidentale, le verdict tombe au fur et à mesure que le jeu devient accessible lors de salons : une nouvelle fois, la localisation française est excellente. Les dialogues sont fidèles à l’esprit d’origine, les explications du système de combat sont claires et bien construites… Même la police d’écriture choisie colle parfaitement à l’univers ! Et ce n’est pas un traitement de faveur à notre beau pays, puisque Tales of Xillia est également décliné en anglais, allemand, espagnol et italien ; il paraît même qu’une version russe pourrait être rajoutée en dernière minute !
Autre dimension différente de celle écrite mais qui lui reste néanmoins intimement liée : le doublage anglais. Dans ce cas, il s’agit de saisir correctement la personnalité d’un protagoniste et de la retranscrire à travers une langue étrangère avec tout ce que cela implique comme difficultés. Par exemple, le personnage de Milla Maxwell a un tempérament fort, appuyé par une élocution très ferme que justifie son titre de maître des quatre éléments. C’est donc naturellement que sa voix japonaise était très sérieuse voire sévère, et c’est avec plaisir que l’on retrouve ici un doublage britannique grave et volontairement masculin, n’en déplaise à un public étonné que cela ne colle pas avec ses formes très généreuses. En revanche, le cas du pauvre Jude Mathis n’a apparemment pas bénéficié des mêmes attentions : là où le héros exprimait sa timidité et l’étendue de sa gentillesse grâce à une voix japonaise douce et calme, le doublage anglais a opté pour une version carrément plus virile et sèche, soi-disant pour plaire davantage aux joueurs occidentaux… Espérons que le caractère original du héros n’en pâtisse pas trop, et que les nombreuses scènes durant lesquelles il rougit et baisse la tête par soumission n’en soient pas rendues trop ridicules.
Cela dit, tout n’est pas encore parfait pour cette localisation de Tales of Xillia, puisque nombreux sont les mordus de la série à réclamer l’inclusion dans les boîtes françaises des voix japonaises, comme cela est déjà le cas avec d’autres jeux de rôle japonais. Paraît-il que la langue asiatique colle « mille fois mieux » aux univers Tales of que toute adaptation anglophone… Curieux argument quand on sait que ces jeux de rôle mettent souvent en scène des personnages d’inspiration européenne (Sophie, Hubert, Richard, Colette…) dans des contextes politiques très occidentaux. En réalité, c’est surtout la qualité indéniable des doublages japonais qui est encensée, même s’il faut bien comprendre que le public américain préfère en général des dialogues prononcés dans la langue de Shakespeare pour pouvoir suivre une conversation sans forcément avoir à lire les textes. Quoi qu’il en soit, un jeu dans lequel tout un chacun ne trouve pas son bonheur n’est objectivement pas un jeu parfait. Mais que les plus frustrés se rassurent : Namco Bandai l’a bien compris puisque le prochain Tales of à sortir chez nous, Tales of Symphonia Chronicles, proposera pour la toute première fois dans l’histoire de la série le choix entre les doublages anglais et japonais ! Alors, heureux ?
Incontestablement, le paquet a été mis sur la localisation de Tales of Xillia qui bénéficie d’une version occidentale de très grande qualité. Traduit en cinq langues et intégralement doublé en un anglais talentueux, le prochain grand hit de Namco Bandai est fin prêt à débarquer en Europe pour séduire les amateurs de jeux de rôle japonais. Et si le présent article ne rend aucun verdict concernant l’appréciation globale du titre, c’est parce qu’il vous faudra attendre notre test accompagnant sa sortie imminente… Rendez-vous le 9 août !