Vous vous en doutez donc, Kaido Racer 2 est une suite classique, s'appuyant logiquement sur son succès hors de nos frontières pour persister et faire son trou au milieu de nombreux jeux de courses déjà solidement installés en tête d'un peloton comprenant un peu de tout. Après un premier volet décevant, manquant de saveur et de sensations fortes, le titre de Genki fait son retour, persuadé de son intérêt. Le souci est qu'il reste sourd aux diverses critiques qui avaient pu s'abattre sur lui, dans le but de convaincre l'équipe de développement qu'une expérience de jeu appréciée sur un continent ne l'est pas forcément sur un autre et que quelques modifications et une véritable capacité d'adaptation sont nécessaires à son succès international. En réalité, on constate rapidement qu'aucun effort d'ouverture n'a été concédé et que cet opus ne s'adresse qu'aux fans du genre, s'il en est dans nos vertes contrées. Proposant un pseudo-scénario dans lequel un pilote légendaire nommé "Emotional King" a disparu, suppléé par un duo de choc composé d'"Absolute Emperor" et de "Miracles Summit", pourtant menacés par l'équipe répondant au nom de "Thirteen Devils" elle-même concurrencée par une "force" inconnue, Kaido Racer se perd rapidement dans d'inutiles spéculations n'apportant rien de croustillant à une ambiance bien morne.

Dans un tout autre genre que Ridge Racer ou les courses de drift d'un Need For Speed, ce titre prend place aux abords d'axes routiers, et non pas de circuits, la majeure partie du temps très étroits et modelés par des enchaînements de virages serrés, délicats à appréhender. Du drift pur et dur donc, mais avec des véhicules de série dont la puissance ne permet pas de prendre beaucoup de plaisir, que ce soit au début du jeu, ou après avoir suffisamment investi dans l'achat et l'installation de pièces mécaniques, boostant les performances de notre monture. En réalité, le gameplay est ultra mou, répétitif et ne procure aucune sensation. Les tracés manquent cruellement de personnalité et sont beaucoup trop proches les uns des autres pour nous donner l'impression de ne pas refaire sans arrêt la même course. Certes, c'est dans un souci de réalisme que ces tracés ont été inclus mais quelle que soit la province sélectionnée (Hakone, Hiroshima, Haruna, Akagi, Ura Rokko, Omote Rokko, Shiga Kusatsu, Nikko, Zao ou Aso), la variété n'est pas au rendez-vous et les routes sont presque trop homogènes pour abriter quelques surprises. Autre problème, la voiture évolue trop lentement et les premières courses sont un cauchemar tant il est compliqué de faire partir la voiture en glisse lorsqu'elle n'est équipée que de pièces d'origine. Ce qui est logique en un sens mais qui ralentit considérablement la progression.

Les modes de jeu sont eux aussi, très classiques, fidèles à ce que l'on connaît déjà. D'un côté, le mode Conquête, de l'autre les "records", faisant office de contre-la-montre. La conquête, qui n'est autre qu'une carrière, vous fait débuter avec la bagatelle de 1 700 000 PV, la monnaie qui vous permettra d'acheter dans un premier temps une voiture parmi un quarantaine de modèles neufs et sept modèles d'occasion, le tout, issu de sept marques différentes : Daihatsu, Honda, Mazda, Mitsubishi, Nissan, Subaru et Suzuki. A partir de là, la case garage est un passage indispensable afin de mettre sur roues un bolide capable de dépasser les 60 km/h en virages. Transmission, embrayage, LSD, suspensions, freins, carrosserie, pneus et turbo devront être régulièrement améliorés, que ce soit par kit ou en achetant des pièces individuelles. Pièces qu'il est, au même titre que la voiture, possible de revendre d'occasion, si les liquidités viennent à faire défaut. L'aspect esthétique n'est pas délaissé mais se contente de peu, de très peu, à savoir de décoration basique (au pochoir ou au sticker) et de la modification de la teinte de la carrosserie. Voilà pour ce qui est de la partie "tunning" du soft, indispensable à une progression rapide de la carrière, le tout étant de savoir combien investir et à quel moment dans le but de ne pas se retrouver trop rapidement à sec.

La carrière suit elle aussi une courbe classique basée sur le cycle jour/nuit, une habitude dont cette série (et bien d'autres) n'est pas prête de se détacher. Le jour, le pilote participe à des courses dites de catégories, principales sources de revenus, et s'efforce de décrocher des contrats avec des sponsors (il est possible d'en cumuler un maximum de 15), qui apparaîtront par la suite sur les courbes de la voiture. La nuit, l'argent n'a plus aucun intérêt et laisse sa place à la réputation, aux victoires glorieuses et à la montée progressive au rang de légende. L'objectif est alors de se rendre sur des aires de repos (AR) et d'aller défier la horde de pilotes qui s'y trouve. En fonction de leur qualité et du niveau de leur voiture, la difficulté peut varier du tout au tout et il vous arrivera de gagner haut la main comme de perdre honteusement. Une difficulté qu'il est aisé d'anticiper en s'informant de la catégorie dans laquelle l'adversaire évolue : "Adversaire", "Equipe", "Supporter", "Hi Gambler", "Medialist", "Trickster" et "Slasher". Ces derniers sont de type boss et feront grimper en flèche votre réputation, le respect des autres concurrents envers vous et le nombre de personnes qualifiées de "fans". A partir de là, votre nom viendra à être cité sur des forums de discussions et des mails vous seront envoyés, de fans ou d'autres pilotes, qu'ils soient bien intentionnés ou non.

Si le gameplay est un brin lambinant, les types de courses n'ont guère d'originalité. Il en existe cinq à la base. Les Batailles PD (premier-dernier : vous partez devant un autre pilote, qui doit tenter de vous doubler avant la ligne d'arrivée), les Batailles DP (dernier-premier : même système mais à l'inverse), les Batailles CC (challenge chrono : le but étant de terminer un tour dans un temps imparti), les Batailles CCC (collision challenge chrono : même chose, mais sans toucher le mur) et les Batailles OAV (objectif artiste du virage : prendre les virages en dérapages, afin d'acumuler un certain nombre de points CG). Si certaines proposent des règles intéressantes mais déjà vues, la lenteur des duels est un défaut trop imposant pour l'ignorer et qualifier Kaido Racer de bon jeu de courses. L'impression que l'on nous sert du réchauffé, une mise à jour plutôt qu'un titre à part entière, appuie ce constat déjà peu glorieux. S'il est incontestable que l'idée de départ est bonne, sa réalisation pèche par une adaptation européenne un peu trop collée à la version nippone du jeu, peu encline à déchaîner les passions et à charmer un public radicalement différent, aux attentes bien précises. Toutefois, les fans pourraient bien y trouver leur compte, pour peu que leurs exigences se limitent à la présence d'un mode Conquête brièvement revisité et à la présence de 180 voitures et de 16 marques au total.