Tout d'abord, mettons un point d'honneur à évoquer le douloureux sujet de la sécurité routière. En effet, mis à part l'inconscience, le principal facteur de risque s'avère être l'alcool. De nombreuses personnes ont donc comme axe de conduite de vous informer, vous les jeunes (et les moins jeunes également), des dangers des liqueurs et autres macérations de fruits diverses. Néanmoins, aucune mise en situation n'est possible pour effectuer une démonstration évidente (ce qui est normal, on ne va pas faire boire les gens pour leur montrer ce qu'il en retourne). C'est là que survient Corvette, parangon de l'expérimentation. Grâce à ce titre, vous allez pouvoir, en toute sécurité, vous rendre compte de l'envers, du monde tel que le voit une personne éméchée. Cette donnée tient uniquement au fait de la présence d'une sorte de brouillard tenace tout au long du soft. Des environnements aux objets "décoratifs", en passant par la végétation, mais également les véhicules, tout est affublé de cette curieuse brume, de ce flou pas vraiment artistique. Serait-il présent dans le but insidieux de masquer certaines réalités aux joueurs naïfs que nous sommes ? Pourtant à la vue des décors d'une qualité assez convaincante, bénéficiant de textures crédibles et de couleurs bien définies, contrastées et accusant un dégradé agréable, il ne semble pas y avoir de raisons concrètes à cette présence fantomatique. De même, il apparaît que pour une fois dans un soft consacré exclusivement aux fidèles montures de l'être humain, les composants relatifs aux arbres ne semblent pas seulement orientés dans quatre directions, découvrant des faces vides.

Le paysage proche peut donc se targuer de ne pas choquer visuellement dès la mise en route de votre douce PS2, ce qui n'est souvent pas le cas pour les jeux Davilex par exemple. Les différents modèles de voiture sont quant à eux modélisés relativement simplement, subissant une carence majeure de détails et de finition proprement dite. Pourtant, grâce à la conservation de la ligne sensuelle de chaque modèle, vous reconnaîtrez aisément vos monstres d'aciers favoris, et pourrez dompter chacun d'entre eux tel le valeureux pilote émérite que vous êtes. A ce propos, les reflets présents sur la carrosserie s'avèrent véritablement fidèles au monde qui vous entoure bien qu'un écueil se soit glissé dans cet aspect valorisant. Sincèrement trop brillants et s'agrippant même à la plaque d'immatriculation, ils semblent être projetés sur la rutilante robe métallique, au lieu de fournir une impression de réflexion. Sans se poser en réel problème, cet effet non voulu octroie un cachet un tantinet "plastique" qui accable une modélisation d'ores et déjà affaiblie. Mais aucune explication ne peut toujours être fournie quant au flou omniprésent, qui se pose comme le grief le plus handicapant. Un mystère irrésolu.

La seconde énigme de ce titre décidément bien obscur, concerne la jouabilité. Vous plaçant aux commandes de la majorité des modèles disponibles de la gamme, des années 50 à nos jours, Corvette vous convie à mettre en pratique vos réflexes et votre dextérité. Pourtant, surviennent bien vite les limites du rayon de braquage. S'il paraît légitimement logique de ressentir un certain flottement lors de la conduite d'un vénérable engin de 1953, cela pose un réel problème lorsque cet état de fait se retrouve indemne à travers tous les modèles. L'impression plutôt intéressante au départ consistant à se dire qu'il est fort immersif d'avoir conservé les spécificités des anciennes voitures se mue en la constation d'un "simple" manque d'effort des développeurs, qui n'ont pas crut bon d'adapter la prise en main en conséquence de l'âge de l'automobile, ou si peu. Il en résulte l'impression désagréable de ne jamais renouveler le plaisir pris lors des premiers essais, et entraîne une lassitude interactive. D'autre part, la maniabilité hésite sans vraiment trouver son équilibre entre le fun de glissades intempestives à la Ridge Racer, et la prépondérance au sur-virage, apanage des puissantes voitures de Gran Turismo.

De ce fait, vous réfléchirez à deux fois avant d'attaquer un virage à pleine vitesse, alors qu'inconsciemment vous êtes poussé à tenter le tout pour le tout. Pour ne pas arranger ce constat, les collisions ne se révèlent pas correctement gérées, vous laissant frôler une glissière de sécurité sans heurt d'un côté et vous pénalisant lourdement par un arrêt presque total lors d'une rencontre inopinée avec l'aile d'une voiture que vous aurez croisée d'un peu trop près. Le syndrome Burnout effectue son grand retour sur une scène qui n'en demandait pas tant. Néanmoins, malgré ses défauts incontestables, la jouabilité conserve un tant soit peu d'attrait de par une prise en main immédiate et simple (jusqu'à être simpliste). Dommage. Et ce ne sont pas les modes de jeu qui sauveront les meubles comme dirait un huissier.

Réunissant les classiques "Course Rapide", "Arcade", et un mode multijoueur affligeant d'une inventivité nulle dans lequel une seule vue s'avère disponible (pare-chocs), vous ne trouverez pas ici l'intérêt que vous étiez venu quérir. Cependant, en fouillant tel l'archéologue passionné vous découvrirez un tierce choix nommé habilement "Modes Spéciaux". Celui-ci sous ses airs alléchants n'est en fait qu'un regroupement de divers choix. Passons le "Contre-la-Montre" inintéressant pour nous focaliser sur les autres intervenants. Tout d'abord, le mode "Endurance", vous obligeant à effectuer de 20 à 50 tours de pistes, se rapproche de celui présent dans Gran Turismo, amputé cependant de l'aspect stratégique de ce dernier. S'ensuivent les modes "Duel" et "Course sur Route" au semblable but, à savoir arriver premier en ridiculisant un seul opposant. Deux types pour le prix d'un, fantastique. Enfin, "Route 66" s'apparente à une course limitée en temps agrémentée de points de passages ajoutant de précieuses secondes à votre compteur. Bref, cet étalage ne justifie en aucun cas le qualificatif de "spécial".

Pour finir, vous ne pourrez jouir de ces fines denrées qu'après avoir terminé le mode "Carrière", enchaînement d'affrontements "thématisés", n'ayant pour seul but que de vous permettre d'empocher de nouvelles voitures et de nouveaux circuits, et comme énoncé ci-dessus les choix "spéciaux". A noter d'ailleurs que certaines épreuves vous confronteront aux forces de police en un plagiat pur et simple de Need For Speed Hot Pursuit 2. Bénéficiant d'un plausible attrait du fait de ses graphismes assez fins, Corvette ne possède pas le fond nécessaire pour captiver les pauvres joueurs que nous sommes. La roue de secours ne suffira pas.