L'édition 2024 du CES a servi d'écrin à Unistellar pour présenter au grand public sa nouvelle famille de télescopes incluant deux modèles : l'Odyssey et l'Odyssey Pro, une sorte de mini eVscope 2 et eQuinox 2. Ce cadre exceptionnel a notamment permis de mettre en avant la famille de télescopes Discovery, dont l’une des caractéristiques est la possibilité de les utiliser même en ville, où la pollution lumineuse est omniprésente. Cette caractéristique était déjà présente dans la précédente famille, mais ici elle est améliorée. Ses performances impressionnantes sur le papier, couplées à une compacité très réduite comparée aux modèles précédents de la gamme Expert, m'ont particulièrement interloqué. C’est dans ce contexte que j’ai testé l’Odyssey Pro, le dernier-né d’Unistellar.
Créée à Marseille en 2015, la start-up Unistellar révolutionne le domaine de l'astronomie amateur avec sa gamme de télescopes innovants, s'imposant comme les "Apple" de l'astronomie grâce à leur ergonomie. Après des débuts difficiles, l'entreprise a lancé avec succès ses 5000 premiers télescopes en 2020.
Unistellar propose actuellement plusieurs télescopes, à savoir l'eVscope 2, l'eQuinox 2 dont j’ai déjà réalisé un test accessible ici, auxquels s'ajoute récemment le nouveau télescope Odyssey Pro doté d’un oculaire qui fait l’objet de ce test, qui se distingue par une ouverture plus petite, passant de 114 mm à 88 mm. Cette taille plus réduite aura-t-elle un impact sur la qualité de mes observations ? La réponse est oui (évidemment) mais pas tant que ça.
Il est important de souligner que ce test concerne un télescope ayant un diamètre du miroir primaire de 88 mm. L'objectif n'est donc pas de le comparer directement à l’eQuinox 2 ou l’eVscope 2, qui appartiennent à une catégorie différente. Cependant, pour donner une idée de ses performances, je ferai des comparaisons avec ces modèles à titre indicatif.
Spécifications techniques
Voici les principales caractéristiques techniques de l'Odyssey Pro :
| Diamètre du miroir | 85 mm |
|---|---|
| Longueur focale | 320 mm |
| Rapport focal | f/3,9 |
| Champ de vision | 33,6 x 45 arcmin |
| Magnitude limite | 17,2 |
| Monture | Alt-Az motorisée |
| Poids télescope | 4 kg |
| Poids trépied | 2,5 kg |
| Autonomie batterie | 5 h |
| Stockage | 64 Go |
| Prix | 3.999 € |
Observation de la voûte céleste
L'Odyssey pro se distingue comme un télescope d'une efficacité remarquable. Ce qui frappe d'emblée, c'est sa capacité à offrir des performances plus qu'honnêtes par rapport aux modèles antérieurs, tels que les eQuinox 2 et eVscope 2, tout en se présentant sous une forme nettement plus compacte. Cette caractéristique facilite grandement son utilisation surtout en voyage. Une innovation notable de l'Odyssey pro réside dans sa gestion autonome du calibrage et de la mise au point, des tâches qui nécessitaient auparavant une intervention manuelle et l'usage d'un masque de Bahtinov, ce qui pouvait demandaient tout de même un certain temps avant de pouvoir commencer l’observation du ciel. L'automatisation de ce processus via l'Odyssey Pro représente donc une avancée significative, rendant son usage extrêmement simple.
Les images ci-dessous montrent un comparatif entre l’eQuinox 2 et l’Odyssey Pro et bien malin celui qui pourra déterminer avec quel télescope elles furent capturées.
L’Odyssey Pro, petit mais costaud
L'Odyssey Pro propose ainsi des performances proches de ses prédécesseurs mais à un prix plus abordable et avec l'avantage d'une plus grande compacité. Initialement, j'ai ressenti une certaine déception en apprenant que le diamètre du miroir primaire de l'Odyssey Pro ne serait que de 88 mm, percevant cela comme un recul. Cependant, j'ai rapidement réalisé mon erreur. L'adage "plus grand c'est mieux" ne s'applique pas nécessairement ici. Unistellar a judicieusement opté pour des capteurs CCD ultra-sensibles et un logiciel sophistiqué, permettant de pallier en parti la taille réduite du miroir et d'offrir aux utilisateurs une expérience impressionnante à un coût plus modéré.
eQuinox 2 vs Odyssey Pro
La Grande Nébuleuse d'Orion prise avec l'eQuinox 2
La Grande Nébuleuse d'Orion prise avec l'Odyssey Pro.
Il est important de noter que le fait d'avoir un télescope dont la mise au point est effectuée avant chaque capture permet une netteté toujours optimale, contrairement aux modèles précédents. L'Odyssey Pro ne connaît ainsi pratiquement aucune limite dans ses capacités d'observation. Il permet d'explorer une large gamme d'objets astronomiques, des planètes de notre système solaire aux galaxies éloignées.
Jupiter montre quelques détails
Lors de mes observations, j'ai pu admirer la Lune, Jupiter, la nébuleuse d'Orion, la galaxie d’Andromède, entre autres merveilles célestes. Comme en témoignent ces clichés dans cet article, les images capturées sont d'une grande netteté et regorgent de détails. À noter la présence, sur la première photo, d'un trait lié au passage d'un satellite.
L'application Unistellar encore instable …
Malheureusement, tout n'est pas exempt de défauts, et certains problèmes déjà rencontrés avec l'eQuinox persistent, malgré une mise à jour majeure de l'application. Je fais toujours face à des pertes de signal, bien que la connexion wifi soit excellente, comme le montre la capture d'écran ci-dessous. Cela s'avère assez frustrant, car souvent la seule solution est de fermer puis de rouvrir l'application. Heureusement, cette manipulation ne résulte pas en une perte des données en cours, telles qu'une longue séquence de capture. Le télescope a la capacité de reprendre le processus là où il s'était arrêté.
…et toujours perfectible
Il aurait été intéressant que cette nouvelle version de l'application Unistellar offre des fonctionnalités étendues. Par exemple, la possibilité de visualiser des captures d'écran prédictives lorsqu'on navigue dans le catalogue, pour avoir une idée plus précise de ce à quoi ressembleront les objets célestes observés. Une autre fonctionnalité souhaitable serait une carte du ciel interactive : en pointant un objet astronomique avec le téléphone, il serait pratique de pouvoir demander au télescope de se diriger vers cet objet, ou même de faire afficher les noms des étoiles et autres corps célestes une fois qu'ils sont dans le champ de vision du télescope. Lors de mon observation de la galaxie d'Andromède, par exemple, j'aurais aimé obtenir des informations détaillées sur sa petite galaxie voisine. L'intégration de données supplémentaires dans l'application rendrait l'expérience non seulement plus pratique, mais aussi plus instructive. Peut-être verrons-nous ces améliorations dans une future mise à jour ?
Un oculaire qui n’en n’est pas vraiment un
Le Odyssey Pro est équipé d'un système novateur qui fusionne un écran dans un oculaire, permettant de visualiser les observations sans les contraintes optiques habituelles. Le rendu visuel est identique à ce que l'on peut voir sur un smartphone ou une tablette, une idée astucieuse mais qui s'éloigne un peu de l'expérience traditionnelle de l'astronomie, ne permettant pas d'observer le ciel directement sans traitement informatique.
Le rendu est assez incroyable
Ce système, nommé Nikon Eyepiece Technology, est exclusif à la version Pro du télescope. Développé en collaboration avec Nikon, cet oculaire offre une expérience visuelle immersive sans compromettre l'effet de surprise et d'émerveillement.
L'oculaire numérique signé Nikon
Devrais-je acheter l’Odyssey Pro d’Unistellar ?
L'Odyssey Pro se positionne comme un télescope très polyvalent accessible à tous. Adapté aux débutants, sa facilité d'utilisation est clairement un atout majeur. Grâce à une interface utilisateur intuitive et des fonctionnalités automatisées comme le calibrage et la mise au point.
Hélas, il souffre encore d’une application largement perfectible, mais cette problématique est la même que celle des autres télescopes de la marque, puisqu'ils partagent tous la même application. Cependant, rien n’est gravé dans le marbre, et nul doute que des améliorations majeures arriveront prochainement. Ce fut déjà le cas avec une refonte complète de l'application sortie en début d’année.
L'Odyssey Pro se démarque également par sa capacité à capturer des images de haute qualité, même dans des environnements urbains fortement affectés par la pollution lumineuse, éliminant le besoin de se déplacer vers des zones moins polluées pour une observation de qualité. Cependant, si on le compare à un eQuinox 2 ou à un eVescope 2, les images seront légèrement moins nettes, ce qui est normal compte tenu du diamètre du miroir primaire de 85 mm. Mon appréciation est donc basée uniquement sur la taille de ce télescope et ne constitue pas une comparaison directe avec un télescope plus gros.
La nébuleuse de l'Huître NGC 1501
Si je devais choisir d'acquérir l'Odyssey Pro d’Unistellar, ma réponse serait positive. Il offre une plus grande praticité et une meilleure transportabilité par rapport à ses prédécesseurs. Sa taille réduite permet de l'emporter facilement en voyage, sans nécessiter un sac de transport spécifique. De plus, son prix, raisonnable, le rend encore plus accessible, contribuant à rendre l'astronomie plus abordable pour un plus large public.
Unistellar toujours en orbite ?
Points forts
- La qualité des photos pour un télescope de 88 mm
- La mise au point automatique
- Le design très sobre du télescope
- Sa stabilization
- Sa technologie d'amplification de la lumière
- La simplicité d’utilisation
- Son oculaire
Points faibles
- L’application parfois instable reste largement perfectible
Note de la rédaction
Clairement, mes craintes sur le fait que ce télescope malgrès d’une taille plus modeste serait un pas en arrière surtout après avoir gouté à l'eQuinox 2 mais il n’en est rien. Unistellar montre encore une fois tout son savoir-faire et propose là un télescope très qualitatif et bourré de technologie qui viennent compléter le miroir primaire de 88 mm. Avec l'Unistellar Odyssey Pro, en quelques minutes on arrive à obtenir de magnifique clichés sans sacrifier de longues minutes à l’installation et au calibrage via notamment la mise au point automatique. Le logiciel même avec la récente mise à jour reste encore largement perfectible et c’est même sans doute le plus gros défaut de ce télescope qui j’en suis sur sera se corriger avec des mises à jour. Cette évolution est tout simplement incroyable, et c'est pourquoi je suis plus que ravi de partager avec vous ces quelques images. Unistellar a réussi à rendre l'univers accessible à tous les passionnés du ciel et c'est remarquable.