Un ninja pour les gouverner tous

A la différence des précédentes adaptations du manga de Masashi Kishimoto, Naruto to Boruto : Shinobi Striker se savoure essentiellement en multijoueur, à la fois en coopération et en compétition. En effet, le mode solo fait davantage office d'accessoire et les missions de l’arène RV (pour Réalité Virtuelle) nécessitent l'aide d'autres joueurs pour être menées à bien. Ces quêtes dédiées au fan service sont utiles pour gagner de l'expérience, et donc des niveaux, mais nous regrettons leur classicisme et leur manque de lien entre elles. De leur côté, les combats face au démon renard à 9 queues ou encore à l’équipe 7 composée de Kakashi, Sasuke, Sakura et Naruto évoqueront mille choses aux fans, et nécessairement beaucoup moins aux néophytes. Quoi qu'il en soit, Naruto to Boruto : Shinobo Striker n'a pas vocation à développer une nouvelle histoire ou à mettre l'accent sur la narration.

Le titre de Bandai Namco se rapproche bien plus du mode multijoueur de la série Xenoverse (Dragon Ball) que des productions Naruto habituelles, la campagne solo en moins. L’aventure se structure autour d’une Ligue Mondiale des Ninjas qu’il faudra gravir rang après rang. Et le défi est de taille, la faute à un matchmaking qui tarde à compléter les équipes et qui s'avère peu efficace. En effet, il n’est pas rare de débarquer la fleur au fusil face à des opposants dont le niveau surclasse le vôtre, avec des conséquences évidentes liées à ce déséquilibre.

Vous l'aurez compris, Naruto to Boruto : Shinobi Striker se recentre sur les affrontements, et cela se ressent dès les premières minutes. Les arènes réduites de la série Ultimate Ninja Storm gagnent en m² et ce gain de surface se justifie par un 4 versus 4 poussant les deux équipes à coopérer pour vaincre. La présence de quatre grands rôles à tenir (Attaquant, Défenseur, Distance, Soigneur) témoigne en faveur d’une expérience coopérative, qui engage naturellement les joueurs à préparer collectivement leurs assauts. Au cours des combats, mettre l’adversaire K.O ne garantit pas de sortir vainqueur, puisque le gain de points est conditionné à l'accomplissement d'objectifs, tels que la capture de base. L’adversaire fait alors office d’obstacle et non de finalité.

Un jeu de combat se juge sur ses mécaniques de gameplay et sur ce point, Naruto to Boruto : Shinobi Striker souffle le chaud et le froid. Si les déplacements (Wall Run, Kunai à filin…) et la collaboration entre équipes donnent naissance à des affrontements soutenus et énergiques, l'action est rendue confuse par une caméra dont le placement est capricieux. Malgré tout, une fois celle-ci domptée, un sentiment de maîtrise s’empare des combattants. Il est alors aisé d’enchaîner les attaques, les contres et de fondre sur un adversaire avec un ninjutsu puissant ou une technique secrète. Bandai Namco parvient à transmettre toute l’intensité et la complexité des affrontements qui ont fait le succès du manga, non sans quelques imperfections.

La voie sacrée du Ninjutsu

L’aventure débute avec la création de votre avatar. Pour la première fois, vous êtes invités à créer un ninja et à le personnaliser. Pour ce faire, Bandai Namco met à votre disposition tout un panel d’options afin de concevoir un personnage de A à Z, de son apparence à son style de combat en passant par son village d’origine et ses accointances avec les héros de la saga. Et sur ce point, Bandai Namco n’a pas fait les choses à moitié et vise les collectionneurs avec pas moins de 4000 items à amasser. Les puristes de la franchise et les “fashionistas” peuvent ainsi assouvir leurs fantasmes et concevoir le ninja de leurs rêves.

Le visuel et la progression de l’avatar sont unis par les liens sacrés d’un outil de personnalisation qui allie style et statistiques. Les équipements, les ninjutsu, les armes et les cosmétiques suivent un système de ranking traduisant la puissance de chaque item ou technique porté et possédé. Bien entendu, ces derniers conviennent seulement à un ou plusieurs rôles et déterminent votre manière de combattre dans le manoir du Hokage (PvP) ou dans l’arène RV (PvE). Pour les débloquer, vous devez passer par la boutique d'outils ninja et par un système de rouleaux qui vous octroie ces objets de manière aléatoire.

Pour gagner en puissance, rien de tel que de suivre les enseignements d’un maître et votre avatar a la chance de pouvoir compter sur les héros iconiques de la licence dans le but d'apprendre de nouvelles techniques. Une fois accepté comme disciple à la Bibliothèque de Ninjutsu, ce personnage vous prête main forte lors des missions RV en solo. En résumé, Bandai Namco ne se moque pas de vous avec son système de personnalisation et nul doute que vous y trouverez votre bonheur. Néanmoins, cette gestion de l’avatar devient fastidieuse au rythme des allers-retours imposés par la mécanique.

Le village caché de Konoha

Les artistes derrière les adaptations Naruto ont toujours parfaitement transposé l’essence du manga avec un Cel Shading vous rappelant aux bons souvenirs de l’animé. Et Naruto to Boruto : Shinobi Striker poursuit le travail de ses prédécesseurs en affinant ce procédé. Les fans apprécieront la fidélité du titre à l'oeuvre d’origine. Sans atteindre des prouesses techniques dignes de louanges, ce jeu de combat assure l’essentiel. Les effets visuels et les animations des personnages donnent vie aux techniques utilisées et soulignent l’action avec une forte propension pour l’épique. De plus, les environnements, sans crier au génie, tiennent leur rôle d’arène semi-ouverte et profitent d’une verticalité fraîchement acquise afin de repenser la physionomie des combats. Quant à la fluidité, point crucial d’un jeu de combat, celle-ci est rarement prise en défaut…. un mal moderne évité ici avec une certaine dextérité.