Que les amateurs du Loup-Garou de Thiercelieux et autres jeux sociaux où la parole a autant de poids que les actes se réveillent de leur torpeur : le jeu que nous vous présentons aujourd’hui a d’énormes chances de vous plaire. Sorte de mix improbable entre Friday the 13th et Town of Salem, sauce FPS, Deceit a de quoi séduire les foules et briser les amitiés…
Panthaa et ses compères tentent de s'évader...
Friday 13th cross Loup-Garou
Après une phase d’early access lancée en Mars, qui le fit connaitre pour sa stabilité chancelante et pour son contenu un peu pauvre, Deceit nous revint en fin d’année 2017 sous la forme d’un jeu complet, disponible gratuitement. Son concept n’a cependant pas changé entre temps et propose toujours à 6 joueurs de collaborer ensemble pour se sortir d’une map. Seulement voilà, parmi les joueurs se cachent systématiquement 2 « infectés », définis dans le plus grand des secrets au début de la partie et dont le but est de tuer les 4 autres joueurs sans éveiller les soupçons.
Quand la parole compte autant que les actes
Une fois les rôles tirés vous entrerez en scène sur une des trois cartes du jeu parmi lesquelles on compte l’asile, bien flippant et très sombre, la forêt labyrinthique et la base arctique faussement rassurante. La partie se découpe en plusieurs phases, qui vous permettent de progresser sur la carte pour rejoindre, étape après étape, la sortie finale. Autant dire que les survivants ne doivent absolument pas chaumer et que c’est dans l’intérêt des infectés de créer des longueurs et des quiproquos au sein de l’équipe, ce qui place la psychologie de groupe et la manipulation au cœur du gameplay. Constamment en communication vocale avec vos compagnons d’infortune, le mensonge et la déduction seront de mise et il est bon de douter de tout le monde, ce qui est assez déstabilisant et franchement grisant lorsqu’un bluff tient durant toute la partie, qu’une déduction s’avère payante, ou que les innocents s’accusent entre eux pendant que vous préparez votre prochaine attaque…
Jour ! Nuit ! Jour ! Nuit !
D’ailleurs, l’ambiance changera drastiquement entre les phases de « jour » et de « nuit ». Lorsque les lumières sont allumées, tout le monde tente de débloquer de l’armement où d’activer des pièges à travers la carte. Les innocents scrutent les faits et gestes de leurs compagnons d’infortune tandis que les infectés doivent habilement se détacher du groupe pour « boire » des poches de sang disséminées sur la carte. A chaque fois qu’ils en boivent, un son retentit, ce qui attire l’attention des innocents, lesquels ne tarderont pas à accuser le moindre joueur croisé pas loin du lieu. Au bout de 3 poches bues, les infectés sont repus et peuvent se comporter normalement en toute quiétude.
La nuit tombée, nos deux petits monstres rassasiés seront en mesure de se transformer, mais encore faut-il le faire dans les règles de l’art : avoir sa cible à portée, ne pas la rater, balancer un ou deux bobards sur le vocal pour vous créer un alibi et vite s’enfuir de la scène de crime pour ne pas être suspecté. Un chat vocal « entre infectés » est d’ailleurs disponible et vous devrez donc jongler entre les deux chaînes pour échafauder un semblant de stratégie avec votre compère. Que l’on soit le chasseur ou le chassé, les parties sont donc haletantes et amènent leur dose d’adrénaline et de frayeurs, que vous devrez d'ailleurs dompter si vous souhaitez rester en vie. Car oui, aussi surprenant que cela puisse paraître, les innocents ont pas mal de méthodes pour survivre…
La Terreur à cause des terreurs
De nuit, nos chers rescapés ont pour mission de trouver et actionner des fusibles pour progresser de zone en zone, jusqu’à la sortie finale. Toutefois, une bonne équipe ne se mettra pas en route sans moyens de défense… Pièges, appareils photo pour éblouir, lampe torche, flingues et fusils à pompe seront à votre disposition pour venir à bout des terreurs qui se dissimulent dans l’ombre et tenteront de vous éliminer en silence pour semer le trouble. Vous disposerez en plus d’outils, à l'image du traqueur qui permet discrètement de scruter la position d’un joueur et de voir si il finit par se transformer.
Le plus vicieux de tous est d'ailleurs le scanner, qui permet à une personne de découvrir si un joueur est infecté ou non. Encore faut-il que la personne qui récupère le scanner soit de base innocente sans quoi l’infecté aura tout intérêt à mentir sur le résultat de l'analyse… D'ailleurs, la plupart de ces « bonus » sont à récupérer à la suite d’une manipulation faite à deux joueurs et vous invitent donc à rester en groupe, tout en guettant qui s’est absenté l’espace d’un instant : un sport impossible à tenir à la longue.
Les accusations fusent régulièrement dans le jeu et l’on aménage très vite des tribunaux de fortune dans lesquels l’accusé est jugé le plus simplement du monde… Mis à terre, il faudra qu’il soit "jugé" par la majorité des joueurs encore vivants, qui devront lui tirer dessus pour valider le jugement et ainsi l'expulser de la partie. Impossible de savoir directement si le choix fut bon ou si les infectés ont réussi à faire éliminer un innocent, ce qui amplifie encore plus la paranoïa. Quoi qu'il arrive, la partie continue jusqu'à l'évasion, sauf si les innocents sont tous morts.
Un beau concept dans un bel enrobage ?
Techniquement, le jeu s’avère bien mieux optimisé qu’à sa sortie en early access mais souffre encore de quelques crashs intempestifs. Fort heureusement, ces derniers ont tendance à arriver dans les menus ou au matchmaking de parties et ne ruinent donc pas tant que ça les sessions. Quelques bugs viendront également ternir l’expérience mais globalement, on a vu bien pire, surtout pour un free to play. Les graphismes sont assez sommaires et tout à fait dans la veine de ce que les productions double A de survie en multi ont l’habitude d’offrir. Qui dit free to play dit également boutique intégrée, et cette dernière est tout à fait correcte. Elle n’affecte que le cosmétique et vous propose de débloquer des tenues et accessoires pour habiller vos différents personnages. Des ajouts que vous pourrez aussi débloquer de vous-même en passant les niveaux. Côté progression du compte, vous cumulerez des points au fil des parties qui vous permettront de débloquer des compétences, lesquelles améliorent un peu l’expérience de jeu et vous octroient quelques sympathiques techniques qui donnent des indices supplémentaires durant la partie. Ce n’est pas essentiel à la réussite de l’équipe mais ça motive tout de même à monter en grade et enchainer les sessions jusqu'au bout de la nuit…
Points forts
- Facile à comprendre et rapide à jouer (5 minutes la partie)
- Une communauté française bien présente
- Un jeu basé sur le bluff et la psychologie de groupe
- Un socle « FPS à objectif » qui se marie très bien avec la partie enquête et discussion
- Le stress procuré par certaines situations
- Très fun à jouer entre amis
- Free to play et doté d’une boutique peu contraignante (100% cosmétique)
Points faibles
- Plantages et bugs (quelques soucis sur les serveurs FR durant le dernier jour de test)
- Nécessité de jouer avec des gens impliqués et compétents
- Lorsque les infectés sont découverts mais courent encore, la partie perd de son charme.
Facile à comprendre, addictif, original et flippant, Deceit se propulse très facilement dans la ludothèque des amateurs de jeu en coopération. Il procure tout un panel d’émotions et vous mettra constamment à l’épreuve sur le plan psychologique. Mentir et analyser vos interlocuteurs deviendront des réflexes après quelques parties et l’on se prend très facilement au jeu. Une superbe expérience sur laquelle on reviendra régulièrement entre amis.