Un visuel enchanteur, des créatures majestueuses, Oure sait parfaitement à quel public il s’adresse. Il aura suffi de quelques images pour se remémorer ce que nous avaient inspiré les œuvres de Fumito Ueda, pour ne citer qu'elles. Le titre du studio Heavy Spectrum (derrière le remake de Shadow of the Beast) laisse le joueur libre de voler dans un ciel aux nuages denses, sous la forme d’un long dragon qui ne manque pas de classe. L’idée est de récolter des orbes, puis de trouver des structures grâce auxquelles on peut appeler des Titans afin de les « combattre ». Toutefois, combattre est un bien grand mot puisqu’il n’est pas possible d’attaquer dans Oure. Pour se défaire de ces gigantesques entités, il faut utiliser un mélange d’adresse et de réflexion avec des attaques à esquiver et des puzzles à résoudre. Surtout des puzzles à résoudre, en fait.

Rarement soumis à une question de timing, Oure dispose d’un rythme assez lent, très approprié à un titre qui se veut avant tout contemplatif. Lors de la récolte des orbes, on navigue entre les nuages, ces derniers servant à récupérer l’énergie qui permet d’accélérer et de monter. S’il n’est pas compliqué de se balader quand on se contente d’aller tout droit, Oure devient toutefois une autre paire de manches dès que l’on veut contourner quelque chose, ou faire un simple demi-tour. En fait, l’effet de perspective est pour ainsi dire raté à cause d’un mauvais placement de caméra et l'on rate très souvent nos changements de direction, peu aidé par une maniabilité bien plus lourde qu’il n’y paraît. On a beau avoir l’air agile, on en reste finalement très frustré par la maniabilité, un élément qui casse prodigieusement l’immersion et le sentiment de liberté.

Cela se ressent notamment lors des « affrontements » contre les Titans. Il n’est pas rare de devoir recommencer une phase longue et redondante uniquement à cause de soucis de placements, notamment dus aux changements d’orientation du dragon. Cela s’ajoute à l’intérêt même des colosses, rarement mémorables, surtout quand on voit la simplicité des petits puzzles qui servent à toucher leurs « points vitaux ». Même si Oure essaie de varier le gameplay avec des phases à pieds complètement anecdotique, on ne peut pas dire qu’il arrive vraiment à nous provoquer de bonnes sensations. De vrais soucis de game design qui se retrouvent aussi dans l’aspect exploration, qui n’offre rien d’autre qu’une balade à la recherche d’orbes, objets de collection et boosts de pouvoir anecdotiques, souvent via de simples checkpoints à passer dans un temps imparti.

Heureusement plus réussi d’un point de vue artistique, Oure offre quelques panoramas élégants qui sont souvent gâchés par une technique à la ramasse, à commencer par les nuages qui constituent pourtant 90 % de ce que vous avez sous les yeux quand vous explorez. Quelques fois, leur aspect doux est bien rendu, mais la plupart du temps, le pseudo flou artistique ressemble plus à des textures pas encore chargées qu’à une véritable patte visuelle. Cela dit, la musique de Oure est déjà moins critiquable, bien adaptée à un jeu de cet acabit. Note spéciale pour le thème principal, composé par Ian Livingstone et joué par la violoncelliste Tina Guo, qui restera sans doute un des rares éléments à retenir de Oure.