Après le Just Sing d’Ubisoft, voici venue la nouvelle version du karaoké de Ravenscourt, le bien nommé Let’s Sing 2017. Au programme des nouveautés : une application pour smartphone, un affichage légèrement revu et une playlist remodelée, toujours pleine de titres francophones. Mais est-ce bien suffisant pour faire vibrer les foules dans votre salon ?

Ah, le karaoké, ce faiseur d’ambiance inimitable qui sait faire plaisir au plus grand nombre en flattant l’égo des amoureux du chant et en donnant à chacun la chance d’être la star d’un moment convivial. Une recette vieille de plusieurs décennies mais qui a un peu de mal à prendre sur cette génération de consoles. Et ce n’est malheureusement pas avec ce Let’s Sing que votre cœur de rockeur battra à plein régime

Nouveautés ? Quelles nouveautés ?

C’est dans le cadre d’une interface très simplifiée, limite austère, que votre aventure artistique commence. Pas ou peu d’explications quant à la marche à suivre, l’écran se bornant à vous montrer les titres disponibles, par lots de 3, avec un extrait sonore en boucle lorsque le curseur se trouve sur l’un d’eux. Et si la totalité des 45 chansons est disponible dès le départ en mode normal, il faudra chanter encore et encore pour débloquer les modes Duo, Par Cœur (sorte de « N’oubliez pas les paroles ») et Passe le Micro. Car la progression Let’s Sing se fait via un système de points, accumulés au fil de vos prestations, qui pousse à revenir sur des titres déjà chantés pour battre son record. D’un côté vous récupérez des pièces à utiliser pour acquérir les nouveaux modes, chanson par chanson, et de l’autre vous montez petit à petit en niveau, ce qui donne accès à de nouveaux bonus de multiplication aidant énormément à exploser le score.

Le répertoire proposé par Let’s Sing 2017 se compose de 30 chansons francophones et 15 internationales. On y trouve des artistes de la dernière génération comme Louane avec sa chanson « Jour 1 », Julien Doré avec « Kiss Me Forever » ou OMI avec « Cheerleader », mais aussi des titres plus anciens comme « A la faveur de l’Automne » de Tété, « Allumer le feu » de Johnny Hallyday et « Le Sud » de Nino Ferrer. Un choix qui permet de contenter ceux qui écoutent les radios grand public mais qui laissera clairement un goût amer aux amateurs de Rock, de RNB, de Jazz… De toute façon, difficile d’être plus exhaustif avec un nombre aussi limité de titres, sachant qu’il sera prochainement possible d’en acquérir de nouveaux dans un magasin en ligne dédié. On apprécie néanmoins de profiter des instrumentations et des clips officiels, mais aussi de pouvoir chanter dessus avec ou sans la voix principale.

Malheureusement, tout ceci se passe dans une ambiance insipide, manquant cruellement d’effets sonores ou visuels, et n’offrant pas la possibilité de revoir, de ré-entendre ou de sauvegarder sa prestation. On est donc très loin d’un Sing Star ou d’un Just Sing. A cela s’ajoutent quelques défis totalement inutiles, tirant la performance vers le bas puisqu’on vous demandera systématiquement de faire un score entre deux niveaux de points ridiculement faciles à atteindre, imposant finalement au joueur de poser son micro une fois l’objectif atteint.

En piste Maestro

Il est possible de jouer jusqu’à 4 (sauf en mode Duo, évidemment), pour peu que vous ayez de quoi faire participer autant de chanteurs. Et on a beau chercher dans les maigres options (ou dans la notice absente du package ou de l’interface), il n’existe aucune indication quant au branchement des différents dispositifs de jeu. Le choix est pourtant plutôt vaste puisque vous avez la possibilité d’utiliser un microphone USB, un micro-casque branché à la manette et même un smartphone iOS ou Android via une application dédiée. Et si cette dernière permet d’utiliser votre téléphone pour chanter sans pour autant consommer follement sa batterie, elle n’offre en revanche aucune fonction vidéo comme le permet celle de Just Sing. De plus, microphones et smartphones ne jouissent pas vraiment des mêmes avantages avec une différence de latence assez importante et vraiment déterminante pour le gameplay. Et si une option mal pensée car presque incompréhensible permet de modifier le temps d’apparition des paroles dans la timeline, elle ne gère en rien ce délai incompressible nécessaire au transport de votre voix jusqu’à sa prise en compte à l’écran.

En effet, Let’s Sing est jeu certes grand public, mais dont l’exigence n’est finalement pas à la hauteur de sa gestion du matériel. Alors que tonalité et rythme sont essentiels pour marquer des points et conserver ses multiplicateurs, avec un niveau de précision largement supérieur à ses concurrents, on finit par se heurter à ce décalage entre la voix et son action à l’image. Et même si on note l’apparition du texte au niveau du curseur de chant, ce qui permet la plupart du temps d’avoir la hauteur de note, le rythme et le texte d’un seul coup d’œil, impossible de jouer le perfect sans anticiper légèrement sur la chanson, quitte à se mettre complètement hors du tempo quand on joue avec son smartphone.

Pire, dans toutes les parties non chantées (et donc la plupart des raps), les paroles rythmiques se voient affublées d’une tonalité complètement absurde, rendant « Sexy and I know it » de LMFAO ou « Magic in the Air » de Magic System ridiculement difficiles. Ajoutez à cela de nombreuses notes fantômes ou des mélodies faussement compliquées et vous comprendrez que Let’s Sing 2017 ne saurait convenir ni aux pros du micro, ni aux débutants qui y trouveront soit un jeu peu flatteur, soit un gameplay bancal. Et voilà malheureusement tout ce que Let’s Sing 2017 a à proposer comme challenge. Un peu chiche pour un jeu censé être festif. Et quant à l’interaction en ligne, elle se limite à un mini tableau de scores où vous pourrez seulement voir votre position face aux meilleurs, mais aucunement trouver un adversaire à distance. Dommage.