En confiant la licence Batman à Rocksteady, Warner Bros Games n’imaginait sans doute pas le succès qui en résulterait. Et pourtant, les quatre épisodes de la série Arkham ont su convaincre joueurs et critiques autour d’une recette parfaitement maîtrisée mélangeant exploration et combat de la plus belle des manières, le tout porté par une narration et une réalisation au poil. Avec un tel succès, ce n’était qu’une question de temps avant que la licence Arkham ne vienne faire un tour sur mobile. Et après une version iOS et Android d’Arkham Origins ainsi qu’un Batman Arkham City : Lockdown peu intéressant tous deux développé par NetherRealm Studios, Warner Bros a décidé de confier la destinée mobile du chevalier noir à Turbine. Résultat des courses, le studio nous livre aujourd’hui Batman : Arkham Underworld, le jeu estampillé Batman que personne n’avait vraiment vu venir.
Bande-annonce de Batman Arkham Underworld
Malgré le nom de Batman savamment intégré au titre, cet Arkham Underworld ne nous mettra pas une énième fois dans l'armure de ce bon vieux Batou, mais plutôt dans celle de ses nombreux opposants. Très exactement, c’est dans la peau d’un petit nouveau du crime que l’on commencera à écumer Gotham. Après un petit discours de Catwoman, qui sert de tutoriel au jeu, on recrutera très rapidement Edward Nigma afin de nous aider à grimper les échelons de la pègre locale. Au fur et à mesure de notre progression, divers vilains de l’univers Batman, et quelques figures bien connues de Gotham se joindront à la fête dans un grand respect de l’univers du chevalier noir. De plus, être pour une fois dans la peau d’un méchant qui vient taquiner Batman s’avère un principe assez sympathique et original pour susciter la curiosité. Là où le bât blesse un tantinet en revanche, c’est que ce Batman : Arkham Underworld n’est rien de plus qu’un Clash of Clans-like aux couleurs de [tag:168739 Batman.
Le plaisir est dans l’attente
Et oui, si vous pensiez trouver là un petit jeu d’Action, un RPG Free to play ou tout autre genre se rapprochant un tant soit peu de la formule établie par la série des Arkham, vous vous fourriez le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Turbine a en effet fait le pari pour le moins original de transposer l’univers de Batman en un simili jeu de stratégie. Comme il est de coutume dans ce genre de titres, le gameplay se divise en deux phases distinctes et entremêlées. Tout commence avec le QG, votre base d’opération qu’il faudra améliorer au fil du temps afin de pouvoir étendre votre influence sur Gotham. De manière très classique, il faudra y construire des générateurs de ressources (respect et argent), des générateurs d’unités que l’on pourra envoyer au combat, des bâtiments dédiés aux technologies (améliorations des troupes et des super vilains) et des unités de stockage pour les différentes ressources. En sus du coût de construction, que l’on paiera avec des ressources sonnantes et trébuchantes, il faudra du temps bien réel. Comme dans un Clash of Clans, il faudra attendre de quelques minutes à plusieurs heures pour pouvoir utiliser un bâtiment ou une unité. Délais que l’on pourra bien évidemment accélérer à l’aide de diamants, la monnaie premium du jeu.
Extrait de Batman Arkham Underworld
L’autre phase de gameplay majeur de cet Arkham Underworld réside dans les différentes missions qu’il sera possible d’effectuer. Chacune d'entre elles débutera par un briefing, qui nous permet d’observer la disposition des lieux, les forces en présence ainsi que l’objectif à remplir (démolir des objets, piller un coffre, tuer un ennemi en particulier, etc) et les récompenses que l’on obtiendra. Il sera possible, durant cette phase, d’abandonner sans aucune pénalité, le jeu n’utilisant pas de stamina et autres barres d’énergie pour la partie mission. Si la disposition convient, il est alors possible de déployer ses troupes. Les sbires de base agissent seul, fonçant aveuglément vers l’objectif en éliminant les menaces qui lui font face. Une situation qui peut s’avérer problématique lorsqu’il y a des pièges (alarmes qui rameutent la police, mines, etc) mais que l’on pourra contourner une fois arrivé à un certain niveau, la possibilité de donner des ordres simples apparaissant. Les super vilains tels Edward Nigma, Killer Croc ou Bane sont pour leur part directement contrôlés par le joueur. Il sera possible d’en déployer un part mission, de le faire aller ou bon nous semble, et d’utiliser ses différentes compétences. Dès lors, il faudra apprendre à gérer les aléas des troupes de base en jouant avec les capacités des super vilains dans des séquences de jeu un brin simples, mais pas dénuées d’intérêt.
Comme dans tout bon Clash of Clans-like qui se respecte, ce Batman : Arkham Underworld propose une partie « sociale » qui permet d’affronter d’autres joueurs de manière asynchrone. En explorant la carte de Gotham, il est en effet possible de voir plusieurs QG d’autres joueurs qu’il sera possible d’attaquer afin de piller leurs ressources. Un principe réciproque, puisque les autres joueurs pourront aussi venir piller votre QG. Il faudra donc penser avec soin la disposition de son repaire, et de ses défenses afin de le rendre impénétrables aux autres joueurs. Un principe assez sympathique, d’autant plus que la partie customisation du QG s’avère très plaisante, mais qui ouvre grand la porte au Pay to win dans ce qu’il a de plus exécrable. La construction des bâtiments et le recrutement des troupes pouvant être accélérés à l’aide de la monnaie premium, chaque joueur mettant la main au portefeuille bénéficiera d’un avantage non négligeable, que les autres joueurs ne pourront jamais rattraper. Côté réalisation enfin, Batman : Arkham Underworld s’en tire plutôt pas mal. Graphiquement, le jeu de Turbine tient la route et propose des graphismes agréables utilisant le style visuel mis en place par la série principale. Le design des super vilains et très plaisant, et il est très sympa de les voir en action lors des missions. L’application demeure assez stable, tout comme les serveurs qui ne subissent que très peu de ratés. Mieux, le jeu s’avère suffisamment optimisé pour ne pas faire surchauffer les terminaux sur lesquels il tourne.
- Test réalisé sur un iPhone 6
Points forts
- Une dimension tactique plaisante
- Une ambiance "Batmanesque" retrouvée
- Graphiquement au point
Points faibles
- Des timers dans tous les sens
- Un aspect Pay to win trop prononcé
Difficile de ne pas voir l’ombre de Clash of Clans recouvrir ce Batman : Arkham Underworld tant les mécaniques de gameplay sont inspirées du hit de Supercell. Ici aussi il faudra construire une base, la faire évoluer et recruter des troupes afin d’aller botter des miches dans une course à la puissance quasi-infinie. Et le pire, c’est que cela fonctionne plutôt bien : la construction de la base et la gestion des troupes en mission sont agréables et l’on y joue sans déplaisir. Malgré tout, cet Arkham Underworld n’en reste pas moins un pur Free to play qui vous demandera d’attendre, parfois longuement, pour chaque amélioration tout en limitant les possibilités d’évolution à certains moments. Une combinaison idéale pour générer de la frustration, et ouvrir grand la porte au Pay to win dans ce qu’il a de pire. Au final, Batman : Arkham Underworld n’est pas si mauvais pour peu que l’on soit client des Clash of Clans-like, et qu'on aime l’univers du chevalier noir. Si vous êtes en revanche réfractaire au genre, et que le Pay to win vous horripile au plus haut point, passez votre chemin, vous ne pourrez qu’être déçu.