Les morts-vivants déambulent en nombre depuis une dizaine d'années sur le marché du jeu vidéo, démultipliant les incursions sur PC, consoles de salon et mobiles. Les Français du studio NoClip et l’éditeur Gambitious Digital Entertainment ont décidé de sortir d'outre-tombe un peuple né en 1991, sa propension à suivre aveuglément les ordres, et retombé dans l'oubli depuis. Les décharnés s'invitent dans Zombie Night Terror, un jeu de réflexion rendant un hommage apocalyptique à feu Lemmings.
La fin du monde aura bien lieu
Successeur décharné et assumé de la franchise Lemmings, Zombie Night Terror emprunte à la célèbre série ses mécanismes primaires, à savoir le contrôle d’entités dénuées d’une quelconque forme d’intelligence suivant vos ordres sans sourciller ne serait-ce qu’un instant. Sous ses airs de films de zombies issus des séries B et autres nanars, La Nuit des morts-vivants en tête, le titre de NoClip prend à revers le sacrosaint archétype de l’Homme tentant tant bien que mal de survivre dans un monde infesté de morts-vivants en vous plaçant à la tête d’une armée d’affamés désireuse de contaminer le monde un quartier après l’autre et ainsi asseoir la domination de la chair sur l’esprit. « Of course ! ».
Et l’infecté est à l’honneur dans ce jeu de réflexion décomplexé puisant allégrement dans la culture populaire. Films (Cannibal Holocaust, Hamburger Hill…), séries TV (Prison Break), réalisateurs (George Romero...)… fusent à mesure que vous progressez dans une aventure osant faire référence également à notre enfance avec rien de moins que les Tortues Ninja via la présence de la journaliste April (O’Neil) ou tout du moins un ersatz de cette dernière. La mise en scène reste pour autant minimaliste dans son approche. De simples bulles de dialogues accompagnées de zoom sur des personnages anecdotiques distillent un scénario tenant sur un timbre poste et cela ne saurait en être autrement. Zombie Night Terror est à l’image des films qu’il singe, une œuvre faisant fi du récit au profit d’une expérience centrée sur le fun et la nostalgie. Pour preuve ce filtre « Film grain » activable dans les options ou encore cette télévision cathodique (faisant office de guide tout au long du jeu) directement revenue de la décharge pour un dernier rappel avant une retraite déjà entamée.
Zombie Night Terror : Un jeu de réflexion sanglant
Une symphonie cadavérique
La fin du monde est entre vos mains et celles de vos « administrés ». Magnanime vous laissez gambader vos infectés, donnant les rues de la ville en pâture à ces adeptes de chair fraîche. Bien souvent, cette conquête débute par une contamination en bonne et due forme. Et pour se faire, ce seigneur des morts possède des seringues à même de transformer un danseur disco en cannibale. Une injection plus tard, la mort commence à se répandre en centre-ville pour votre grand plaisir tel un effet domino morbide détruisant toute vie par simple morsure. Mais les êtres humains ne restent pas catatoniques face au massacre se déroulant devant leurs yeux. Tandis que les civils hurlent à votre approche et se laissent dévorer sans broncher, les policiers patrouillant dans les rues, les courageux, les militaires et autres forces spéciales s’arment pour repousser l’invasion en cours. L’environnement lui-même est un obstacle à votre marche conquérante. Pièges électriques, chutes « mortelles », « noyades » laminent vos troupes sans vergogne ne laissant que sang séché et viscères en lieu et place de vos fiers zombies.
Aussi stupides soient-ils, vos morts-vivants possèdent plus d’un tour dans leur sac pour se défaire des pires adversités et assurer l’hégémonie du putréfié. 3 types spéciaux de zombies garnissent ainsi vos rangs. L’Overlord indique aux autres zombies la direction à prendre, histoire d’éviter un piège mortel. Le Crawler possède la faculté de grimper sur les murs et de se déplacer sur les plafonds tel un Spider-Man ayant passé l’arme à gauche. Le Tank, quant à lui, est un véritable sac à points de vie à même d’enfoncer les lignes ennemies et servir de bouclier face à la pluie de plomb administrée par les êtres humains. Mus par la faim, les zombies sous votre commandement comprennent les ordres simples : exploser, courir, sauter, crier, cracher leur infection à la face des badauds. Au nombre de 5, ces directives retourneront une situation mal embarquée. Mais l’aspect tactique de Zombie Night Terror prend tout son sens lorsque la combinaison des mutations et des ordres s’accordent pour déverser mort et destruction dans les rues, des combinaisons à ne pas négliger sous peine de mordre la poussière en boucle.
Cependant, ce contrôle minutieux des zombies nécessite de l’ADN. Une mutation, un ordre… coûte de 1 à plusieurs points d’ADN pour une facture pouvant vider votre jauge à vitesse grand V et vous laisser démuni face aux dangers dissimulés au sein des niveaux. Aucune inquiétude à avoir pour autant, des barils d’ADN, la mort d’un humain ou le sacrifice des vôtres remplissent cette jauge comblant les nécessiteux. Malheureusement, malgré la démultiplication des situations, des objectifs et des puzzles, Zombie Night Terror peine à se renouveler après plusieurs heures de jeu, la faute à une redondance d’ensemble due à un principe de base restant inchangé tout au long de votre périple.
Zombie Night Terror : Des combats de Boss explosifs
Une infection conquérante
Jeu de réflexion à part entière saupoudré d’humour sanglant et suintant, Zombie Night Terror mise sur un level design savamment conçu et un ajout régulier de nouvelles fonctionnalités durant les 40 niveaux actuellement disponibles. Articulés sous forme de chapitres comptant 10 niveaux chacun (un 5ème chapitre étant prévu post lancement ainsi qu'un éditeur de niveau), ces tableaux vous donneront du fil à retordre. En effet, la difficulté est au rendez-vous et demandera analyse, réflexes et synchronisation pour traverser les divers challenges imaginés par le studio NoClip. L’ensemble des niveaux au-delà de l’objectif primaire (infecter X humains, rejoindre le point d’extraction avec un zombie particulier…) offre un défi de taille à tous ceux souhaitant se torturer les méninges (tuer tous les êtres humains, détruire un véhicule, finir le niveau en moins de X minutes...).
Un hommage aux 80/90's
A l’image des Lemmings dont elle s’inspire, la direction artistique de Zombie Night Terror joue la carte du Pixel Art pur et dur, véritable hommage à l’ère 8 bits avec ses pixels gros comme le pouce et des animations aussi simples qu’efficaces. Arborant une approche minimaliste du spectre des couleurs via un noir & blanc du plus bel effet, les environnements de Zombie Night Terror se déroulent horizontalement préférant concentrer l’attention du joueur au premier plan quitte à délaisser les effets de parallaxe et de particules tape-à-l’œil. Et ce monochrome s’accorde des touches de couleurs disparates. Rouge sang et vert radioactif entrent en communion et traduisent morts et éléments interactifs avec une simplicité déconcertante pour une clarté en jeu facilitant la prise de décision.
Et la musique accompagne le stratège sans jamais faillir pour un plaisir d’écoute non dissimulé. Synthétiseur crachant un bit venu tout droit du cinéma bis, la bande-son entre en communion avec le visuel pour une expérience nostalgique ravivant les souvenirs d’une génération ayant grandi avec le club Dorothée et le magazine Mad Movies.
Bande-annonce de Zombie Night Terror
Points forts
- Un hommage poignant au cinéma bis et à Lemmings
- Des références à la culture populaire en pagaille
- Une dimension stratégique complexe et pointue faite d’ordres et de mutations
- Un somptueux noir & blanc pour une direction artistique osée tout en pixel art
- Pléthore de niveaux à la difficulté croissante et corsée
- Une bande-son rétro glissant ses notes sur un synthétiseur 80’s
Points faibles
- La redondance d’une formule peinant à se renouveler après plusieurs heures de jeu
Pure vision régressive du jeu vidéo transportant le tacticien dans une version fantasmée des années 80/90's, Zombie Night Terror rend parfaitement hommage à ses inspirations. Zombies, Lemmings et Pixel Art fusionnent le temps d'une infection à grande échelle pour le plaisir des nostalgiques. Et le studio NoClip réussit son pari sans sourciller en concoctant un jeu de réflexion accrocheur déterrant les tendres souvenirs d'une époque révolue.