
Si les remasters sont généralement le meilleur moyen de se lancer à la (re)découverte des pépites du jeu vidéo, tous ne font pas l’objet des mêmes attentions. L’affaire Tales of Symphonia en est un bon exemple. Tales of Graces f Remastered vient-il rectifier le tir ?
La saga « Tales of » compte parmi les icônes du jeu de rôle japonais, non loin derrière Dragon Quest et Final Fantasy. Mais les épisodes parus depuis 1995 sont si nombreux que rares sont les joueurs à avoir eu la chance de tous les essayer. Il y a donc une vraie demande, de la part du public actuel, de revenir aux origines de la franchise, si possible par l’intermédiaire de versions retravaillées, dépoussiérées et modernisées dans les règles de l’art.
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Problème, ceux qui attendaient impatiemment le retour des meilleurs volets de la saga ont été échaudés par le lancement désastreux de Tales of Symphonia Remastered. Qu’ils se rassurent, les responsables de Tales of Graces f Remastered ont tiré la leçon de cet échec pour accorder davantage de soin à l’optimisation de ce nouveau volet.

Au cours de notre session de test sur la version PS5, nous n’avons pas rencontré de problèmes particuliers : aucun crash impromptu, pas de ralentissements venant parasiter les combats ni de temps de chargement à rallonge entre les zones. Mais il reste tout de même une question qui reste en suspens et que vous devez garder à l’esprit au moment de choisir votre version :
Critiquée à son lancement pour ses défauts d’optimisation manifestes, la version Switch de Tales of Symphonia avait concentré l’ire des fans, malgré les mises à jour déployées depuis. N’ayant pu tester Tales of Graces f Remastered que sur PS5, nous ne pouvons nous prononcer quant aux qualités ou défauts propres à la version Switch du jeu. Mais l’éditeur a publié une liste des spécificités de chaque machine où il apparaît que la Switch est la seule à se limiter au 30 fps, contre 60 fps pour les autres versions (y compris sur PS4 et Xbox One). Même chose du côté de la résolution de l’image, réduite à 1920 x 1080 sur une TV, et seulement 1280 x 720 en mode portable.

Un vrai remaster ?
Tout le monde n’a pas forcément les mêmes exigences en matière de remaster, mais celui de Tales of Graces f s’efforce de n’oublier personne. En termes d’améliorations graphiques, le pas franchi est loin d’être transcendant par rapport à la version PS3 (sortie en 2010 au Japon et 2012 en Europe). Mais les textures gagnent tout de même en finesse pour se conformer à la résolution des écrans actuels (Switch mise à part).
Si cette refonte est plutôt jolie hors combats…


Il faut rappeler aussi que le jeu d’origine, Tales of Graces (sans son ‘f’ !), avait été développé initialement pour la Wii en 2009. Difficile, donc de produire un miracle sur le plan graphique, à moins de passer par un véritable remake… option qui n’a pas été retenue par Bandai Namco. Pour autant, ce remaster rattrape cet écueil grâce aux très nombreuses autres options de confort et de modernisation qu’il propose.
… le rendu des affrontements est un peu moins convaincant.


Confort ou challenge à la demande
Plutôt que de se limiter aux options les plus classiques, comme le choix de la difficulté ou la possibilité de désactiver les combats à tout moment, ce remaster y ajoute un éventail d’éléments de personnalisation vraiment fourni. L’objectif est bien de permettre à chacun d’affiner l’expérience de jeu selon ses priorités, en ciblant deux catégories de joueurs : ceux qui ne connaissent pas l’original et exigent une expérience modernisée, et les nostalgiques qui souhaitent retrouver l’authenticité du RPG qu’ils ont connu à l’époque. Et même dans ce dernier cas, il convient de distinguer les amateurs de défis qui cherchent un challenge revenu à la hausse des joueurs plus âgés qui ne peuvent plus se permettre de consacrer une centaine d’heures à un jeu vidéo…
Un scénario chargé d’émotion car retraçant l’enfance des héros.

La solution passe donc logiquement par l’accès direct au « Magasin+ », le fameux Grade Shop qui se débloquait dans la plupart des « Tales of » une fois l’aventure terminée. Les développeurs ont fait le choix de le rendre disponible d’entrée de jeu afin de permettre à chacun de régler toutes les options de confort en fonction de ses envies. On y trouve par exemple de nombreux avantages permettant d’accélérer considérablement le développement des personnages (gain d’XP et de SP démultipliés, dégâts optimisés, récompenses augmentées, etc). Ce qui n’empêche pas de faire le choix inverse en divisant par deux l’expérience acquise pour relever le défi global du jeu ! Le Magasin+ comporte ainsi une bonne vingtaine d’options différentes à définir en toute conscience avant de lancer la partie.
Toutes les options de confort sont à sélectionner dès le lancement du jeu.

Le souci du détail
Pour rendre la découverte du titre davantage conforme aux standards actuels, d’autres éléments importants ont été intégrés. L’ajout de checkpoints évite par exemple de devoir recommencer toute sa progression en cas d’échec. On peut aussi accélérer les discussions, même lors des saynètes, l’intégralité des textes restant évidemment traduite en français. La possibilité de zapper certaines cutscenes n’est cependant à conseiller qu’à ceux qui connaissent déjà l’histoire par cœur, d’autant qu’il serait dommage de ne pas profiter de la qualité des voix japonaises ou anglaises.
Il est possible d’accélérer les dialogues pendant les saynètes.

L’idée de pouvoir désactiver à tout moment le déclenchement des combats lorsqu’on entre en collision avec un ennemi peut éventuellement dépanner ceux qui ne souhaitent pas abaisser le niveau de difficulté. Les ennemis s’avèrent toutefois assez faciles à contourner, même dans les donjons. D’autant que le personnage se déplace désormais plus vite, à condition d’activer la fonction de course prévue à cet effet. L’aventure comportant de multiples allers-retours, on apprécie aussi la possibilité d’activer un pointeur d’objectif lorsque les indications données manquent de clarté. Dans le même esprit, une icône de sablier rouge nous alerte dès qu’un événement en temps limité peut être consulté et nous aiguille dans sa direction.
Le marqueur d’objectif atténue un peu la lourdeur des allers-retours.

D’autres améliorations mineures concernant la modernisation de l’interface ont également été intégrées sans qu’il soit vraiment utile de les énumérer ici. En revanche, les fans apprécieront sans doute de savoir qu’ils pourront retrouver la quasi totalité des DLC créés pour Tales of Graces f dans ce remaster. Pour des questions de licences, certains contenus téléchargeables n’ont pas pu être incorporés, mais l’éditeur estime tout de même à plus de 80 le nombre de DLC pris en compte. En plus des costumes renvoyant aux différents protagonistes de la série, on trouve aussi le mode « Défis des Grâces » qui permet de relever des challenges précis depuis le menu principal.
Presque tous les DLC sont inclus pour contenter les fans.

Plus important, l’épilogue « Lignée & Héritage », qui avait été ajouté à l’occasion du portage PS3, reste accessible une fois l’aventure principale terminée. Il se place six mois après la fin du jeu et le prolonge d’une bonne dizaine d’heures supplémentaires en présentant ce que sont devenus les protagonistes. Il introduit aussi le mode Accel qui s’inspire de l’explosion d’Eleth pour autoriser les héros à déclencher un maximum d’attaques surpuissantes. La durée de vie de cet épisode reste donc très solide, à condition de ne pas abuser des aides de jeu.

Des atouts à l’épreuve du temps ?
Tales of Graces f est régulièrement cité parmi les épisodes favoris des fans, mais ses qualités sont-elles toujours aussi efficaces en 2025 ? Touchante mais relativement prévisible, l’histoire prend le temps d’exposer l’enfance des héros avant de révéler le point de bascule qui ébranlera toutes leurs convictions. Des années plus tard, les ambitions de chacun ont évolué et l’amitié qui semblait plus forte que tout vole en éclats.

Aujourd’hui, il faut bien admettre que le caractère parfois naïf de l’intrigue et sa mise en scène datée nous sortent un peu de l’immersion, sans parler de l’impossibilité de s’écarter des routes balisées pour explorer les environnements en toute liberté.

Les combats, eux-aussi, ne bénéficient plus de la même flamboyance qu’à l’époque. Baptisé « Style Shift Linear Motion Battle » (ou SS-LMBS), le système de Tales of Graces f était pourtant l’un des plus impressionnants de la série. De par son dynamisme et la stratégie qui découlait du jonglage entre plusieurs styles offensifs, il mettait l’accent sur la mobilité et constituait une avancée majeure en matière d’affrontements 3D dans un RPG. Pris dans le contexte d’aujourd’hui, ces combats risquent cependant d’avoir plus de mal à convaincre les nouveaux venus. D’autant que la réalisation des arènes a pris un sacré coup de vieux, tout comme le design très archaïque des donjons.

Le déblocage de la centaine de titres requis pour développer les capacités des héros paraît alors bien insuffisant pour rivaliser avec les standards du genre, ou même avec les derniers volets de la franchise. Mais le jeu s’adresse avant tout à ceux qui ont à cœur de remonter le temps pour compléter leur culture autour de la série, en toute connaissance de cause.
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Conclusion
Points forts
- Pas de soucis d’optimisation sur la version PS5 testée…
- Un travail de modernisation appréciable (graphismes actualisés, ajout de checkpoints, de marqueurs d’objectifs, accélération de la vitesse de déplacement et des discussions).
- Toutes les options de confort du Magasin+ paramétrables individuellement au lancement de la partie pour ajuster la difficulté.
- La possibilité d’activer ou de désactiver les combats est offerte à n’importe quel moment.
- La quasi totalité des DLC est incluse, soit plus de 80 contenus bonus.
- Accès direct aux Défis des Grâces via le menu principal.
- L’épilogue « Lignée & Héritage » est toujours présent une fois l’aventure terminée.
- Doublage anglais proposé en plus des voix japonaises.
Points faibles
- … mais la version Switch est limitée à 30 fps, avec une résolution inférieure.
- Même affinées, les textures accusent le poids des années.
- Une mise en scène moins efficace car datée, tout comme le rendu des arènes.
- Révolutionnaire à l’époque, le système de combat n’a plus le même impact aujourd’hui.
- Les donjons à l’ancienne, les multiples allers-retours et les chemins ultra-balisés ne sont plus vraiment dans l’air du temps.
Note de la rédaction
Testé dans sa version PS5, Tales of Graces f Remastered permet de renouer avec l’un des épisodes préférés des fans dans des conditions confortables. Son optimisation reste cependant à vérifier sur Switch, seule version limitée à 30 fps avec une résolution plus faible. Même si sa réalisation 3D et son système de combat ont fatalement vieilli, le jeu reste agréable à découvrir et la candeur de son scénario donne envie de connaître son dénouement.