Imaginez que la Terre, représentée par la déesse Gaia, soit soumise aux activités déraisonnées de l’homme et que celle-ci, avec l’appui de son frangin maléfique Pthisis, décide d’agir avant qu’il ne soit trop tard, en envoyant des hordes de zombies. C’est le pitch décalé de Too Many Humans, un jeu de stratégie en temps réel qui mêle humour, gore et réflexion. Le premier épisode – composé de sept niveaux – vient de sortir et sera accompagné, en 2022, de deux volets inédits.
Pollution, nucléaire, surconsommation, gaspillage, déforestation… la portée écologique de Too Many Humans, à commencer par le titre du jeu, ne fait aucun doute. Mais au lieu de marteler le message par le biais d’une œuvre trop sérieuse, les développeurs français de RealityZ ont choisi la voie du fun et du sarcasme. Gaia, ne pouvant agir seule face à la cupidité humaine, décide de lever une armée de morts-vivants pour se venger des dérapages quotidiens de ses chers habitants. Il va donc falloir agir en terrassant les honnêtes citoyens sans défense, mais aussi et surtout les soldats armés jusqu’aux dents. Oui, l’homme est parfois à côté de ses pompes, mais il n’est pas bête au point de se laisser croquer sans rien faire.
L’ARMÉE DES MORTS
Entièrement jouable au duo clavier/souris, Too Many Humans est une sorte de Tower Defense inversé, dans le sens où le joueur attaque des positions pour progresser dans différents environnements (Haute Mer, Fort Knox, Dépôt de voiture, Mine de Charbon…). Chaque niveau s’articule autour d’un seul et même but : le contrôle de positions. À l’aide de quelques zombies, le joueur croque les citoyens lambda afin de récupérer de la « chair ». Celle-ci, que l’on peut qualifier de ressource principale, permet ensuite d’augmenter la taille de son armée pour se frotter à des positions fortifiées et protégées par des policiers, des soldats d’élite, des incinérateurs (armés de lance-flamme), des beaufs (caïds de quartier), etc. Et bien évidemment, pour se défaire de tels adversaires, vos zombies et autres morts-vivants ne suffisent pas. En tout cas, pas dans leur simple forme de créatures décharnées.
WARM BODIES
Au cours de son escapade sanguinaire, le joueur doit convertir ses unités pour détruire des barricades et semer le trouble dans les camps solidement protégés. C’est là qu’entrent en scène les compétences tels que les Fracasseurs, les Détonants ou encore les Foudroyeurs. Moyennant diverses ressources (pétrole, électricité et nucléaire) trouvables en chemin, ces aptitudes octroient à vos zombies des capacités supérieures – certaines les transformant en véritables kamikazes. Il faut donc réfléchir à chacune des actions, sous peine de créer un carnage dans les rangs adverses pour, au final, se retrouver avec deux ou trois zombies encore debout. Too Many Humans est un titre amusant, qui profite de mécanismes intéressants et d’idées qui apportent un peu de renouveau dans la découverte des niveaux. Par exemple, c'est le cas du boss du dépôt, des machines d'extraction de la mine à éviter ou encore du monstre catapulteur du niveau en haute mer. Le jeu ne s’encombre pas de commandes délicates ou d’un gameplay qui exige des heures d’apprentissage. Même si la horde se fait décimer, le simple fait de croquer du citoyen (et donc d’obtenir de la chair) permet de régénérer ses protégés via les couveuses placées ça et là sur la map. La difficulté n’est donc pas insurmontable et il est agréable de pouvoir s’essayer au niveau de son choix.
SHAUN OF THE DEAD
Too Many Humans a pour lui une enveloppe assez réussie. On reconnaît ainsi chacune des factions et les environnements sont plutôt variés. Ce n’est certainement pas avec ce titre que vous mettrez votre bécane à genoux (l’avantage, c’est qu’il n’est pas trop gourmand), mais l’ensemble tourne bien, la direction artistique est sympa et les effets spéciaux (lumières, pyrotechnie, hémoglobine…) sont soignés. Comme le jeu tourne sous Unity, on retrouve forcément quelques poncifs du célèbre moteur, mais le soft exploite habilement ses capacités. Pour moins de sept euros sur Steam, on se trouve en présence d’un STR qui ne se prend pas au sérieux et qui fait passer un bon moment. Premier épisode oblige, les mécaniques ont tendance à tourner en rond et on note quelques problèmes de pathfinding avec des zombies qui se bloquent dans des coins et qui ne répondent pas à l’appel frénétique de la souris. Il y a également, à notre sens, quelques réglages à faire dans les commandes qui manquent d’intuitivité. L’utilisation de l’Hurleur, qui permet de contrôler ses unités, n’est pas toujours très réactive et on a tendance à s’embrouiller les pinceaux dès que plusieurs « Hurleurs » sont activés sur le terrain. Il serait préférable, pour les futurs épisodes, de mieux équilibrer l’utilisation des boutons de la souris et pas seulement alloué l’ensemble des actions à un seul et même bouton. Malgré ces petits écueils, Too Many Humans est une proposition décalée et innovante qui mérite d’être revue.
Conclusion
Points forts
- Un Tower Defense inversé
- Incarner le mal
- Les différents formes de morts-vivants
- Les factions reconnaissables au premier coup d’œil
- Des environnements variés (Maison Blanche, Dépôt, Bateau...)
- Des commandes simples d'accès
- Une ambiance amusante
Points faibles
- Manque d'intuitivité de l'Hurleur
- Des mutations peu nombreuses
- Le côté répétitif des actions
Note de la rédaction
En misant sur le principe du Tower Defense, l’équipe de RealityZ revisite les mécaniques de jeux comme The Horde, mais en plaçant le joueur dans la position de l’attaquant. Bien réalisé et intelligent dans la démarche, Too Many Humans ne souffre finalement que d’un manque de contenu dans les possibilités de gameplay. En enrichissant la formule, le jeu deviendra un solide représentant du genre. Rendez-vous en 2022 pour les nouveaux épisodes !