Retour à Nivalis

Deux mois après les événements du jeu original, la ville de Nivalis n'a pas changé. Elle est toujours cette écrasante mégalopole aux quartiers multiples, aux atmosphères changeantes, aux bas-fonds inquiétants et aux districts chics et colorés. Les corporations mènent la vie dure aux habitants de ce cette cité du vice dans laquelle de nombreux habitants font appel à des services de livraison par taxi, dirigés par des entreprises plus ou moins légales. Cloudpunk est l'une d'entre elles et Rania, héroïne du premier épisode, n'a pas choisi de quitter son poste en dépit de sa première nuit mouvementée dans le cadre de ses fonctions. Si vous retrouverez cette charismatique héroïne un peu plus tard, City of Ghosts s'ouvre sur un certain Hayse.

Jeune homme un rien débauché, joueur à ses heures et légèrement porté sur la boisson et autres paradis artificiels, Hayse est l'un nouveaux personnages jouables que City of Ghost. Sa séquence d'introduction pose le ton, un androïde de CorpSec, la police locale, lui indique avec force maladresse qu'il s'agit de son premier jour dans les forces de l'ordre et qu'il devra arrêter Hayse au petit matin. Fort heureusement, notre antihéros, roublard, comprend qu'il peut manipuler à son aise la nouvelle recrue et lui propose même de l'accompagner pour la nuit. L'homme a une dette à éponger et pourrait bien mettre à profit pour cela la naïveté de l'androïde.

Rania, de son côté, accompagné de son fidèle et attachant, mais toujours aussi exaspérant d'enthousiasme chien Camus, essaye de vivre une vie à peu près normale, et tente de poursuivre sa carrière naissante de livreuse de colis pour le compte de Cloudpunk. Son nouveau contact, qui dispatch les livraisons, n'est cependant pas aussi affable que son prédécesseur. Le contact est plus froid, mais les missions pleuvent comme d'accoutumée, ce qui ne dépaysera certainement pas les joueurs du jeu de base. Naturellement, vous imaginez bien que la livraison de colis ne se déroulera pas calmement toute la nuit pour nos deux protagonistes, et Rania sera vite contactée par une entreprise concurrente aussi puissante que dangereuse alors que le passé qu'elle pensait avoir laissé derrière elle vient la rattraper.

Un ADN narrative renforcé

Ne vous attendez donc en aucun cas à un quelconque bouleversement des fondamentaux de Cloudpunk avec City of Ghosts. Il s'agit toujours d'un jeu presque intégralement narratif, qui alterne dialogues légers décorrélés de l'histoire, pour donner de l'épaisseur à la ville de Nivalis, et intrigues qui s'entremêlent dans un univers dystopique très réussi. Le jeu vous demandera toujours d'aller d'un point A à un point B et veillant à ne pas trop esquinter votre taxi, et de ramasser quelques bricoles ici et là dans l'univers du jeu pour pouvoir arrondir vos fins de mois et payer réparations et carburants. Cependant, il faut noter que City of Ghosts pourrait tout à fait être une suite à part entière de Cloudpunk, plutôt qu'un DLC. D'une durée de vie d'environ 8 heures, avec des fins différentes en fonctions de vos choix, le jeu est particulièrement solide et n'a pas été développé avec légèreté, au contraire. Toutes les améliorations apportées peu à peu au jeu de base sont directement embarquées dans cette version, notamment la vue à la première personne qui apporte un degré d'immersion supplémentaire à la toujours aussi jolie mégalopole.

En outre, les scénarios croisés sont toujours aussi plaisants à suivre. Vous retrouverez tout le sel qui faisait la saveur de Cloudpunk. Un humour qui fait souvent mouche, des moments touchants ou plus sombres et une quantité de personnages bien brossés, qu'ils soient centraux à l'intrigue ou totalement secondaires. L'histoire est racontée d'une manière fluide et agréable à suivre, rythmée par les (très nombreux) allers-retours en taxi que vous aurez l'occasion de faire, les choix à prendre pèsent sur le déroulé de la trame et engagent vraiment le joueur. Si l'on retrouve ici ou là les quelques facilités d'écriture que l'on pouvait parfois reprocher au jeu d'origine, globalement, l'histoire de Cloudpunk est très bien agencée tant et si bien que si vous êtes amateurs de bonnes histoires et moins de gameplay, vous trouverez largement votre compte dans cette nouvelle aventure.

Quelques petites nouveautés rafraîchissantes

Alors, certes, tout n'est pas parfait non plus dans Cloudpunk City of Ghosts. On pourra regretter des nouveautés assez mineures, de nouveaux environnements trop peu nombreux et toujours ces problèmes de hitbox qui mettent à mal la solidité de votre véhicule plus souvent qu'on ne le voudrait, mais pas de quoi bouder son plaisir. Effectivement, nous le disions plus haut, Cloudpunk pourrait tout aussi bien avoir été vendu comme une suite à part entière tant ses proportions sont similaires au jeu de base et l'on sent qu'un certain savoir-faire a été développé par les équipes qui se sont efforcées d'apporter un tout petit peu plus de diversité dans le déroulement du jeu. C'est notamment sur les phases au sol que le jeu cherche à se renouveler, en proposant parfois des explorations un peu plus sinueuses et insérant ici ou là des petits puzzles pas bien méchants, mais suffisamment bien pensés pour être agréables. Mais il faut garder à l'esprit que Cloundpunk n'a pas vocation à vous faire vivre des moments de gameplay incroyable, en dépit des quelques petites nouveautés dont on profite ici et là, l'essence du jeu reste la balade en taxi, dans la ville de Nivalis, à écouter des dialogues bien fichus qui s'enchaînent d'un bout à l'autre de l'aventure. Ce qui n'est bien sûr pas du goût de tout le monde, vous voilà prévenu.