Le reboot des aventures de l’Agent 47 amorcé en 2016 touche à sa fin. La trilogie “World of Assassination” se conclut avec un troisième épisode sobrement intitulé Hitman 3 qui marche dans les pas de ses prédécesseurs. Depuis près de cinq ans, les studios IO Interactive s’emploient à revenir aux sources de la franchise “Hitman”, le meurtre méticuleux et réfléchi, et laissent l’action dans son plus simple appareil aux vestiaires. L’assassin le plus redoutable du jeu vidéo est-il en mesure de mettre un terme à sa propre histoire avec panache ?
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The Killer
Le scénario n’a que très rarement été un élément central de l’expérience Hitman. Le récit n’était alors qu’un prétexte liant les missions entre elles tandis que l’Agent 47 se contentait généralement d’enchaîner les contrats. Avec la trilogie “World of Assassination”, les studios danois IO Interactive mettent l’accent sur l’histoire, celle d’un tueur à gages en quête d’émancipation et de vengeance face à l’Agence Providence et ses dirigeants. Hitman 3 conclut un thriller international débuté en 2016 avec la manière sans pour autant s’éparpiller outre mesure. La mise en scène demeure sobre et minimaliste la majorité du temps, mais se permet quelques envolées cinématographiques inspirées des grandes heures du cinéma d’espionnage avec ses cinématiques au ton froid si caractéristique de la série.
Avec Hitman 3, le dépaysement est une nouvelle fois garanti. Dubaï (Emirats Arabes Unis), Dartmoor (Royaume-Uni), Berlin (Allemagne), Chongqing (Chine), Mendoza (Argentine) et enfin les Carpates (Roumanie), l’Agent 47 voyage aux quatre coins du monde pour le plus grand plaisir des globe-trotters. Chaque mission possède une identité qui lui est propre de par la destination elle-même qui détermine l’ambiance général des lieux, la luminosité ou encore les tonalités qui s’en dégagent. Des ruelles pluvieuses d’un quartier chinois à une somptueuse villa argentine entourée de vignes en passant par l’atmosphère noble de la campagne anglaise, les artistes de IO Interactive parviennent à renouveler sans cesse ce sentiment de découverte et d’étonnement.
La technique n’est pas en reste. Les studios danois ont prouvé par le passé leur savoir-faire dans ce domaine et la solidité de leur moteur maison “Glacier”. Hitman 3 profite ici de plusieurs améliorations notables, notamment sur les effets de lumières et de réflexion, sans risquer pour autant de nuir à une expérience de jeu qui demeure fluide en toutes circonstances. Le 60 images/seconde sur PC, le tout en 4K histoire de profiter pleinement des environnements, est tout particulièrement apprécié. Et ce n’est pas tout. La technologie de foule, mise en avant par IO Interactive, progresse également. Cette dernière est désormais en mesure d’afficher 300 PNJ (personnages non joueurs) vaquant naturellement à leurs occupations. Nous pourrions regretter toutefois quelques intérieurs moins inspirés, bien que peu nombreux, qui souffrent plus particulièrement d’un travail moins marqué sur les éclairages.
Extrait : La cinématique d'introduction
The Professional
Hitman 3 ne modifie que très peu la formule “sandbox” initiée sur Hitman (2016) et peaufinée sur Hitman 2 (2018). La force de la trilogie “World of Assassination” réside dans les multiples approches imaginées par IO Interactive pour remplir les objectifs au sein de niveaux ouverts où la curiosité naturelle des joueurs est récompensée, et ce nouvel épisode embrasse pleinement cette philosophie qui a su par le passé séduire les assassins en herbe. Mieux encore, les différentes missions se caractérisent par un level design extrêmement bien pensé faisant usage de l’ensemble des talents de l’Agent 47 et sachant varier les plaisirs d’une destination à l’autre... la verticalité d’un gratte-ciel, les méandres labyrinthiques d’une ville ou encore les vastes espaces d’un manoir britannique.
Notre assassin explore des environnements propices à la dissimulation, à la diversion et à l’élimination de cibles en toute discrétion. L’Agent 47 n’a aucunement perdu la main, et ressort pour l’occasion la parfaite panoplie du tueur de sang froid qui ne sera pas de trop pour résoudre les différents “puzzles” imaginés par IO Interactive. Finir une mission ainsi que ses différentes intrigues (ou scénarios) n’est qu’un début. Hitman 3 tout comme ses prédécesseurs pousse à la créativité, et encourage toute forme d’ingéniosité afin de maîtriser à 100% les 6 nouvelles destinations. Pour ce faire, IO Interactive s’est employé à corriger dans la mesure du possible les quelques défauts de Hitman 2.
L’intelligence artificielle des ennemis profite d’une légère refonte qui ne révolutionne en rien l’expérience de jeu, mais a le mérite de l’affiner. Parmi les quelques nouveautés de ce Hitman 3, l’ajout d’une caméra permettant de pirater des serrures magnétiques et de relever des indices sort du lot. Cela ne change en rien ou presque la formule, mais l’étoffe sans la dénaturer. Cependant, les séquences plus rythmées manquent encore d’explosivité. Une fois repéré, l’Agent 47 perd de sa maestria. L’action dans son plus simple appareil n’est toujours pas le point fort de cet assassin méthodique. Enfin, une fois l’aventure terminée et les missions complétées à 100% (ou non), Hitman 3 vous invite à créer vos propres contrats et à les partager avec la communauté, à remplir d’autres objectifs dans les modes “Cibles Fugitives” et “Escalades”, etc. L'Agent 47 ne risque pas de s'ennuyer.
Gameplay : Elémentaire mon cher 47 (Dartmoor)
La réalité virtuelle s’invite dans Hitman 3, mais exclusivement sur PlayStation 4 (et PlayStation 5 via la rétrocompatibilité). L’Agent 47, doté du PS VR et d’une simple manette (les PS Move n’étant pas pris en charge), peut redécouvrir sa propre aventure en totale immersion. Les 6 missions de ce troisième épisode ainsi que les modes annexes sont intégralement jouables en VR. Il est indéniable que ce mode change diamétralement la manière d’aborder Hitman 3. Première altération avec l’aventure d’origine, Hitman 3 en réalité virtuelle se joue uniquement à la première personne… ce qui est optimal en VR. Une fois le casque correctement équipé, les assassins virtuels sont immergés à 100% dans une aventure qui prend une toute autre dimension, non sans devoir faire plusieurs concessions majeures, à commencer par les graphismes qui souffrent indéniablement de la résolution du casque VR de Sony. IO Interactive a également revu à la baisse ses ambitions artistiques pour permettre à la PlayStation 4 de faire tourner correctement ce mode en particulier. Niveau sensation, Hitman 3 oscille entre l’agréable, le perfectible et le déplaisant. Les contrôles à la manette et les différents mouvements à effectuer au cours des missions répondent généralement présents, mais manquent encore de précision dans certains cas spécifiques. Maîtriser un individu est bien trop souvent une épreuve en soi qui exige de placer parfaitement ses mains, via un pad pour rappel, pour au final devenir une source régulière de frustration, et non plus un plaisir coupable. D’autres actions plus complexes telles que les phases d’escalade ne rendent pas suffisamment justice à l’agilité de l’Agent 47, sans parler de la coupure visuelle avec un écran noir pour mettre ce dernier en position. Toutefois, infiltrer un lieu sous haute surveillance en réalité virtuelle et se faufiler entre les agents de sécurité n’a pas son pareil. Les sensations semblent alors décuplées. Pour finir, ce mode VR n’est vraiment pas recommandé aux joueurs facilement sujets au “motion sickness”.
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Gameplay : Découverte du mode VR sur PS4
Points forts
- 6 nouvelles destinations à explorer
- Un level design riche et renouvelé qui récompense la curiosité
- La formule “sandbox” et la liberté d’action qui en découle
- La durée de vie qui va de pair avec la rejouabilité exemplaire
- Les différents modes annexes (Contrats, Cibles Fugitives, Escalades...)
- La maîtrise technique du moteur Glacier
- Le mode VR (uniquement sur PS4)
Points faibles
- Une intelligence artificielle toujours perfectible
- Le manque d’explosivité des phases d’action
- La suppression du mode multijoueur “Ghost”
Hitman 3 est la conclusion attendue et espérée de la trilogie “World of Assassination”... ni plus ni moins. IO Interactive parvient à peaufiner sa formule “sandbox”en corrigeant ce qui pouvait l’être, et en y ajoutant quelques nouveautés qui s’intègrent parfaitement à l'existant. Techniquement solide et visuellement élégante, cette nouvelle aventure de l’Agent 47 est une invitation à la découverte, à l’exploration, et fait de la curiosité une arme létale entre les mains des joueurs. Hitman 3 élève tout simplement au rang d’art l’assassinat vidéoludique.