Il y a de cela 17 ans, Ubisoft s'était employé à adapter l'excellente saga XIII en jeu vidéo. Son approche, qui prenait certes quelques libertés avec la BD signée Jean Van Hamme et William Vance, avait frappé fort dans le petit monde du FPS, autant pour son parti pris graphique de haute volée, sa direction artistique générale que la diversité des environnements traversés. S'il a certes vieilli, le titre original est toujours jouable aujourd'hui, et c'est sans doute cette version que nous vous recommanderions plutôt que ce remake, qui n'a d'ailleurs de remake que le nom.
Une histoire et une structure rigoureusement identiques à l'original
Pour vous rappeler l'intrigue principale de XIII, sachez qu'il s'agit d'une intrigue politique articulée autour de l'assassinat du Président Sheridan, dont votre personnage se trouve accusé. Vous vous éveillez sur une plage, totalement amnésique, avec pour seule indication sur votre identité le chiffre XIII tatoué sur votre clavicule. Peu de temps après votre éveil et une brève rémission, des hommes armés tentent de vous abattre, vous contraignant à fuir. Peu à peu, au fil de l'aventure, votre quête d'identité se concrétisera tout comme les événements entourant l'assassinat du président. Le jeu d'origine se terminait par un climax dont, malheureusement, nous ne connaîtrons jamais la suite.
Dans ce remake, l'histoire n'a pas changé d'un pouce. Ainsi, vous retrouverez le même déroulement de l'histoire, les mêmes dialogues et touches d'humour qui, pour la plupart, ont assez mal vieilli. Cependant, l'aventure a pour elle un vrai sens du rythme et traverser ce remake a au moins pour mérite de nous rappeler combien le jeu savait varier ses environnements, et aussi ses approches. Séquences d'infiltration côtoyaient des séquences d'action d'une manière plutôt équilibrée, donnant aux 6 heures de jeu environ une diversité qui savait tenir le joueur en haleine. Pour le reste, ce remake de XIII fait regretter presque tout ce qui faisait le charme du jeu d'origine qui, aussi imparfait soit-il, avait en premier lieu pour mérite d'opter pour une esthétique BD du meilleur effet, que ce soit pour les personnages, les décors ou encore la mise en scène. Considéré comme une référence du cell shading, le charme XIII de 2003 nous a semblé bien loin dans ce remake. En choisissant certes de souligner de traits noirs les contours des différents éléments en présence à l'écran, XIII version 2020 a opté pour une approche à mi-chemin entre réalisme et cartoon, amputant ainsi une bonne partie de l'identité visuelle du jeu de base. Si le jeu s'avère parfois assez joliment éclairé, que quelques panoramas sont plutôt agréables à l'oeil et naturellement plus denses qu'auparavant, dans l'ensemble, nous aurions préféré un raffinement supplémentaire de la patte graphique initiale plutôt qu'une réinterprétation de ce type, même si cela pourra plaire à une partie du public, c'est selon.



Car c'est partout ailleurs que se trouvent les vrais problèmes de ce remake, qui finalement aurait plutôt gagné à s'appeler remaster compte tenu du peu de modifications apportées au contenu de base. Pire encore, certaines fonctionnalités populaires de l'époque sont absentes de cette version. En témoigne notamment le peu de modes multijoueur présents ici (adieu, « La Faucheuse »), qui ne sont d'ailleurs disponibles qu'en multijoueur local, sans bots. Une anomalie en 2020 qui est un bon indicateur de la solidité globale de ce remake. Car si l'on aurait pu s'accommoder d'un mode multijoueur amputé d'une bonne partie de son contenu (et de sa connectivité), le travail sur le solo, lui, était essentiel, mais n'est pas à la hauteur du jeu de base.
Des problèmes en cascade

Il serait bien trop long d'être exhaustif dans notre recensement de l'intégralité des problèmes rencontrés au cours de notre périlleuse traversée de l'aventure, mais attardons-nous sur quelques-uns d'entre eux. En premier lieu, le jeu est particulièrement mal optimisé. Le framerate est d'une inconstance particulièrement gênante et, pour peu que vous soyez un peu sensible des yeux, le mal de crâne frappera vite au seuil de votre porte en raison d'un affichage fluctuant en permanence ou presque. Au-delà de ça, sachez qu'il faudra régulièrement vous accommoder d' animations ratées, quand elles ne sont pas inexistantes, d'absence de mouvement de lèvres lors de certains dialogues de protagonistes, de bugs sonores et d'affichage en tous genres qui ne manqueront pas d'arriver très régulièrement au cours du jeu.

Alors, il serait toujours possible de se dire que finalement, un jeu peut devenir drôle à force d'être bugué, mais en l'occurrence, 40 € la blague, cela fait un peu cher, à plus forte raison que nous avons été confrontés à des problèmes de scripts particulièrement nombreux et plus que problématiques. Plusieurs cas nous ont contraints à nous laisser tout simplement mourir ou carrément à devoir recommencer l'intégralité d'un niveau en raison d'un script qui ne se déclenche pas ou qui se déclenche mal. L'exemple ci-dessous parlera de lui-même et n'est qu'un fragment des problèmes que nous avons expérimenté, à tel point qu'à chaque fois que le jeu rencontre un petit moment de flottement (car même les scripts fonctionnels s'enchaînent mal entre eux, laissant planer des blancs entre deux dialogues, par exemple), l'on se prend à croiser les doigts pour qu'il ne s'agisse pas d'un énième bug nous obligeant à tout reprendre depuis le début.
Un exemple parlant d'un type de script qui se déclenche assez mal
Côté combat, le constat n'est pas plus reluisant. Il n'existe tout simplement aucune sensation de tir. Quelle que soit l'arme utilisée, l'absence de recul ou de sensation d'impact est constante, conférant une vraie mollesse aux affrontements que vous mènerez. Notez d'ailleurs que, très régulièrement, la roue des armes fonctionnait particulièrement mal, nous empêchant ainsi de changer d'arme avec suffisamment de réactivité pour nous adapter aux vagues d'ennemis se trouvant sur notre chemin, car bien entendu, l'affectation des touches de raccourci aux armes n'est pas plus fonctionnelle ni plus efficace, raccourci dont l'emploi provoque parfois des bugs empêchant tout simplement au joueur de tirer, ou de changer à nouveau d'arme. Dans ce cas, le plus simple reste encore de se laisser mourir ou de recharger le précédent checkpoint.

Toujours au registre des combats, l'intelligence artificielle est tout simplement catastrophique. Souvent totalement aveugles et au comportement erratique, certains adversaires sont en revanche tellement omniscients qu'il vous arrivera de voir l'écran d'échec d'une mission pour une alarme déclenchée dont vous ignorez l'origine. Il est d'ailleurs souvent nettement plus simple et moins contraignant de faire les phases d'infiltration, qui ne fonctionnaient pas si mal à l'époque, d'une manière frontale, puisque, de toute façon, vider un chargeur de kalachnikov sur deux adversaires en plein cœur d'une base n'attirera pas pour autant l'attention des PnJ qui se trouvent à 20 mètres. Pour l'immersion, donc, vous serez prié de repasser. En outre, l'agressivité des gardes et leurs coups semblent être régis par des règles totalement aléatoires, et il ne sera pas rare de mourir sans pour autant avoir l'impression d'avoir été touché par qui que ce soit, l'affichage à l'écran des dégâts subis par votre personnage étant d'une précision toute relative. Les hitboxes sont quoi qu'il arrive assez mal calibrées, qu'il s'agisse de la vôtre, manifestement, ou celle des ennemis, dont la résistance est aussi à géométrie variable pour un même modèle donné. Il n'y a donc pas grand chose à sauver de ce remake, qui a davantage l'envergure d'une early access que d'un jeu sorti en version définitive.
- Parfois joli
- Un jeu qui rappelle de bons souvenirs
- Scripts cassés de partout
- Chekpoints placés maladroitement
- Structure identique au jeu original, en nettement moins optimisé
- Du multijoueur, mais en local, et sans bots et avec peu de modes
- Des bugs, partout, tout le temps
- Aucune sensation de shoot
- IA catastrophique
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