Sur la grande piste des simulations de courses, Slightly Mad Studios avait le champ libre pour cette deuxième partie d'année 2020. Une ouverture malgré la sortie prochaine de DiRT 5, qui a décidé d'assumer pleinement le genre arcade côté Codemasters. Cinq ans après le lancement de sa saga, le studio britannique sort Project CARS 3, mais a surpris avec sa volonté d'en faire un titre plus accessible tout en pensant à ses joueurs exigeants. Petit tour d'horizon pour voir si l'équilibre a été trouvé.
Trancher avec un Project CARS 2 qui a fait débat. C'est ce qui semble être le mot d'ordre pour le studio de développement, tout comme l'objectif d'éviter la pente glissante. Le plan est ardu, car entre l'arcade et la simulation, on ne sait pas vraiment sur quel pied danser depuis 2015, et notre dernier aperçu de Project Cars 3 ne nous a laissé guère enthousiaste. Quoiqu'il en soit, on espère que le crash sera évité pour la mouture, qui sort ce 28 août sur PC, PS4 et Xbox One.
Assetto Corsé
Sur la forme, il faut savoir que le jeu part d'assez loin. Largement remanié dans le contenu, Project Cars 3 nous avait proposé une version preview mi-figue mi-raison de par de sa gestion difficile de l'IA comme pour le deuxième volet et de nombreux bugs de textures. Le premier point est rassurant à la sortie. L'agressivité et la difficulté de l'Intelligence Artificielle sont paramétrables, et celle-ci est bien plus cordiale et réaliste que dans l'opus précédent.
Un tir bien rectifié donc, à l'inverse du problème des bugs graphiques. PC3 n'est clairement pas optimisé lorsque l'écran fourmille d'informations. Une session avec une météo capricieuse combinée avec la présence de nombreux concurrents fait siffler l'aspect visuel, et c'est bien dommage. Si ces deux conditions sont réunies, il y a fort à parier que les textures bavent, que le framerate chute, bref que le moteur siffle. Certaines pistes sont aussi propices au cliping, et le temps de pluie ne nous a pas vraiment enchanté au niveau des mirettes, même si l'on ressent bien l'influence des flaques et de la météo dynamique par le biais du LiveTrack 3.0. Nous vous conseillons tout de même de préférer la version PC à la version console sur ce point (voir encart ci-dessous).
Testé sur PC et consoles (volant et manette), la version capturée présente dans le vidéo-test ci-dessus est la version PS4, de quoi voir l'étendue des dégâts en temps de pluie et avec des concurrents. En revanche la version PC est bien plus stable d'un point de vue graphique, même si du cliping et des bugs de textures subsistent dans ces conditions.
Loin des stand(ard)s
En revanche, par un temps dégagé et loin du peloton, le jeu fait le boulot et s'affirme enfin comme un vrai titre simu, de part son exigence au volant de certaines catégories (les ressentis de plusieurs catégories sont identiques, très frustrant) de véhicule et la précision des modélisations, qu'elles soient visuelles ou sonores. Malheureusement, ça fait beaucoup de conditions, car les collisions et la gestion des dégâts sont cette année orientés arcade. On a beau jouer les auto-tamponneuses de longues minutes avec les adversaires, les effets ont vraiment du mal à se faire sentir sur la voiture malgré les paramètres adéquats. Sur ce point on repassera pour un simulateur, d'autant que Slightly Mad a effectué plusieurs choix douteux autour de la course : le studio a supprimé les arrêts aux stands et la gestion des pneumatiques/carburant pour rendre les courses "plus cohérentes", de quoi faire encore plus grincer les dents des puristes qui risquent de se sentir abandonnés.
Que l'on soit en recherche d'exigeance ou de divertissement, une autre suppression nous a grandement déçu : Exit le rallye-cross, discipline assez fun de Project Cars 2 et qui a fait également ses preuves sur DiRT Rallye 2.0, compensé à demi-mot par trois types de courses (Tour lancé où il faut faire le meilleur temps en un tour, Régulateur de vitesse où il faut faire le meilleur temps moyen en 3 tours et Ciblage décrit plus bas). A noter que le jeu se joue très bien à la manette, avec de bonnes sensations. Le mieux reste d'utiliser un volant, mais si nous n'avons pas eu de réels soucis sur notre périphérique, il se murmure que certains volants piétinent dans le calibrage ou que d'autres ne seront pas compatibles avant les patchs post-launch (T-GT Racing de Thrustmaster...).
Le contenu à la rescousse
Heureusement, Project Cars 3 se montre très généreux dans le contenu. Le nombre de véhicules est gonflé à bloc, avec plus de 210 voitures de nombreuses catégories différentes (Piste, GT, Hypercar...) un tas de circuits en ne manquant pas certaines pistes iconiques comme le Nurburgring, Silverstone, Interlagos, des pistes courtes bien connues (Lydden Hill...) ou des circuits ouverts enchanteurs. Des bijoux et des décors à tester en ligne via un nouveau mode rivaux sous la forme de défis réguliers assez sympa ou le online classique.
Le solo est divisé entre les courses personnalisées habituelles et un mode carrière très riche et très long, comptez au moins une trentaine d'heures pour faire le tour de la plupart des catégories, avec un système de personnalisation et d'amélioration des bolides très complet. En effet, on peut désormais pimper son joujou de la couleur jusqu'à la plaque d'immatriculation en passant par les autocollants. La monnaie virtuelle permettant l'upgrade de plusieurs éléments (freins, ajout d'un rapport, nitro etc.) afin de changer de catégorie avec n'importe quel véhicule. Par contre, le mode carrière est comme pour la plupart des jeux du genre totalement dénué de scénario, et se montre assez frustrante avec les prix parfois exorbitants pour acheter de nouvelles montures, de quoi casser le rythme. Enfin, outre les championnats classiques, les types de courses proposés varient les plaisirs. Il faut être efficace sur le tour lancé, régulier sur 3 tours avec les courses régulateur de vitesse et précis sur les épreuves de ciblage. Une discipline symbole de la tournure arcade, où il faut exploser le plus rapidement possible un grand nombre de cibles chiffrées. De quoi alimenter un peu plus le débat. Celui-ci va certainement faire rage autour du titre après sa publication au plus grand nombre, que ce soit d'un point de vue graphique ou des choix opérés par Slightly Mad.
Points forts
- Un catalogue de voitures et de circuits très dense
- L'effet de la météo dynamique
- De nouveaux types de courses variés
- Conduite convaincante au volant et à la manette
- Graphiquement correct par temps dégagé
- IA revue, plus réaliste
- La carrière très longue et hétéroclyte...
Points faibles
- ..mais terriblement impersonnelle
- La gestion des achats de voitures
- Graphiquement à la ramasse par temps de pluie...
- ..et lorsqu'il y a trop de concurrents, à fuir sur consoles
- Tas de bugs en courses et dans les menus
- La physique douteuse pour certaines classes
- Gestion des dégâts minime
- Disparition du rallye-cross
- Aspect simu estompé (suppression des arrêts au stands etc.
Slightly Mad a changé pas mal de choses avec Project Cars, et ça ne va pas vraiment plaire aux joueurs en quête de simulation pure et dure. S'il reste toujours aussi complet dans son catalogue de bolides et de circuits iconiques, Project Cars 3 patine dans sa technique en voulant s'ouvrir au grand public. La physique n'est pas irréprochable pour certains classes, de trop nombreux bugs subsistent et le moteur graphique tousse selon certains scénarios. Ajoutez à cela la disparition de plusieurs paramètres axés simu pour bafouer l'esprit de la saga. Heureusement que la durée de vie du mode carrière et la variété des types de courses rattrapent la chose côté casu, mais ce dernier titre signe malheureusement un vrai coup de frein pour l'esprit originel de la licence.