Qu’on se le dise, le jeu de Bigben Interactive ne boxe pas du tout dans la même catégorie que le très arcade 18 Wheeler American Pro Trucker ou l’incontournable Euro Truck Simulator 2. Ici, il s’agit de piloter des engins surpuissants de 1 000 chevaux – pour un poids de 5 tonnes – sur les plus grands circuits officiels. En plus de la conduite qui demande un certain temps d’adaptation, le pilote doit gérer un réservoir d’eau servant à refroidir les freins afin d’éviter la surchauffe. Si l’on ajoute les pénalités liées à la discipline ainsi que toutes les règles qui en découlent, FIA European Truck Racing Championship n’est pas un titre qui s’appréhende de la même manière qu’un jeu de course classique. Et mine de rien, ça fait du bien ! Les premiers pas dans le jeu sont assez convaincants. Si l’interface sous forme de vignettes n’a rien d’original, il suffit de jeter un œil aux menus pour être rassuré. En solo, le joueur peut débuter une carrière, se lancer dans une course rapide, montrer ses talents de pilote en championnat ou encore s’exercer en contre-la-montre. Quant au multi, il propose des courses en ligne mais aussi un versus en écran splitté (avec la possibilité de le mettre en horizontal ou vertical via les options). À l’heure où nous écrivons ces lignes, la compétition hebdomadaire n’est pas active mais on peut imaginer qu’il s’agira de défis quotidiens allongeant considérablement la durée de vie du jeu.

L’ascension de la gloire

Au risque de désappointer les puristes, FIA European Truck Racing se limite au championnat européen et aux World Series. Certes, les plus pragmatiques auront remarqué que c’est un peu normal pour un jeu intitulé European mais il faut savoir que la course de camions a une résonnance importante en Amérique du Sud, et notamment au Brésil où est né le Formula Truck. Mais ne boudons pas notre plaisir car le mode Carrière est particulièrement efficace. Avant de se lancer dans le grand bain, le jeu oblige à passer un permis regroupé en 15 défis. Ces derniers, qui font office de tutoriaux, se concentrent sur les trajectoires, l’accélération, le freinage sans oublier le contrôle de la température. Pour la plupart des épreuves, atteindre l’argent ou l’or n’est pas trop difficile. En revanche, la gestion de l’eau et du refroidissement des freins peut poser quelques problèmes car il faut à la fois négocier les virages et garder un œil constant sur l’indicateur de température. Mais comme pour tout, on s’y habitue. Une fois que le permis est en poche, libre à vous de fouler les circuits européens ou de défier les pilotes du monde entier sur des circuits aux quatre coins de la planète. Comme d’habitude, le joueur part du bas de l’échelle pour devenir l’une des stars de la discipline. L’ensemble est assez classique avec la signature du contrat et tout qui se déroule en amont d’une compétition (essais libres, qualification, etc.). Autant prévenir tout de suite, en temps réel, les sessions peuvent être très longues mais il est possible de paramétrer la durée des courses pour éviter la monotonie.

À toute vapeur

Dans FIA European Truck Racing Championship, le joueur s’aperçoit rapidement que la gestion des freins est primordiale. Durant les courses, l’affichage des températures et de la quantité d’eau apparaît dans le coin de l’écran en bas à droite. Pour rester dans une moyenne positive, les freins doivent conserver une température comprise entre 250° et 500°. Si celle-ci est plus basse ou plus haute, le camion risque un disfonctionnement voire une surchauffe. Pour préserver votre bolide, il faut alors envoyer de l’eau – via un bouton dédié à cette fonction – en veillant à ne pas vider le réservoir. Il faut en effet tenir avec le même réservoir durant toute la course ! Ce côté stratégique apporte un challenge supplémentaire et c’est vraiment agréable. Lorsque l’eau est envoyée sur les freins, la vapeur s’échappe du camion et l’effet est assez bien rendu.

Pour la conduite, on se situe à mi-chemin entre de l’arcade et de la simulation. Selon les options activées ou non, l’accès à la première place sera plus ou moins difficile. En effet, le joueur peut totalement décider d’enlever les pénalités, les dégâts, la gestion de la température, etc. En mode réaliste, il est indispensable de gérer la puissance du camion sous peine de partir en tête-à-queue et de finir dans le décor. Après un virage par exemple, le dosage de l’accélération doit être millimétré dans le sens où une sortie de piste est beaucoup plus pénalisante que dans un jeu de voiture où le bolide peut repartir assez rapidement. Avec un camion, c’est pas la même limonade ! FIA European Truck Racing Championship, par sa nature, demande un petit temps d’adaptation mais le gameplay est plutôt efficace. L’IA, par contre, souffle le chaud et le froid.

Une version Switch en surrégime

Sur la console de Nintendo, il faut bien le dire, le résultat n’est pas le même sur les autres machines. Faire des concessions n’excuse pas tout et on a vraiment l’impression que cette mouture a été développée à la va-vite. Lorsque la douzaine de camions est affichée sur la piste, l’animation chute violemment et souffre de soubresauts. De la même manière, les effets de projections d’eau (ou plutôt de vapeur) sont totalement absents, le joueur n’a pas donc pas de support visuel – sauf en regardant le contrôle de la température – lorsqu'il refroidi ses freins. On note aussi un flou persistant et un aliasing prononcé. Sur Switch, même si les sensations restent bonnes, on est plus proche du 12 que du 14.

Noms d’oiseau

C’est sans doute l’un des aspects le plus perfectible. L’IA, dans ses réactions, est plutôt correcte. Les adversaires font des erreurs, finissent en dehors de la piste, tentent des dépassements dangereux… et ne donnent pas l’impression de suivre un rail. Mais il arrive que leur manière de procéder est complètement abusée, il devient alors impossible de les éviter et c'est la pénalité assurée. En sachant que les pénalités prennent en compte de nombreux éléments, on en vient à lutter contre les opposants mais aussi le programme. Virage coupé, marqueurs de pénalité (sur les bords de piste) éjectés, collisions… il n’est pas rare d’accumuler les secondes de pénalités alors que les erreurs proviennent de l’IA ! Et là, ça devient difficile car vous pouvez tout à fait effectuer une course parfaite et vous manger une pénalité lors du dernier tour… vous faisant alors perdre des places. On a vraiment l'impression que les concurrents ne sont pas logés à la même enseigne. Rageant !

Du côté des graphismes, le jeu ne s’en sort pas trop mal. Les environnements manquent un peu de vie et de détails mais les camions sont très bien modélisés. Les effets (transparence, reflets, les lumières…) sont bien rendus et on pouvait s’attendre à bien pire pour une première fournée. L’animation est également convaincante (beaucoup moins sur Switch, voir l’encadré) et les développeurs ne se sont pas moqués des joueurs en évitant les bugs grossiers. On a tout de même remarqué qu’il est possible de couper certains virages de certains circuits sans prendre de pénalités. Il est aussi regrettable que l’ambiance ne soit pas plus travaillée. Le public est quasi imperceptible, les musiques sont passe-partout et peu inspirées et le bruit des moteurs est perfectible. On aurait également pu espérer que le nombre de circuits soit un peu plus nombreux (une douzaine). Mais pour une première, difficile de fustiger FIA European Truck Racing Championship. Dans son ensemble, le jeu est bon et vient combler un manque qui commençait, pour certains joueurs, à se faire sentir.