Le mètre étalon du J-RPG comme on le connaît aujourd’hui n’a jamais quitté le paysage vidéoludique, 32 ans après son apparition. Néanmoins, Dragon Quest 11 signe le retour du tronc principal de la série sur consoles de salon, 12 ans après Dragon Quest 8. Voici nos premières impressions après une session de deux heures sur la version européenne.
Les Dragon Quest restent une exception dans le monde du J-RPG. Yuji Horii aux commandes, Akira Toriyama au chara design, Koichi Sugiyama à la musique, la constance de la série en matière de création est hallucinante, là où un Final Fantasy a déjà vu passer de nombreuses têtes dans ces différents rôles. Trois décennies qui ont forgé un style, un rythme, un univers, et surtout, des habitudes.
Ces habitudes vous reviendront rapidement lorsque vous débuterez Dragon Quest 11. Vous êtes un jeune homme sans nom (vous pouvez en choisir un) qui vit dans un paisible village appelé Cobblestone. Un joli cocon provincial que vous pouvez rapidement visiter, avec ses maisons en vieilles pierres et ses oiseaux qui chantonnent. Dès les premiers instants, la direction artistique fait mouche, tant au niveau des décors que des personnages de Akira Toriyama. Les scènes cinématiques sont particulièrement rayonnantes tout en restant très proches du design in-game des personnages.
A l'aventure !
Ce petit cocon a beau être douillet, il va pourtant falloir le quitter. En effet, une grande destinée vous attend, vous qui êtes l’élu, portant une marque pour le prouver sur votre main. Une vieille légende fait de vous un sauveur, appelé « l’Eclairé ». Vous vous rendez alors au château d’Héliodor pour signifier au roi que vous êtes le héros de la prophétie, mais à votre grande stupeur, il vous fait mettre au cachot en vous traitant d’Engeance de l’Ombre. Voilà donc le début de l’aventure, dans laquelle vous vivrez sans aucun doute de multiples péripéties. Lors de notre session de jeu, nous avons sauté quelques chapitres pour nous retrouver dans des pays arabisants, près de la cité de Gallopolis. Ici, nouveau scénario : vous rencontrez un prince héritier qui doit prouver qu’il détient les valeurs de la chevalerie, mais s’avère secrètement être un pleutre. Pour l’aider, vous participez à sa place à une course de chevaux, l’occasion d’un mini-jeu très classique où vous tentez d’arriver premier face à plusieurs concurrents. Soyons clairs, ce n’est pas la folie en matière de gameplay avec une maniabilité rigide et un principe basique avec de simples boosts au sol. Peu importe, c'est court et ça permet de varier un peu les phases de jeu.
A vrai dire, tout l’intérêt de cette sous-quête (qui fait partie du scénario principal), était de découvrir le flamboyant Sylvando, un artiste de cirque spécialiste de la cabriole, mais aussi habile en combat comme il le démontre rapidement. Quiconque ayant joué à la version japonaise en sait déjà beaucoup sur le personnage, mais lors de son introduction, Sylvando pète le charisme tout en restant particulièrement altruiste puisqu’il aide le jeune prince à gagner confiance en lui. En règle générale, le travail d’écriture est efficace, versant allègrement dans l’humour et les situations cocasses. Toutefois, il faut relativiser une chose : le classicisme de Dragon Quest XI est plus que notable.
Une formule qui marche, sans prises de risque.
Dans ce que l’on a pu voir, la structure histoire/quêtes pioche largement dans les poncifs du genre, que la série Dragon Quest a elle-même établis. On découvre un nouveau cadre avec ses propres règles, on nous présente les forces en présence et on nous envoie taper du vilain pas beau pour régler la situation. Les quêtes annexes n'ont pas l'air d'aller plus loin que tuer un certain nombre d'ennemis ou se rendre à un point donné, bien que cela s’avère sans doute moins dommageable puisque non obligatoire. Cet aspect ultra-classique revient aussi avec le système de combat, qui ne prend pas de risques. Les fans de tour par tour et de Dragon Quest ne seront pas dépaysés certes, mais mis à part un système d’attaques spéciales via charge, cela reste du connu et reconnu, avec une grille d’évolution des compétences qui ressemble aux permis de Final Fantasy 12 en version simplifiée. L’exploration est à loger à la même enseigne, au moins sur la section qui nous a été confiée, avec pour seule bonne nouvelle l'inclusion d’un dash absent de la version originale.
D’ailleurs, en ce qui concerne la version européenne, outre les voix anglaises et textes en français, on note quelques ajouts et changements, avec des menus quelque peu remaniés (mais toujours aussi peu pratique, une habitude de la série) et l’apparition d’un nouveau mode de difficulté, le titre étant considéré comme trop facile par les habitués dans sa version originale.
Enfin, parlons un peu de la forge, qui pour le coup est plutôt fun puisqu’elle demande un petit peu de réflexion. En utilisant des points de compétences, vous pouvez frapper plus ou moins fort sur des parties de l’objet à forger (représentées par des jauges) afin de tomber sur la zone indiquée. Non seulement il faut faire un certain calcul mathématique, mais l’idée globale s’approche quelque peu du puzzle avec des skills qui touchent plusieurs jauges à la fois. Un principe prenant qui fait de la forge autre chose que du banal crafting.
Dragon Quest XI - Opening Movie
Dragon Quest XI ne sera clairement pas l’épisode le plus fou de la série, se contentant de reprendre une formule connue pour l’accompagner de graphismes très honorables et d’une direction artistique d’une efficacité redoutable. Malgré un sentiment de déjà-vu et un manque d’originalité notable, le titre de Square Enix semble tout de même démontrer le savoir-faire de ses créateurs grâce à un concept maîtrisé. La réalisation fait le reste du travail, les quelques améliorations de la version européenne étant bonnes à prendre, soit dit en passant.