Si le premier Ni No Kuni avait marqué les joueurs par sa direction artistique, on ne peut pas dire que son gameplay ultra classique soit resté dans les annales. Heureusement, les équipes d'Akihiro Hino ont vraiment appris de leurs erreurs avec un deuxième épisode beaucoup mieux maîtrisé , semble-t-il.
Pour Akihiro Hino, fondateur du studio Level-5, Ni No Kuni est ce qu'on appelle communément son « pet project ». Et quand on met tout son cœur à l'ouvrage, on veut que le résultat soit parfait. Forcément, les critiques qu'a essuyé le premier opus firent office d'ombre au tableau face aux commentaires dithyrambiques sur la direction artistique. Ni No Kuni reste un succès d'estime, certes, mais on peut toujours faire mieux. Voilà pourquoi Ni No Kuni II part sur de bonnes bases. Dans le jeu vidéo, les second opus sont souvent meilleurs que les premiers (ce qui se vérifie moins dans d'autres secteurs comme le cinéma ou la littérature), et notre dernière session avec le JRPG édité par Bandai Namco montre tous les signes d'une véritable évolution. Mais pour mieux comprendre cela, séparons un peu cette critique selon quatre thèmes, qui représentent les quatre gameplay distincts de Ni No Kuni II.
Ni No Kuni II, le A-RPG
Soyons clairs, le système de combat de Ni No Kuni II a très peu de points communs avec celui du premier opus. Résolument tourné vers l'action temps réel, il se base sur un système d'esquives et de combos qui demande d'être constamment en mouvement. En frappant les ennemis, on charge une barre qui permet d'utiliser des compétences et attaques à distance. Mais si le placement est important, c'est aussi dû à la présence des Higgledies, vos compagnons élémentaux qui vous appellent parfois pour que vous les aidiez à déclencher des pouvoirs de zone, que ce soit pour du soutien ou des attaques puissantes. Bien que tout cela demande un certain niveau de concentration et de finesse, la victoire se décide aussi grâce à votre organisation d'avant-combat, puisque vous pouvez gérer l'IA des Higgledies en accentuant l'attaque, la défense ou encore les soins selon la situation.
A vrai dire, le système de combat donne l'impression au joueur de gérer beaucoup de choses à la fois sans pour autant être sous l'eau. De nombreux éléments sont automatisés même si on peut décider de prendre la main sur certains d'entre eux, comme le changement d'armes via gâchette. Tout au plus, on peut regretter l'impression d'avoir des compagnons inefficaces vu que vous faites 90% des dégâts, mais le rythme reste haletant à tel point que certains combats ne dureront que quelques secondes, même contre une dizaine d'ennemis. Contre les boss, c'est évidemment une autre histoire et il faudra veiller à bien esquiver les attaques tout en visant les points faibles au bon moment. Là encore, il s'agît surtout d'être attentif et de garder les attaques appropriées pour la phase adéquate. Quand le boss dragon Longfang s'éloigne, avoir gardé assez d'énergie pour attaquer à distance est une bonne idée...
Ni No Kuni II, le STR
Dans certaines phases de jeu, vous devez conduire des troupes à la victoire en mode stratégie temps réel, un gameplay très différent des combats traditionnels. Ici, vous êtes entourés de plusieurs groupes qui disposent chacun d'un leader. Les groupes sont en général associés à une couleur, rouge vert ou bleu, décidée par le type d'arme utilisé. Les adversaires marchant aussi par groupes de couleur, un système de pierre-papier-ciseau vient définir les avantages ou faiblesses des uns par rapport aux autres. Si vous avez déjà joué à Fire Emblem, vous avez compris le principe.
Toute l'idée du gampelay consiste alors à faire tourner nos groupes autour de notre personnage pour que les bonnes troupes se retrouvent face aux ennemis. Si ces derniers sont bleus, mettez les verts en avant ! Vous pouvez aussi utiliser des compétences pour charger, vous défendre ou encore appeler un raid aérien (entre autres) ce qui dépense des points de combat qui servent aussi à rappeler des troupes quand les vôtres commencent à s'amoindrir. L'important est de ne jamais foncer dans le tas, jouer l'économie étant souvent la solution. Si le système demande un peu de pratique pour être maîtrisé, la simplicité des affrontements rend l'ensemble dynamique et franchement rigolo.
Ni No Kuni II, le jeu de gestion
Bien que nous ne sommes pas revenu sur le scénario dans cet article, rappelons que le jeune Evan essaie de se reconstruire un royaume après avoir été éjecté du sien. Mais reconstruire un royaume n'est pas qu'un élément scénaristique dans Ni No Kuni II : vous allez devoir mettre la main à la pâte. Non seulement vous devez construire des bâtiments comme une armurerie ou des fermes, mais vous allez aussi devoir gérer vos citoyens selon leur capacité, pour être le plus efficace. Selon leurs caractéristiques, le temps de production de chaque bâtiment sera plus ou moins long. Bien sûr, tout cela à un coût et il faudra veiller à l'économie via les différentes boutiques à mettre en place. Il est aussi possible de booster la performance de chaque bâtiment, ce qui nécessite de monter l'influence du Royaume.
Mais ce « jeu de gestion » n'aurait aucun intérêt s'il n'était pas lié au reste du scénario. En effet, vos citoyens, vous allez devoir les « recruter » en les rencontrant au cours de vos pérégrinations et en leur rendant service. Puisque vous avez une idée de leurs statistiques avant d'effectuer leur quête, vous pouvez faire des choix et prioriser ceux dont vous avez besoin. C'est d'autant plus important que certaines productions de votre royaume sont nécessaires à votre avancée dans l'aventure, l'Ecole de Magie vous apprenant le sort pour construire un pont afin de passer une crevasse, par exemple.
L'exploration
On en arrive donc à la section qui réunit tous ces gameplay : l'exploration. Ni No Kuni est un monde vaste et votre avancée dans l'histoire sera ponctuée de rencontres étonnantes. Par exemple, le chapitre 3 se déroule à Goldenpaw, une ville-casino inspirée de Taïwan. A peine arrivé, vous comprenez non seulement qu'en ces lieux, tout tourne autour de la chance, y compris le taux d'imposition, et que le hasard semble être manipulé par le maître des lieux. Votre enquête est découpé en plusieurs petits événements, qui ressemblaient fort à un enchaînement de quêtes plus ou moins intéressantes. Bien que l'on soit charmé par la DA, la musique et les personnages, le game design n'est pas aussi excitant que la structure narrative, nous demandant de parler à des NPC jusqu'à tomber sur le bon ou d'aller taper sur un certain nombre de monstres. Un classicisme relatif qui ne gâche pas la fête, mais que l'on trouve un peu dommageable dans les faits. Heureusement, il est possible de se téléporter régulièrement sans quoi ces phases seraient affreusement pénibles.
Autre point, dans les « donjons », les Higgledies sont parfois mis à profit pour passer certains obstacles. Rien de bien extravagant, mais cela apporte un aspect puzzle à l'affaire. Quoi qu'il en soit, sur les deux chapitres auquel nous avons pu jouer et malgré l'avis très positif que nous avons sur l'ensemble, on ne peut s'empêcher d'espérer que Ni No Kuni II sera plus original que ce que les quêtes que nous avons effectuées, annexe ou non, proposait. Le simple fait que nous avons effleurer d'autres opportunités, comme des portails dimensionnels vers des ennemis plus forts ou des donjons-marathons, laisse penser que l'on n'est pas au bout de nos surprises.
Contrairement au premier opus, Ni No Kuni 2 propose bien plus qu'une direction artistique alléchante. Tout en restant un J-RPG de la plus pure espèce, il propose un système de combat ultra dynamique, des séquences de STR fun et simples à jouer et des phases de gestion parfaitement incorporées à la narration et à la structure générale. Même si l'intérêt de certaines quêtes ne nous a pas toujours semblé opportun, on reste très impatient d'accéder à la version finale pour profiter de tout ce que nous réserve le joujou de Level-5.