Une simple petite fille enfermée au fin fond d'une sombre prison sous-marine, une atmosphère perturbante et des apparitions cauchemardesques, voilà le programme concocté par la petite équipe de développeurs de Little Nightmares. Connu sous l'appellation de Hunger il y a encore quelques semaines, le jeu a changé de nom et se retrouve désormais édité sous la houlette de Bandai Namco. Présenté il y a quelque jours par l’intermédiaire d'un premier trailer, Little Nightmare s'est laissé approcher durant cette gamescom 2016. Plongée au cœur de vos peurs enfantines lors de cet aperçu.

Une vision d'enfant

Habitué à travailler pour d'autres franchises (comme LittleBigPlanet 1 et 2), le studio Tarsier tente aujourd'hui l'aventure du développement de son propre projet. Little Nigthmares est un jeu basé sur une idée simple : regarder le monde à travers les yeux d'un enfant. Mais ne vous attendez-pas à y découvrir un cadre bucolique bourré d'innocence puisque l'univers du titre se veut au contraire sombre et plutôt malsain. Le joueur incarne une fillette prénommée Six, haute comme trois pomme. Elle est vêtue d'un simple imperméable jaune vif dont la capuche masque une bonne partie de sa frimousse. Six est en fait prisonnière d'un mystérieux complexe sous-marin baptisé the Maw dont elle ne souhaite que s'échapper. Nous allons tenter de fuir cette sinistre prison dans cette d'aventure mêlant plate-forme, énigmes et phases d'infiltration avec pour toile de fond la noirceur de l'environnement et les cauchemars qu'il est capable de susciter dans l'esprit de la jeune héroïne.

Mais n'allez pas croire que Little Nightmares est un jeu purement dérangeant ou simplement « creepy ». Les développeurs insistent sur l'importance d'un certain équilibre entre la légèreté et la peur. Le regard d'enfant de Six, plein d'innocence, est à la fois susceptible de s'amuser de certaines situations et de s'effrayer d'autres. « Fun and Dark », voilà comment Tarsier Studios nous aura présenté son projet juste avant que nous puissions poser les mains dessus pour la toute première fois.

Six utilisera sa petite taille à son avantage

La démo jouable de cette gamescom 2016 débutait tandis que Six se retrouvait enfermée dans une chambre. Premier constat, la petite taille du personnage permet d'accentuer son contraste avec les éléments du décor. Tout semble plus grand lorsqu'on est enfant, le moindre meuble, la moindre étagère apparaît alors autant comme un obstacle que comme une plate-forme à utiliser pour progresser. L'objectif premier est de trouver un moyen de quitter la pièce en utilisant les éléments présents dans cette dernière. Côté gameplay, les choses sont très simples : à la manière du personnage de Limbo ou de Inside, Six peut marcher, courir, sauter et agripper des objets. Elle dispose aussi d'un petit briquet à utiliser pour éclairer les zones les plus sombres au risque cependant de se faire détecter par certains adversaires. Je décide donc de traîner une énorme valise avec moi pour m'en servir de plate-forme afin d'atteindre la poignée de porte. Bingo, me voilà à l'extérieur !

Cauchemar en cuisine

J'emprunte alors un ascenseur qui me conduit vers l'élément central de cette première démonstration du jeu : une cuisine investie par un macabre chef à l'allure grotesque et dangereuse. Armé de son lourd couteau, il semble obsédé par sa tâche et découpe avec grand fracas d'épais morceaux de viande sanguinolente. Tel l'ogre d'un conte de fées, le cuistot nous rappelle une nouvelle fois que Little Nightmares souhaite se jouer de nos peurs d'enfant pour instaurer une ambiance dérangeante tout au long de l'aventure. Voilà pourquoi le trailer du jeu (disponible en début d'aperçu) insiste sur plusieurs éléments iconiques associés à ces frayeurs de jeunesse, comme les mains sous le lit ou plus simplement la peur du noir. Il faut malgré tout avancer face au danger pour découvrir la facette infiltration du gameplay. Telle une petite souris menacée par un prédateur, Six peut progresser sur la pointe des pieds et utiliser sa taille réduite pour masquer sa présence. Un pas de travers, et c'est la fin, le Chef nous détecte puis nous agrippe afin de nous jeter dans l'eau bouillante de sa marmite.

De multiples embûches se dressent sur notre chemin : casseroles susceptibles de basculer et de faire pas mal de vacarme, porte de four à ne pas faire claquer, louches suspendues entre lesquelles zigzaguer, l'environnent classique d'une cuisine se transforme ici en pièges à éviter. Toutefois, la petite taille du personne lui permet de se faufiler sous les tables et de grimper sur certains meubles pour échapper à la vigilance du terrible cuistot. Le sound design occupe une place importante dans la formule du jeu, il se montre tout aussi primordial que le visuel dans la transmission des peurs de Six. Le titre parvient à instaurer une tension palpable sur cette simple phase, elle n'est pas très difficile, mais suffisamment punitive pour nous pousser à agir avec prudence, comme le ferait un enfant.

Le cuisinier passé, il est temps de nous frotter à la partie énigme du jeu avec une phase impliquant la fabrication de saucisses ! La petite fille doit en effet placer quelques morceaux de viande dans une énorme hachoir afin de transformer le tout en chair à saucisse. La charcuterie créée sert ensuite de corde nécessaire au franchissement d'un obstacle. La démonstration se termine après une petite virée dans la noirceur des conduits d'aérations dont la sortie débouche sur un véritable bassin de chaussures d'enfants. Une vision à la fois fascinante et angoissante qui soulève de nombreuses questions pour la suite des choses.

Une question d'ambiance

Little Nightmares jouera une grosse partie de son succès sur deux éléments : la qualité de ses énigmes et l’originalité de sa patte artistique. Côté énigmes, les choses semblent bien parties avec cette première présentation et l'on espère que l'aventure arrivera à utiliser les spécificités de Six (petite taille, vision enfantine, fragilité) pour sans cesse se renouveler. L'information est confirmée par le studio, Little Nightmares transmettra son histoire par les détails de son environnement ; il n'y aura donc pas de ligne de dialogue ou d'interactions avec des PNJ, seul le visuel et sa signification raconteront une histoire. Le titre utilise l'Unreal Engine pour créer une ambiance sombre au rendu mis en couleur par des teintes volontairement muettes sur lesquelles le jaune de l'imperméable de Six ressort tout particulièrement.

Côté durée de vie, il faudra compter entre 6 et 8 heures pour venir à bout de cette plongée au cœur des peurs liées à l'enfance.