Bien que son background se rapproche sans doute davantage de celui d'un Persona que des préoccupations torturées d'un einherjar à la veille du Ragnarök, ce sont véritablement les similitudes que le nouveau titre de tri-Ace entretient avec Valkyrie Profile qui sautent aux yeux lors des premières minutes de jeu. Dans les deux cas, l'action prend place à l'intérieur de donjons composés de plusieurs zones segmentées que l'on parcourt suivant un scrolling horizontal sur un seul plan, avec possibilité de changer d'écran lorsque certains accès nous autorisent à sortir vers l'avant ou vers l'arrière du décor.

Au fil du jeu, le personnage principal peut débloquer des talents identiques à ceux de Lenneth, comme le fait d'envoyer un rayon paralysant ou de se propulser dans les airs à l'aide des ennemis vaincus. Les combats en vue de profil reposent quant à eux sur un enchaînement d'actions induites par les personnages, chaque protagoniste étant affilié à un bouton bien distinct du pad pour nous permettre d'infliger un maximum de dégâts aux adversaires en les faisant intervenir de manière synchronisée. Le fait que les compositions immédiatement reconnaissables de Motoi Sakuraba rythment l'aventure de manière enflammée constitue évidemment un autre moyen d'immersion indiscutable pour les fans des productions tri-Ace.

Autant dire qu'on part forcément avec un a priori plutôt positif envers cet Exist Archive qui, pourtant, va rapidement afficher des ambitions nettement moins fortes que celles des autres productions du développeur...

Quatuor de lycéens japonais

Car il y a d'abord la question du background choisi pour Exist Archive, cette histoire étrangement ficelée dans laquelle des lycéens sont projetés dans une dimension parallèle mystérieuse, scénario qui apparaît carrément en décalage avec les attentes d'un public nourri aux tragédies et autres hauts-faits propres aux différentes sagas de tri-Ace. Qui plus est, le character designer nous livre des personnages dont les modèles 3D auront bien du mal à séduire le plus grand nombre à cause du traitement en SD moderne qu'ils ont subi et qui leur donne des allures de pantins totalement inexpressifs dans le jeu. En tout cas, on ne peut pas dire qu'on soit frappé par le charisme de ces jeunes héros qui ne doivent leur salut qu'au talent des comédiens de doublage qui leur donnent vie avec panache. Reconnaissons aussi que ces personnages ont le mérite d'être assez nombreux puisqu'on dénombre tout de même une douzaine de protagonistes jouables à déverrouiller.

Le choix de la composition de l'équipe est d'ailleurs déterminant car les quatre membres actifs élus par nos soins occupent chacun une place différente sur le terrain, et, à l'efficacité de cette formation s'ajoute l'importance de la nature des armes qu'ils manipulent. Crucial puisqu'un épéiste n'aura évidemment pas le même rôle à jouer qu'un tireur qui se débarrassera aisément des mines à distance sans subir le moindre dommage collatéral. On le voit, c'est bel et bien la dose de tactique caractérisant le gameplay qui fait tout l'intérêt du jeu, et c'est donc là-dessus que nous allons nous pencher maintenant.

Un battle system à creuser

Comme évoqué plus haut, les quatre membres de l'équipe se partagent une jauge d'action segmentée qui permet de faire déferler sur les ennemis une pluie d'attaques qui s'enchaînent à mesure que l'on active le bouton correspondant à tel ou tel personnage. Sans rentrer dans les détails, vous imaginez facilement tout ce que cela implique en matière de positionnement et de timing, surtout face aux boss qui possèdent souvent plusieurs membres à cibler et des moyens de protection pas toujours très honnêtes. Il n'y a en tout cas aucune urgence dans le déroulement des tours, l'objectif étant au contraire d'optimiser la jauge d'action pour nettoyer le camp ennemi en un minimum de tours. Le stick permet d'ailleurs de cibler une zone d'effet de telle sorte que vos coups touchent plusieurs ennemis à la fois, mais attention à ce que les premiers rangs ne viennent pas contrer les magies que vous aviez prévu d'envoyer sur les gros monstres situés en retrait.

Les premiers combats se révèlent ainsi plutôt intéressants à jouer dans la mesure où on découvre progressivement les subtilités que renferme ce système, notamment en matière de repêchage et de combos aériens, sans parler des sorts qui sont souvent le meilleur moyen d'exploiter le point faible de l'adversaire. A partir d'un certain stade du jeu, on a même accès à des techniques spéciales via la jauge de "demon's greed" qui permet de faire appel à la fury d'un des quatre membres de l'équipe. L'importance des gains d'xp et de la répartition des points de skill est également déterminante dans l'évolution des capacités des héros qui disposent chacun de plusieurs pages de compétences actives ou passives à assigner dans les menus. Cela permet aussi d'automatiser certaines actions comme la parade ou l'enchaînement des attaques pour un même personnage.

J-RPG à petite dose

Mais après quelques heures de jeu et pas mal de missions en poche, on se rend compte que le souci réel d'Exist Archive réside bel et bien dans sa construction. Le portail spatio-temporel qui fait office de HUB donne le sentiment d'enchaîner des quêtes quasi identiques dans des donjons qui se ressemblent tous. Décor excepté, le level design et la manière dont on progresse dans les niveaux affichent une répétitivité qui finit par générer l'ennui et la lassitude. Certes, on a envie d'en savoir plus sur l'histoire, mais pas d'affronter sans arrêt les mêmes formations d'ennemis qui nous forcent à répéter inlassablement les mêmes schémas d'action. Un sentiment qui se renforce encore plus lorsqu'entrent en jeu les notions de "trial event" et de "chain encount" qui se traduisent par un enchaînement encore plus soutenu de combats aux airs de déjà joué.

Et pas question d'y échapper puisque la progression est essentiellement basée sur le loot et la nécessité de revenir dans les donjons pour obtenir le meilleur rang possible afin d'empocher des récompenses de plus en plus rares. Sans compter les défis supplémentaires liés au mode Speed Run qui trouve rapidement sa place parmi les options du HUB. Reste à savoir si l'efficacité du battle system suffira à compenser le déroulement archi répétitif des phases de jeu et les allers-retours incessants dans les menus d'équipement. On se demande même parfois si le tout ne trouverait pas davantage sa place sur mobile pour de très courtes sessions de jeu, ce qui tend à prouver qu'Exist Archive n'a probablement pas l'envergure qu'on attendait de lui.