Ghost Recon Wildlands était un oiseau rare. Ou tout du moins, un oiseau d’un nouveau genre. Portant avec brio les mécaniques du shooter tactique dans le XXIème siècle et donc dans les vastes prairies virtuelles de l’open-world, la formule revue et corrigée par Ubisoft avait séduit de nombreux joueurs. Il subsistait néanmoins quelques points d’amélioration et l’on se demandait si les équipes parviendraient à les identifier, tout en faisant suffisamment évoluer la formule pour séduire à nouveau les gamers. Mais après une seconde session de jeu, nous n’en sommes pas vraiment certains.

Tactique, les rangers du risque

Pourtant, dès les premières minutes de jeu, Ghost Recon Breakpoint séduit : le jeu a fait le plein de micro-nouveautés et il est évident que les développeurs ont entendu les joueurs – en partie tout du moins. On notera l’effort accompli sur le level-design du jeu, qui devient plus que jamais une composante à part entière du gameplay. Les Ghosts, aussi entraînés soient-ils, devront penser intelligemment leurs moindres déplacements puisque le terrain est très accidenté et cela peut avoir des conséquences fâcheuses. Une descente un peu abrupte et hop, c’est la glissade, qui peut être maîtrisée ou complètement loupée, et donc résulter en une grave blessure. La tâche n’est pas aisée puisqu’il n’est pas toujours évident de distinguer ce qui peut potentiellement poser un risque, et ce qui ne craint rien. C’est sans doute là le principal reproche que l’on pourra faire à Ghost Recon Breakpoint, qui manque parfois de clarté sur la façon dont il est possible d’interagir ou pas avec le décor. Nous l’avons constaté à plusieurs reprise en tentant d’escalader des rochers ou des flancs de colline : difficile de savoir si, en définitive, notre Ghost peut grimper jusqu’en haut ou non. Et par moments, c’est un peu agaçant.

Ce qui parfois assez handicapant, car Breakpoint joue la carte du réalisme et du survivalisme. Pour cela, il introduit les blessures « semi-permanentes », des bobos d’un nouveau genre qui ont un impact concret sur les performances de votre porte-flingue. Non seulement elles rognent sur votre jauge de santé, mais en plus elles peuvent affecter le gameplay tant que vous ne la traitez pas. Ainsi, après une mauvaise chute, un Ghost salement touché peut boiter lourdement, ou peiner à viser correctement. De vraies contraintes qui peuvent vite signer votre arrêt de mort. Une nouveauté plutôt bien vue mais qui ne pèse finalement pas bien lourd dans la balance : ces blessures « semi-permanentes » sont faciles à traiter puisqu’il suffit d’appliquer un bandage sur le dit bobo pour le transformer en mauvais souvenirs. L’impact sur le gameplay est de fait assez limité, puisqu’on se contente finalement de jongler entre injections (pour soigner les blessures de base) et bandages (pour les blessures semi-permanentes). La seule chose qui soit vraiment plus compliquée qu’avant, c’est le temps nécessaire pour se soigner complètement ; l’application des bandages prend du temps, mais avec un peu de pratique, on l’oublie rapidement.

S’il ne le fait pas toujours de la meilleure des façons, Breakpoint se montre plus exigeant que son aîné et compte plus que jamais sur la capacité du joueur à lire correctement une situation, et à appliquer une stratégie en bonne intelligence avec ses coéquipiers. Les missions que l’on a pu découvrir mettent en valeur le jeu en équipe et les plans réalisés avec précision et efficacité. Tout en permettant à tous les joueurs de briller indépendamment, les uns des autres. Les agents ont toujours leurs spécialités mais ils peuvent désormais utiliser n’importe quelle arme, indépendamment du rôle défini par le jeu ; cela permet plus de souplesse en n’enfermant pas les joueurs dans un seul style de jeu. Pour autant, n’allez pas croire que Breakpoint se transforme en foire d’empoigne où tout le monde tente de briller, quitte à marcher sur les plates bandes des autres : ce n’est pas le cas, et de toute façon, une telle façon de faire ne peut que résulter en un cuisant Game Over. Non, Ghost Recon oblige, Breakpoint fait la part belle aux actions coordonnées et à la discrétion, et en ce sens la moindre attaque réussie se montre hyper satisfaisante. Si vous aviez aimé la dimension tactique de Wildlands, vous adorerez assurément celle de sa suite : avec une carte mieux pensée et plus d’options (armes, véhicules, gadgets, etc), Ghost Recon Breakpoint enrichit son gameplay d’une bien belle manière.

Un bac à sable d’un autre genre ?

Le titre d’Ubisoft a également tenu à rehausser l’intérêt de son contenu global. Breakpoint raconte certes une histoire, en opposant les Ghosts aux Loups, mais c’est avant tout un terrain d’expérimentation que le joueur est invité à explorer en long, en large et en travers. Plus que son scénario, c’est la densité de son monde qui surprend, avec une map énorme et partout des objectifs en tout genre. De quoi exciter l’intérêt du joueur et capter son attention sur le long terme, sera-t-on tenter de dire. Breakpoint embarque la même dimension RPG que son prédécesseur, avec des pièces d’équipement et des armes aux stats variés, mais aussi et surtout le petit côté jeu à loot très populaire auprès des gamers ces dernières années. C’est donc un chouette prétexte pour Ubisoft de planquer ça et là sur la carte des boss particulièrement dangereux, qui une fois éliminer permettront de gagner des armes plus puissantes. C’est ainsi que l’on a été amené à traquer et détruire un immense drone, une machine du diable capable de mitrailler un Ghost à 500 m de distance, ou de faire tomber sur lui et ses petits copains une pluie de mortiers. Ici les compétences des joueurs sont mis à rude épreuve et la victoire n’en est que plus douce, mais l’on finit par se demander : à quoi bon ? Sorti de sa trame scénaristique, ce que propose Breakpoint a parfois quelques relents de remplissage inutile, où l’on enchaîne les objectifs ni vraiment palpitants, ni très originaux. C’est souvent un chouette prétexte pour mettre à l’épreuve son teamplay, mais cela ne va pas franchement plus loin.

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